A vouloir continuer à cultiver une ignorance de plus en plus conquérante véhiculée par une certaine école du mensonge, de la manipulation et de la délation, le pouvoir IBK montre définitivement les limites de son système totalement hors-service.
L’opposition manquerait certainement à ses devoirs si, elle n’a pas pour ambition de faire partir un pouvoir, y compris par la pression populaire, illégitime qui s’est imposé aux Maliens par la fraude électorale, l’achat des consciences, la corruption et la violence.
L’opposition perdrait toute sa lucidité en gaspillant son énergie et son temps à vouloir répondre à des manipulations aussi grossières qu’indécentes d’un pouvoir à bout de souffle totalement assiégé par les conséquences de sa propre corruption que des révoltes populaires de plus en plus incisives mettent en exergue à travers le pays. Un pouvoir en panne de gouvernance vertueuse !
Que ce pouvoir en panne d’autorité sur le pays, empêtré dans les scandales de détournements des ressources de l’armée en temps de guerre, en occurrence le scandale des contrats militaires, veuille trouver un exutoire pour attirer l’attention des Maliens ailleurs que sur les vrais problèmes du pays, cela ne mérite aucun effort de dénonciation particulière pour l’opposition et les citoyens.
Depuis six ans, partout dans le pays la révolte gronde, les communautés s’organisent et contestent la gouvernance IBK qui a davantage désacralisé et dépouillé l’Etat de son manteau de respect et de considération en franchissant tous les registres dans le déshonneur de la charge publique.
Les grèves des travailleurs de l’Etat, enseignants, magistrats, médecins etc. n’ont été que des épisodes dans cette révolte longtemps contenue contre la gouvernance IBK.
Du meeting du 10 février au grand rassemblement du 5 avril 2019, s’exprimait la grande colère du Mali contre le pouvoir IBK. Qui peut ignorer cette réalité ?
Il en fut ainsi, le 2 juin 2018, lorsque des milliers de Maliens ont été empêchés de marcher pour protester contre la mainmise du pouvoir sur l’ORTM, contre les coupures d’électricité et le manque d’eau… pour revendiquer la transparence des élections.
Le 03 juin un commissariat de police à Ségou a été brulé par des manifestants en signe de protestation contre la répression de la marche de l’opposition à Bamako.
Ces mouvements de protestations survenaient après ceux mémorables de la « Plateforme Antè A Bana, Touche pas à ma Constitution » de l’année 2017.
Les manifestations du 10 février et du 5 avril 2019, étaient le point culminant, des différentes marches et assemblées générales du Collectif des régions non opérationnelles à travers le pays de Bougouni, Koutiala, Nioro, Kita, Bandiagara Dioila à Bamako.
Ailleurs dans le pays, devant l’instrumentalisation des soutiens électoraux téléguidés depuis le Palais, des villes et les populations ont protesté. Ce fut le cas, le 5 avril 2018, de la grande mobilisation des populations de Kéniéba contre le mensonge orchestré autour des soutiens fictifs des chefs traditionnels à un pouvoir qui divise toutes les structures crédibles dans le pays.
A Sadiola, ce fut la révolte contre le manque d’eau, la vie chère somme toute le malvivre des populations.
A Bougoula le 29 mai 2018 dans le cercle de Yanfolila, les populations se révoltent contre les conditions d’exploitation d’une mine d’or. A Fana les populations ont brulé les locaux de la gendarmerie pour protester contre l’assassinat d’une enfant albinos presque arrachée des mains de sa mère.
Peut-on dire que toutes ces révoltent, revendications sous-tendaient un projet de coup d’Etat ?
S’il se trouvait que toutes ces révoltes et revendications étaient pilotées par l’opposition, il faut alors convenir que c’est elle le pays réel. C’est elle qui garde la légitimité nationale, ce dont ni les Maliens, ni la communauté internationale ne doutent.
Ce qui doit compter pour l’opposition aujourd’hui sera de donner un contenu souverain au dialogue national inclusif et de mener le combat pour faire toute la lumière sur les scandales financiers et en particulier le cas des contrats militaires dans le cadre de la mise en œuvre de la loi de programmation militaire.
Souleymane Koné
Ancien Ambassadeur
Source: L’Aube