Doté d’une enveloppe de 45 milliards de Fcfa, ce projet d’électrification rurale permettra d’améliorer amplement le niveau de vie dans les zones ciblées en stimulant l’emploi et la croissance économique.
La Banque mondiale s’engage à aider notre pays à réduire son déficit énergétique, notamment en milieu rural. Cela, en finançant la première phase du Projet régional d’accès à l’électricité au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Pour la matérialisation de ce contrat, le gouvernement et l’institution de Breton Wood ont signé, hier à la Primature, les documents relatifs à l’accord de financement de ce projet.
La cérémonie de signature est intervenue à la fin d’une séance de travail entre Maliens et experts de la Banque mondiale sur le lien entre «Sécurité, conflit et développement : le cas du Mali». L’ouverture de cette rencontre d’échanges a été présidée par le Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maïga, en présence du vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique, Hafez Ghanem, en visite officielle de trois jours dans notre pays.
Le coût global de ce projet régional, objet de la signature, est de 225 millions de dollars (112,5 milliards de Fcfa). Il est destiné au Mali, à la Gambie, à la Guinée-Bissau, au Niger et au Togo. Le montant alloué à notre pays, à cet effet, s’élève 90 millions de dollars (45 milliards de Fcfa). L’objectif, en accordant ce fonds, est d’accroître l’accès à l’électricité à 2,5 millions de personnes au niveau des cinq pays bénéficiaires. Car, les études ont prouvé que 42% de la population ont accès à l’électricité en Afrique de l’Ouest, contre 8% pour la population rurale.
C’est dans l’optique d’inverser cette tendance que la Banque mondiale a décidé de financer ce projet. Conçu en deux phases, ce projet permettra d’améliorer amplement le niveau de vie dans les zones ciblées en stimulant l’emploi et la croissance économique, a indiqué la directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Mali.
Pour Soukeyna Kane, il contribuera aussi à la réduction «des inégalités régionales en fournissant un accès à l’électricité aux communautés situées à proximité du réseau de transport et en facilitant les échanges transfrontaliers».
La séance de travail qu’avaient eu les deux parties avant la signature de cette convention, a été jugée «productive» de part et d’autre. Elle aura permis d’établir une cohérence parfaite entre la stratégie d’intervention de la Banque mondiale au Mali et notre stratégie de développement 2019-2023, a affirmé le ministre de l’Economie et des Finances, interrogé à la fin des travaux. La convergence de vue trouvée, les priorités dégagées, la Banque mondiale a promis d’améliorer le niveau de ses soutiens financiers à notre pays.
3% PAR AN – A cet effet, l’institution de Breton Wood s’est engagée à accompagner le Mali dans des secteurs clés. Il s’agit, entre autres, de la formation et du renforcement du capital humain : questions liées à l’éducation et la santé. La qualité de l’enseignement au Mali s’est effondrée, selon les analyses des experts de la Banque mondiale. Pour pallier cette carence, le renforcement du capital humain et l’amélioration de sa qualité sont nécessaires pour pouvoir aller vers une transformation structurelle de notre économie, a souligné le ministre Cissé.
La transformation structurelle est aujourd’hui comme une nécessité pour créer de la valeur ajoutée et résoudre le problème de l’employabilité des jeunes, qui est considérée également comme un facteur favorisant des conflits. Rappelons que la population malienne croit de 3% par an, avec 6,06 enfants par femme. Cette population, estimée à plus de 18 millions, va doubler dans 15 ans. Aussi, près de 300.000 jeunes arrivent chaque année sur le marché de l’emploi. Une situation qui exige alors des investissements massifs.
Pour y arriver, «la Banque mondiale s’est aussi engagée à nous accompagner dans nos efforts de modernisation de nos administrations et de diversification de notre économie et pour changer la base structurelle de notre économie », a indiqué le patron de l’hôtel des finances. Cet appui cible en priorité le secteur agricole et des filières à forte potentielle comme la gomme arabique, l’anacarde, le coton, le karité… L’appui sera aussi élargi, selon Boubou Cissé, aux secteurs des infrastructures ferroviaires, routières (probablement) et au numérique. En matière de révolution numérique, il urge de hâter le pas. Car, au Mali, le taux d’usage de l’Internet est de 11%, contre une moyenne ouest-africaine de 40%, selon les statistiques de la Banque mondiale, qui considèrent le coût d’accès «très élevé» comme un frein à l’essor économique de notre pays.
Ces engagements pris confirment la volonté de la Banque mondiale de soutenir le Mali, en y améliorant les investissements et son appui budgétaire, a répondu son vice-président pour l’Afrique. Il s’est dit satisfait du partenariat de son institution avec le Mali. «Nous avons un partenariat, je dirais, parfait avec le Mali. On a un accord sur presque tous les points», a confié Hafez Ghanem.
Le portefeuille actuel de la Banque au Mali a atteint 1,3 milliard de dollars (redits et dons). Il couvre 11 secteurs avec un taux de non-décaissement atteignant 0,7 milliard de dollars soit 51,3% à la mi-février 2019. Le nombre de projet est évalué à 25, dont 16 nationaux pour 956,6 millions de dollars et 8 projets régionaux pour 330,5 millions de dollars et un DPO pour 60 millions.
Cheick M. TRAORé
L’Essor