Une délégation du Conseil de sécurité des Nations unies a débuté, dimanche 2 février, une visite de deux jours au Mali. Les émissaires rencontreront les autorités maliennes, notamment le Président IBK, le Premier ministre Oumar Tatam Ly et le Président de l’Assemblée nationale, Issaka Sidibé.
Une rencontre est aussi prévue ave le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies et chef de la MINUSMA, Albert Koenders; les représentants des groupes signataires de l’accord préliminaire de Ouagadougou et les représentants de la société civile malienne. Sept mois après le déploiement de la MINUSMA au Mali, la visite du Conseil de sécurité a pour objectif de soutenir la stabilisation du pays. Les membres du Conseil de sécurité souhaitent notamment appuyer la mise en place dès que possible d’un dialogue national inclusif pour une solution durable au Nord du Mali. Une conférence de presse est prévue ce lundi 3 février à l’hôtel l’Amitié, siège de la MINUSMA. Voilà pour le côté officiel.
Contraindre le Mali à négocier
Côté officieux, les émissaires de l’ONU viennent tordre le bras au chef de l’Etat malien afin de l’obliger à rouvrir les négociations avec les groupes armés du nord. L’ONU n’est pas du tout contente de voir IBK suspendre unilatéralement les négociations et conditionner leur reprise au désarmement et au cantonnement des rebelles touaregs et arabes. Comme nous le révélions dans une précédente édition, le président IBK a gelé les discussions et privilégie désormais l’option de la force militaire pour bouter les rebelles hors de Kidal, abcès de fixation de la crise. Les émissaires onusiens entendent lui dicter une autre conduite. Par ailleurs, l’ONU ne souhaite pas que la médiation burkinabè soit remise en cause au profit de celle de l’Algérie, laquelle semble avoir au nord du Mali des intérêts incompatibles avec les objectifs sécuritaires de la communauté internationale. L’ONU tient aussi à faire savoir à IBK que son représentant au Mali, Bert Koenders, ne fait qu’exécuter les décisions du Conseil de Sécurité et n’a pas à subir, comme c’est le cas actuellement, le courroux des autorités maliennes, très fâchées du sort de Kidal. Enfin, les émissaires de l’ONU s’inquiètent des poursuites judiciaires tous azimuts lancées par le gouvernement malien et qui sont en train d’hypothéquer le processus de réconciliation nationale.
De quels moyens de pression dispose l’ONU sur le Mali ? Tout d’abord, l’organisation internationale dispose sur le territoire malien d’une force militaire composée, pour l’instant, de 6000 soldats et policiers et qui est appelée à grossir de 5000 autres. En outre, le déblocage des 3,2 milliards d’euros promis au Mali dépend, pour une large part, des grandes puissances qui siègent au Conseil de Sécurité de l’ONU. Enfin, il faut voir derrière l’action onusienne la main de la France qui ne tient pas à laisser le Mali gouverner Kidal comme il gouverne Sikasso. François Hollande, tout en laissant officiellement IBK libre de ses actions, se bat, par ONU interposée, pour l’octroi d’un statut particulier à Kidal. L’ONU se trouve en phase avec l’Union Africaine dont le représentant, Pierre Buyoya, appelle à la reprise immédiate des négociations.
Tiékorobani
SOURCE: Procès Verbal