Deux ans après sa présentation à Ouagadougou, la rebelle, Emmanuel Macron a confirmé à Abidjan, la conservatrice, la ligne de sa politique africaine : Changer pour mieux rester. En Côte d’Ivoire, qui fut longtemps le vaisseau amiral de la Françafrique, le président, en visite du 20 au 22 décembre, a insisté une fois de plus sur le défi, « la chance » que représente « cette Afrique jeune », brandissant sa propre jeunesse – il a fêté sur place ses 42 ans – comme un gage de renouvellement de l’image de la France.

« Je n’appartiens pas à une génération qui a connu le colonialisme et beaucoup de jeunes qui nous le reprochent, pas davantage » martèle-t-il alors que les accusations de néocolonialisme envers Paris connaissent un regain de vigueur.

Dans cette volonté annoncée de refondre la relation avec le continent africain, l’acte fort de cette visite aura été l’annonce de la disparition du Franc CFA et son remplacement par une nouvelle monnaie ouest africaine : l’Eco.

Le projet d’une nouvelle devise pour les quinze pays de la Communauté économique d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) était porté depuis 2017 par ses chefs d’État mais, ces six derniers mois, le président français et son homologue ivoirien, Alassane Ouattara, ont fait en sorte d’accélérer le processus de réforme.

Se débarrasser des « oripeaux » du passé

Né en 1945 sous l’appellation de Franc des colonies françaises d’Afrique, le « CFA » était devenu l’un de ces « oripeaux » du passé dont l’Elysée entend se débarrasser, comme l’a déclaré Emmanuel Macron, samedi 21 décembre.

« Le Franc CFA cristallise de nombreux débats et de nombreuses critiques sur la France en Afrique. J’ai entendu les critiques, je vois votre jeunesse qui nous reproche de continuer une relation qu’elle juge postcoloniale. Donc rompons les amarres »

Dans le contexte du moment, Alassane Ouattara, perçu comme l’un des meilleurs amis de la France sur le continent, a pris soin d’insister que cette décision « historique » a été « prise en toute souveraineté » avec ses pairs de la région.

Si la date de mise en circulation pratique d’une nouvelle devise en Afrique de l’Ouest n’est pas encore connue, l’Eco doit naître en 2020. Il ne concernera dans un premier temps que les huit pays de l’Union économique et monétaire d’Afrique de l’Ouest (UEMOA) : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo, à condition que ceux-ci respectent les critères de convergences. L’Afrique centrale, où quelques turbulences sont attendues, reste pour l’heure tenue à l’écart….Lire la suite sur lemonde