Celui qui s’est battu pour la liberté d’expression, Me Montaga Tall, est sorti de son silence à travers une déclaration : «L’enlèvement de Paul Ismaël BORO est inacceptable. L’État de Droit est de respecter les règles en matière d’arrestations ou entamer des investigations s’il y a un enlèvement. Nous n’accepterons pas un État cowboy au Mali ni un terrorisme d’État source d’instabilités. Nous serons présents de tous les combats pour la Démocratie et les Droits humains. Libérez, donc, BORO ! ».
Selon nos sources, le seul crime de cet Homme membre du mouvement Mali-Kanu, serait d’être en rupture avec son Président qui est allé du côté d’Ibrahim Boubacar Kéïta, alors que, lui, a préféré rester dans le camp de Soumaila Cissé.
En effet, dans la nuit du dimanche 26 août 2018, cet allié de Soumaïla Cissé a été enlevé chez lui, à Koulouba, devant sa femme et ses enfants, par des Hommes cagoulés à bord de plus de dix véhicules non immatriculés.
Selon des sources concordantes, au moment de son arrestation ou kidnapping, ses proches n’ont reçu aucune raison officielle justifiant l’acte frisant le terrorisme d’Etat.
Sa femme, Mme Fatoumata Tall, raconte:«Les faits se sont déroulés vers 19h30. Je suis arrivée chez moi 20 minutes avant et là je me préparais à m’occuper du Diner lorsque j’entends des bruits assourdissants. Donc, j’ai demandé à ma petite sœur de 10 ans d’aller voir ce qui se passe. Un instant après, je vois le fusil pointé sur la petite avec plusieurs Hommes cagoulés dans notre concession, trois sont en civils dont un lourdement armé. Choquée, j’ai dit Bissimillah! Qu’est-ce qui se passe ? Ils m’ont répondit : « Madame, assois-toi, assois-toi. Où est ton mari ? » Je n’ai pas répondu. Ils ont dit à un des leurs de me garder et les autres sont montés à l’étage où se trouvait Paul. Ils l’ont pris, menotté, mis une cagoule sur sa tête et l’ont fait descendre dans le salon où ils l’ont fait agenouillé. Ensuite, ils se sont dirigés vers la chambre de mon gardien et ont défoncé sa porte pour y pénétrer. À l’intérieur, il n’y avait rien d’autre qu’un carton plein d’affiches de Mali-Kanu. Ils les ont pris et déposés dans le salon. Puis, le gars qui me gardait a été invité de monter à l’étage soi-disant que des armes s’y trouvent. J’ai répondu que nous ne possédons qu’une seule arme qui est de toutes les façons enregistrée. Là, ils me demandent. Je leur ai indiqué que c’est sur notre armoire et nous sommes montés ensemble pour la récupérer. C’est ainsi qu’ils ont mis toute la maison en sens dessus-dessous. Tout ce qu’ils ont pu trouver c’est un talk-walkie avec lequel l’équipe de Paul communiquait au moment des campagnes électorales. Ils l’ont pris avec trois téléphones portables de Paul, une tablette de mon enfant, une autre tablette qui appartient à mon service en plus de mon petit téléphone portable. Quand ils ont touché à une pochette contenant nos cartes d’AMO de la famille, j’ai essayé de leur dissuader de l’emporter ; car, ce ne sont que les AMO de mes enfants, ils m’ont ignoré. À la fin, ils ont pris la carte d’identité de Paul dans laquelle il y avait des billets de 10.000 francs et ont demandé le cartable de mon mari qui se trouvait sur la terrasse et les documents sur lesquels il travaillait. Après leur récolte, ils ont tous mis dans un sac en plastique et ils sont sortis avec moi et Paul dans la cour pour récupérer les papiers d’autorisation de l’arme que nous possédons. Arrivée à la voiture, je l’ai ouvert et remis les documents.
Ils sont partis avec Paul. Je ne peux pas vous dire tout ce qu’ils ont pris. Une chose est sûre, c’est qu’ils ont apporté beaucoup de choses, mais pas une seule arme à part celle autorisée que des papiers attestent».
Pour la petite histoire, rappelons qu’à travers une correspondance qu’il a rendue publique, Paul Ismaël Borro, le Secrétaire Général de la Section UJ/RPM/de la Commune II du District de Bamako et non moins 2e Vice-président du BN/UJ/RPM, avait annoncé sa démission du parti au pouvoir. C’était à la veille du Sommet France Afrique.
Selon des observateurs, c’est cette option qui ne serait pas sans conséquences au regard de la protection que le parti lui aurait accordée dans la sulfureuse affaire du «Palais des Congrès».
Affaire à suivre…
Mahamadou Yattara
LE COMBAT