Le Gouvernement du Mali et les groupes armés rebelles du Nord sont à Alger pour le 5e round des pourparlers inter maliens pour la paix et la sécurité. Le Peuple Malien dans sa diversité culturelle et confessionnelle prie à l’unisson pour que ce 5e round soit le dernier et l’ultime qui aboutisse à une paix définitive et durable.
Après plusieurs mois de tergiversations, de pilotage à vue, de saupoudrage et d’errements, le gouvernement sous la houlette du diplomate de la paix Abdoulaye Diop, chef de la délégation a pris la mesure du danger et de la complexité de la situation d’ou son engagement personnel pour une paix durable. L’accord Préliminaire d’Ouagadougou aura servi à quelque chose. Et le gouvernement du Mali a été acculé par la communauté internationale pour aller autour de la table. Retour sur les péripéties qui auront jalonné le long chemin pour la paix et la sécurité au Mali.
Pour rappel, les élections de 2013 ont eu lieu au Mali grâce à la signature à l’arrachée des accords de Ouagadougou par l’ancien ministre des affaires étrangères, président du PARENA Tiebilé Dramé, le 18 juin 2013 entre les autorités de la Transition et les groupes armés du Nord dont voici un des articles phares : «Le présent Accord, qui marque la volonté affirmée des Parties de réunifier le Mali, de rétablir et de maintenir la paix et la sécurité sur l’ensemble du territoire national »
En effet, ces élections ont non seulement permis de doter le Mali d’institutions légitimes, mais aussi et surtout de résoudre la crise consécutive au coup d’État du 22 Mars 2012. L’une des clauses importantes de cet accord était la reprise des pourparlers 60 jours après l’investiture du nouveau président élu afin de signer les accords de paix définitive et le retour des réfugiés au bercail.
Il a fallu attendre 540 jours au lieu de 60 indiqués dans les accords de Ouaga pour que le 5e round, et certainement le dernier, commence à Alger. Que de temps perdu, que d’erreurs commises avant de se décider à s’engager véritablement dans la voie du compromis
La première erreur aura été la remise en cause tacite des accords préliminaires de Ouagadougou :
Le tort de IBK a été la remise en cause des accords préliminaires de Ouagadougou malgré leur approbation par l’ensemble de la classe politique. On ne le dira jamais assez ce sont ces accords qui permirent la tenue du scrutin présidentiel sur toute l’étendue du territoire national. Le Président de la République a brouillé la piste d’Alger et de Ouaga en déroulant le tapis rouge au roi du Maroc. Savait-il que le Maroc ne partage aucune frontière avec le Mali et que le nord du Mali notamment la zone en conflit Kidal et environ dépendent plus des produits algériens que marocains ? Avait-il oublié que l’Algérie à son Consulat à Gao ? Avait-il oublié la géopolitique qui fait de l’Algérie et du Maroc deux ennemis jurés à propos du Sahara occidental ? Sans nul doute il le savait, mais son seul problème est qu’il a critiqué tous les accords qui ont été signés en Algérie, des accords de Tamanrasset aux accords d’Alger en passant par le Pacte National. Et aucun d’eux n’a véritablement permis de résoudre définitivement la sempiternelle crise du Nord. Cette tournure en rond et l’hésitation dont il a fait preuve ont, du coup, provoqué l’ire chez les groupes armés djihado-séparatistes qui, comme à l’accoutumée, ont procédé à des attaques et des provocations.
La deuxième erreur a été son autorisation de la visite du PM à Kidal
Avant la visite controversée du jeune Premier ministre Moussa Mara, suivie des affrontements sanglants entre l’Armée malienne et les groupes armés rebelles du Nord, le Mali était en position de force et le drapeau Vert, Or et Rouge flottait sur tous les bâtiments administratifs. Après les affrontements le pays s’est retrouvé à la case départ. Les groupes armés rebelles auréolés de leur ascendance sur l’armée, avaient désormais le vent en poupe, à défaut d’indépendance ils se battront bec et ongle, en complicité avec la communauté internationale, pour une large autonomie des régions du nord à la grande désapprobation de 97 % de la population malienne.
La troisième erreur a été la non implication des forces vives dans l’élaboration du document de Préaccord
Cette dernière grosse erreur a été le travail solitaire du gouvernement qui n’a pas daigné associer en amont toutes les forces vives de la Nation pour qu’une unanimité puisse être faite autour du document dit de préaccord. L’Opposition et un pan important de la société civile ont rejeté avec véhémence ledit document dans son état actuel. Ce qui ne présage pas d’un lendemain calme pour le pays si ce texte tant décrié venait à être finalement signé.
En définitive, le Mali aura son salut à Alger, grâce à la baraka du pays des 333 Saints et à la prière des érudits et des religieux. Quant au Président de la République, en sa qualité de premier citoyen, de chef suprême des Armées, il doit accepter d’endosser, d’assumer toutes les erreurs jusque là commises et qui ont inutilement mis en retard le pays et annihilé tous les projets de développement. Vivement la signature des accords définitifs de paix pour que les cœurs vibrent de confiance afin que les champs fleurissent d’espérance à jamais sur toute l’étendue du territoire National.
Youssouf Sissoko
SOURCE / Inf@sept