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Élections locales et régionales : Vers le report du scrutin

Prévues pour le 17 décembre 2017, les élections communales partielles, locales et régionales butent sur des difficultés d’ordre sécuritaire et technique. Face à la situation, plusieurs partis politiques appellent au renvoi du scrutin. Et le gouvernement est en réflexion pour satisfaire à cette doléance.

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Déterminé à réaliser la régionalisation poussée, le gouvernement malien a décidé de doter les collectivités territoriales d’élus plus légitimes à travers la tenue des élections communales partielles, locales et régionales. C’est pour cela qu’il a fixé la date desdites élections au 17 décembre 2017. Mais les conditions sur le terrain se sont révélées difficiles.  Car, depuis l’annonce de ce scrutin, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) a soulevé des inquiétudes. Les terroristes ont également intensifié les attaques dans le Nord comme dans le Centre du pays. L’ensemble de la classe politique, opposition et majorité, sont hésitantes.

Opposition de la CMA

Dans un communiqué rendu public le 28 octobre dernier, la CMA avait annoncé qu’elle n’était pas favorable à la tenue des élections communales et régionales dans les régions du nord du pays.  Elle a déploré la persistance du gouvernement, dans la logique unilatérale d’organiser les élections communales et régionales en convoquant le collège électoral, sans discussions préalables avec les parties signataires. Eu égard à cette situation, la CMA a annoncé  qu’elle s’oppose à l’organisation des élections dans les différentes régions du Nord, sans une prise en compte des aspects politiques inscrits dans l’Accord pour la paix et la réconciliation. Il s’agissait notamment de l’opérationnalisation des autorités intérimaires, l’organisation du retour des réfugiés/déplacés, la révision des listes électorales, la relecture des lois portant libre administration et codes des collectivités territoriales et bien d’autres aspects y afférents.

 Contestation de l’opposition

Quelques instants après la convocation du collège électoral, les partis politiques de l’opposition, soutenus par certaines organisations de la société civile, étaient montés au créneau pour exprimer leur désaccord sur les conditions d’organisation des élections. «Les partis politiques de l’opposition mettent donc officiellement et fortement en garde le Gouvernement qui s’aventure avec une aveuglante persistance à engager le pays dans une nouvelle crise électorale aux conséquences désastreuses », avait  dit l’honorable Amadou Thiam, président de l’ADP-Maliba. A l’en croire, les partis politiques de l’opposition ont été surpris de constater que le Gouvernement a fixé la date des prochaines élections communales, de cercles et de régions au 17 décembre 2017 sans que les garanties d’une élection crédible soient réunies. « Les partis politiques de l’opposition condamnent cette attitude unilatérale du Gouvernement qui avait pourtant été saisi par l’opposition par une lettre en date du 19 septembre 2017 dans laquelle elle avait exprimé ses préalables à toute discussion sur les élections».

La majorité hésitante

Au départ, même si la majorité présidentielle était acquise à la cause, tel ne semble plus être le cas aujourd’hui. Car, la multiplication des attaques armées dans le Centre et au Nord du Mali ces derniers jours lui ont plombé les ailes. Ils sont nombreux les cadres politiques de la mouvance présidentielle à donner de la voix en faveur du renvoi du calendrier électoral des communales partielles, locales et régionales.   Et le gouvernement n’écarte vraisemblablement aucune option.

Au regard de la complexité de la situation sur le terrain, le mercredi 15 novembre, le ministre de l’Administration territoriale, Tièman Hubert Coulibaly a rencontré la classe politique dans le cadre de leur traditionnel cadre de concertation. Au menu de cette rencontre, figurait essentiellement l’examen de l’état d’évolution de l’organisation des élections communales, locales et régionales sur le terrain. Le ministre Tièman Hubert Coulibaly et ses interlocuteurs du jour ont ainsi, pendant plus de quatre heures, évalué le dispositif matériel et sécuritaire, ainsi que la situation des listes de candidatures, etc.

Selon les chiffres fournis par le département de l’Administration territoriale, il y a au total 40 listes de candidatures pour 1083 candidats, enregistrées dans le cadre des élections régionales. Toutes les régions concernées par ces élections ont enregistré des listes de candidatures. En ce qui concerne les élections locales, les listes de candidatures sont de 181 pour 6603 candidats. Il n’y en a pas eu dans  seulement quatre cercles sur la cinquantaine que compte le Mali. Il s’agit des cercles de Ménaka, Abéïbara, Tessalit et Tin-Essako.

Ils sont au total 2056 candidats repartis sur  134 listes dans le cadre des élections communales partielles. Ces listes ont été déposées dans 48 communes sur les 59 dans lesquelles les élections n’avaient pu se tenir en novembre 2016.  Aucune liste n’a été enregistrée dans 11 communes dans les cercles de Tombouctou, Ménaka, Kidal, Abéïbara, Tessalit et Tin-Essako. Ce qui prouve des difficultés réelles sur le terrain.

Au terme de cette réunion du cadre de concertation, il y a eu des voix discordantes au sein de la classe politique. Une partie de chaque tendance (majorité et opposition) souhaite le report du scrutin.  Pendant que d’autres cadres de chaque tendance militent en faveur de la date indiquée. En tout cas, pour les formations politiques  comme les Fare de Modibo Sidibé, on plaide en faveur d’un report pur et simple desdites élections. A en croire  le premier vice-président des Fare Anka Wuli, Souleymane Koné, il n’y a aucune ambiguïté, ces élections seront reportées. Car, le gouvernement même se rend à l’évidence que les conditions appropriées ne sont pas réunies pour garantir la transparence des élections le 17 décembre. Il veut juste ‘’manger son piment’’ dans la bouche des partis politiques.

Contrairement aux Fare, l’ADP-Maliba d’Amadou Thiam, un autre parti de l’opposition parlementaire, militerait en faveur du respect de la date du 17 décembre, mais à condition que le gouvernement et les groupes armés harmonisent leurs positions. Cette proposition de l’ADP Maliba est biaisée. D’autant plus que tout le monde sait que depuis la signature de l’Accord de paix, il n’y a jamais d’harmonie au niveau des groupes armés.

De son côté, l’URD, le principal parti d’opposition, se dit prêt à y ailler, même si le parti est conscient que les conditions ne s’y prêtent pas forcément. «Le gouvernement pense que le décret n’a pas été abrogé, donc on doit s’attendre aux élections. L’URD a fait des listes de candidatures partout dans le pays et à tous les niveaux. Donc, nous allons aux élections même si nous pensons que les conditions ne sont pas réunies totalement», a souligné Samuel Diarra, un cadre de l’URD.

Pour sa part, le ministre de l’Administration territoriale a souligné toute la nécessité de rencontrer les acteurs politiques pour analyser la situation, surtout quand on sait que des partenaires de la paix, les groupes armés de la CMA notamment, ont produit un communiqué demandant le report de ces élections. «Nous avons jugé nécessaire de partager cela avec les présidents de partis politiques pour voir quelle conduite nous devons tenir face à cette nouvelle situation», a confié Tièman Hubert Coulibaly qui promet de procéder à l’analyse des demandes qui ont été faites. Et le ministre Coulibaly de souligner que les avis qui ont été donnés çà et là ne sont pas homogènes. «Il y en a qui encouragent le gouvernement à engager des discussions pour avoir un processus véritablement inclusif, il y a des avis qui sont différents et qui demandent une attitude absolument fidèle aux attitudes antérieures et il y a des avis qui sont entre les deux. L’exercice du gouvernement sera, après avoir consulté tous les acteurs, y compris ceux qui demandent le report, de construire une décision», a expliqué le ministre Coulibaly qui estime avoir suffisamment le temps pour mener ces concertations. Comme pour dire que toutes les options sont désormais sur la table du gouvernement.

En attendant un communiqué officiel, il se murmure dans les couloirs de la Primature qu’il est impératif de reporter les élections du 17 décembre 2017. Histoire de donner la chance à toutes les communes, cercles et régions d’avoir des élus légitimes. Car, à l’état actuel des choses, on risque de faire des frustrés au sein de la population. Et par ricochet,  prêter le flan à des velléités sécessionnistes.

Oumar KONATE   

Source : La Preuve  

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