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Emmanuel Macron : Influence russe et crise de confiance, une tournée africaine périlleuse

Emmanuel Macron est arrivé le mardi 26 juin au Cameroun et a entamé sa tournée diplomatique africaine. Le voyage du président s’annonce difficile, tant l’influence russe est grande sur le continent et les erreurs passés de l’Hexagone ont entamé la confiance d’une grande partie du peuple africain.

 

Le sort des Ukrainiens ne concerne pas les Africains

La visite présidentielle d’Emmanuel Macron en Afrique est sous le sceau de l’urgence. En effet, le continent affirme ses souverainetés. Certains pays ne veulent plus qu’on leur dise ce qu’ils doivent faire et l’exprime ouvertement. La France conserve hélas trop souvent une connotation, justifiée ou non, de puissance coloniale. Les Russes ne s’y sont pas trompés. Ils ont depuis un moment saisi le point faible et taillent sans vergogne des croupières dans l’étoffe de la Françafrique. Sergueï Lavrov, le ministre des Affaires étrangères russes, ne s’est pas privé de s’en vanter après le vote de mars 2022 à l’ONU qui a manifesté la neutralité de l’Afrique dans le conflit ukrainien.

Le sort des Ukrainiens ne concerne pas les Africains. Ils ne sont pas les seuls d’ailleurs puisque l’Inde, la Chine et le Brésil, entre autres, ont également refusé de condamner l’intervention et de dresser des sanctions contre la Russie. Les Africains ont d’autres urgences. La crise alimentaire est la principale. Le président sénégalais, Macky Sall, s’est rendu le mois dernier à Moscou pour alerter Poutine sur le problème. Depuis un accord a été conclu avec les Ukrainiens pour que le blé puisse transiter en Mer Noire.

En Afrique, la confiance en la France s’est dégradée après l’échec au Mali

Tout ceci est cependant ponctuel mais a pour conséquence d’empêcher l’isolement économique de la Russie. D’ailleurs, 20 accords de défense ont été signés entre la Russie et l’Afrique depuis 2017 dont le Cameroun il y a 3 mois. Le Togo et le Gabon rejoignent le Commonwealth le 25 juin. La France paye son habitude de s’occuper de tout en expliquant qu’elle n’a plus les moyens. Nous payons également nos erreurs passées comme la guerre en Libye en 2011 (on se demande encore ce que nous sommes allés y faire), la réforme des lycées français, le discours de Dakar de Sarkozy, le départ de l’opération Sangaris en République centrafricaine qui a ouvert les portes au groupe russe Wagner.

Si l’opération Barkhane a connu des succès comme l’élimination de tous les chefs djihadistes au Sahel, cela ne suffit pas. En effet, la confiance en la France s’est dégradée au Mali où, en misant sur le président Ibrahim Boubacar Keita, nous avons misé sur le mauvais cheval. Ce qui a provoqué de nombreux coups d’État. Le tout s’est opéré dans un délitement complet du pays qui s’est fait sous nos yeux et dont, comble d’absurdité, les Maliens nous accusent d’être responsables. Il y a donc urgence en Afrique car en plus des Russes, les Chinois, Américains, Turcs, Israéliens, Espagnols, Allemands et autres abattent leurs cartes. L’Union européenne manifeste son ambition politique en finançant grâce à l’argent communautaire, de très nombreux programmes. Le vent a donc tourné comme disent les marins. Une nouvelle politique africaine s’impose à la France et rapidement. La page ouverte dans les années 60 se ferme. On pourrait bien se la prendre dans la figure.

Source : Radio Classique
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