Les services de contrôle reprochent à l’ancien président de l’Assemblée nationale Issiaka Sidibé et son équipe d’avoir augmenté leurs indemnités «sans base juridique» et que ce procédé n’aurait pas été entériné par une loi organique. Sauf qu’il ressort de nos recoupements que ce sont les mêmes barèmes adoptés sous Issiaka Sidibé qui continuent d’être touchés par ceux qui siègent de nos jours au Conseil national de transition dirigé par le colonel Malick Diaw, sans que ces avantages ne soient aussi couverts par une base juridique. Toute chose qui continue de faire des remous au CNT vu la récente interpellation de l’ancien président de l’hémicycle sous IBK. Et tous les moyens seraient aujourd’hui deployés CNT pour corriger en catimini cette “insuffisance” comme souligné par le Contrôle général des services publics suite à son rapport d’audit sur la gestion d’Issiaka Sidibé. Cette structure, faut-il le rappeler, est directement rattachée à la Primature.
Plus d’une dizaine de milliards de F CFA ! C’est le montant qui serait reproché à l’ex-président de l’Assemblée nationale, Issiaka Sidibé, aux questeurs au moment des faits mais aussi à des cadres de l’hémicycle comme l’ex-secrétaire général, Modibo Sidibé, qui occupe le même poste au CNT. Cependant, il se trouve que pour la seule année de 2014, les services de l’inspection générale des services publics rattachés à la Primature ont épinglé les personnalités mises en cause pour 10 milliards de F CFA, qui représentait le budget global de l’hémicycle à cette époque. Comment cela est-il possible ? Selon nos recoupements, près de 70 % du budget de l’Assemblée nationale sont destinés au payement des indemnités et du personnel de l’hémicycle et le restant est dépensé dans les consommables et d’autres charges. Le contrôle général des services publics, une structure rattachée à la Primature, reproche surtout à Issiaka Sidibé et son équipe d’avoir augmenté leurs indemnités sans base juridique et que ce procédé n’a pas été entériné par une loi organique. Ainsi, c’est partant de ces charges que l’ex-président de l’Assemblée nationale, Issiaka Sidibé et certains de ses collaborateurs se retrouvent à la prison centrale de Bamako.
De notre enquête, il ressort que jusqu’au coup d’Etat contre IBK à l’installation du Conseil national de transition, c’est les barèmes adoptés sous Issiaka Sidibé qui continuent d’être touchés par ceux qui siègent de nos jours audit conseil sans que ces avantages ne soient couverts aussi par une loi organique. D’ailleurs, il est utile de rappeler que déjà près de 11 milliards de F CFA ont été déjà touchés en termes d’indemnités par les membres du CNT ce, d’août 2020 à juillet 2023. Pour ceux qui ne le savent un simple membre du CNT qui n’est membre d’aucune commission empoche 1,5 million de F CFA chaque mois repartis comme suite : indemnité de représentation 500 000 F CFA, indemnité de logement 300 000 F CFA, indemnité de monture 400 000 F CFA et une indemnité spéciale de 300 000 F CFA.
Pour les vice-présidents en plus des 1 500 000 F CFA, ils ont tous une autre indemnité de 800 000 F CFA. Le questeur a un bonus de 600 000 F CFA, les secrétaires parlementaires et le rapporteur général de la commission des finances ont respectivement 400 000 F CFA comme rajout. Ce, sans oublier 200 000 F CFA comme indemnité spéciale des présidents des commissions et 150 000 F CFA pour les vice-présidents. N’en parlons pas pour le président du CNT. D’ailleurs c’est pourquoi l’interpellation de l’ancien président de l’hémicycle a été vu d’un mauvais œil au niveau du Conseil par des membres de cette institution qui pensent que si ce n’est pas un piège pour certains de régler leurs comptes avec cet organe au terme de la Transition dans la mesure où ce sont les mêmes indemnités qui sont touchées au centime près par le colonel Malik Diaw et les autres membres du CNT sur la base du montant arrêté par Issiaka Sidibé et son bureau. Selon nos informations, le CNT s’apprêterait à adopter une ordonnance permettant de corriger cette insuffisance à travers une loi organique. Et ce serait trop tard. Et tous les regards sont tournés vers le CNT pour voir la démarche qu’il va adopter suite à ce dossier qui n’a pas encore fini de dévoiler tous ses secrets.
Affaire à suivre
Kassoum THERA