Emmanuel Macron surveille de près l’atterrissage de la première grande réforme possible de son second mandat, celle des retraites. Et, à chaque intervention, il tente de nettoyer un peu plus une piste encombrée par les réticences de sa propre majorité. En plein ciel, de retour de l’Assemblée générale des Nations unies, à New York, dans la nuit de mercredi à jeudi, le président de la République a insisté sur la « nécessité » de son projet. « Et la vérité, c’est qu’il faut travailler plus et produire plus de richesses dans notre pays si nous voulons protéger (…) et défendre le modèle social français », a-t-il déclaré dans une interview à BFM-TV. Sans s’avancer sur la méthode qui fait débat, le chef de l’Etat a remis ce dossier brûlant sur les épaules de sa première ministre et de son gouvernement, chargés de déterminer « comment cela doit cheminer » pour se poser « de la manière la plus apaisée possible ».

Vendredi midi, M. Macron doit déjeuner avec Elisabeth Borne pour évoquer, entre autres, ce sujet. Si aucune information ne filtre sur le moment de l’arbitrage, ils pourraient trancher vite, pour mettre fin aux tiraillements dans leur camp. Tout à sa volonté de voir la réforme mise en œuvre à l’été 2023, l’exécutif peut l’intégrer, par un amendement, au projet de loi de financement de la Sécurité sociale, présenté lundi 26 septembre en conseil des ministres, ou en faire un texte à part examiné en début d’année 2023.

La première hypothèse, évoquée par M. Macron, lundi 12 septembre, continue à provoquer des turbulences dans les hautes sphères. Après le refus de François Bayrou, suivi par les députés du MoDem, de cautionner ce « passage en force », la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a répété, jeudi 22 septembre, qu’elle n’y était « pas favorable », demandant au gouvernement de « prendre le temps de la concertation ». En off, des ministres, pour la plupart tenus à l’écart des discussions, ne sont pas non plus favorables à cet empressement, craignant que cela n’altère le climat social.

« Nous devons entendre les arguments des uns et des autres »

L’Elysée, qui affirme n’avoir jamais privilégié aucune piste, renvoie maintenant vers Matignon. Jeudi 22 septembre, lors de sa visite aux journées parlementaires du MoDem à Guidel (Morbihan), la première ministre a peu évoqué ce dossier mais a laissé toutes les portes ouvertes : « Nous devons entendre les arguments des uns et des autres. (…) Et, le cas échéant, modifier, amender. »

Même si Matignon est prié de monter en première ligne et de porter la responsabilité, la volonté d’accélération du calendrier vient bel et bien de l’Elysée. Depuis plusieurs semaines, des proches d’Emmanuel Macron indiquaient qu’il allait reprendre la main, notamment grâce à la réforme des retraites. Objectif : désensabler ce début de quinquennat où le président de la République se retrouve entravé par sa majorité relative.

Il vous reste 58.04% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.