La Mission fait plus partie du problème que de la solution. Un renouvèlement de son mandat, qui expire le 30 juin prochain, n’est pas souhaitable.
La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) a tout l’air d’une armée avec ses uniformes, drones de surveillance et hélicoptères de combat, mais n’en est pas une. Le combat est exclu du champ de sa mission, sauf pour se défendre d’une agression. Cette restriction de l’usage de la force est au cœur des incompréhensions avec la population qui ploie sous la férule des terroristes et souvent à quelques bonnes centaines de mètres des bases de casques bleus. Le problème donc n’est pas quantitatif – une augmentation des troupes, du matériel et du budget – contrairement à une des trois options proposées par le secrétaire général des Nations-Unies, mais au changement du mandat pour le rendre robuste. Evidemment, vu du côté des pays contributeurs de troupes, cette mue est écartée d’un revers de main. Cependant, à moins de chausser des lunettes périmées, les chancelleries occidentales et africaines ont rapidement compris que l’impuissance de la Minusma a donné des ailes aux terroristes.
Une soi-disant stabilisation
A quoi bon alors de faire perdurer une mission qu’on sait pertinemment inefficace. La Minusma s’est enlisée et a perdu tout son sens. N’en déplaisent aux cadres du Département des opérations de maintien de paix (DOMP), dirigée depuis 20 ans par un représentant français, qui ont intériorisé l’idée que les missions de maintien de la paix ne sont plus déployées pour résoudre les conflits mais pour les «stabiliser». Définie dans les couloirs du Conseil de sécurité par la protection des civils et le rétablissement de l’autorité de l’Etat, cette soi-disante stabilisation est, en réalité, synonyme d’enlisement sur le terrain.
Pour tout dire, les Nations – Unies sont à la résolution des conflits ce que l’aspirine est au cancer. Et la protection des droits de l’homme vue sous l’angle d’une politique humaniste apparaît de plus en plus comme un dangereux instrument de coercition du pays rebelle. Le rapport de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH, une Ong française) sur Moura est totalement repris par l’ONU. Outre le fait qu’il a escamoté les faits, qu’il est truffé d’incohérence, la finalité recherchée consiste à saper le moral de la troupe qui vole de victoire en victoire.
Comptables peu scrupuleux
La Minusma fait plus partie du problème que de la solution. Elle a perdu toute crédibilité. En conséquence, le renouvèlement de son mandat, qui expire le 30 juin prochain, n’est souhaitable ni du côté gouvernement ni de celui du peuple malien. Il appartiendra aux 15 membres du Conseil de sécurité d’enfoncer le dernier clou sur son cercueil.
Certes, dans l’un des plateaux de la balance, les maisons louées, les grillages achetés aux commerçants, quelques sacs de riz et de farine de blé sur le dos, en comptables peu scrupuleux, d’aucuns en concluent que les premiers pèsent pas plus lourds que l’intérêt national. Les tenants de cette thèse ont battu le pavé à Gao. Vraiment, le paradoxe est aussi malien !
Fanfan
L’Informateur