En déclarant le week-end dernier sa candidature à l’élection du Président de la République, Cheick Harouna Sankaré étale sur la place publique sa prétention ou son ambition ?
Sa voix est tremblante comme un jeune écolier qui s’adresse pour la première à son professeur. Si la course à l’élection présidentielle était un concours de beauté, le maire de la commune rurale d’Ouenkoro à la barbichette soignée pouvait caracoler en tête avec certaines qui n’auraient pas résisté au charme de son visage jovial. Heureusement, le sprint pour la colline de Koulouba est loin de tout cela. Aussi, il ne suffit pas de cacher derrière l’étiquette de leader religieux ou de marabout pour prétendre à accéder à la magistrature suprême.
Agé de moins de 40 ans, le jeune maire champion en transhumance politique (il a été au PSP et à l’URD avant de revêtir son grand boubou d’indépendant) a beau expliqué mais son titre de marabout ou leader religieux fait ombrage à son statut d’acteur politique de second degré. Habitué des séances de prêches, cet adepte des groupements et associations islamiques avec de long chapelet à son cou pourrait être perçu comme un grand perturbateur sur l’échiquier politique. Le jeune peul de bon teint s’est profité de la crise de se rendre utilité à travers son mouvement pour l’union des maliens mais aussi de ses rencontres et ses prêches qu’il postait régulièrement sur les réseaux sociaux.
Cheick Harouna Sankaré aurait peut-être le don de camouflet ses prétentions derrière des causes sociales et humanitaires. Comme c’est le cas avec le mouvement pour l’union des maliens, une association apolitique. Récemment au nom de cette association, le désormais candidat à la magistrature suprême a mené une tournée très médiatique dans le nord et le centre du Mali afin de passer un message de paix avec une forte odeur politique.
Avec la crise au centre Mali parsemée de conflits intercommunautaires, Cheick Harouna Sankaré a eu l’initiative de lancer le Mouvement pour l’Union des Maliens, une association apolitique. Récemment, au nom de cette association, M. Sankaré a conduit une tournée dans le centre du Mali avec succès car il est parvenu à véhiculer le message de la paix partout où il est passé. Pour mieux communiquer sur le succès de son mouvement, les panneaux publicitaires étaient inondés de ses photos.
Les Bamakois s’interrogeaient jusqu’où ira ce jeune à travers cette communication intensive. Sans surprise, Cheik Harouna Sankaré s’est déclaré candidat la semaine dernière. Sa candidature peut être expliquée par une opération de charme devant le Président actuel du Mali en perte de popularité auprès des religieux. Egalement, il peut séduire ses bailleurs de l’extérieur pour pouvoir mobiliser des fonds. Sous cet angle, il est perçu par certains comme un prétentieux dont l’objectif est de se faire un nom à tout prix. Cependant, il faut signaler que malgré son statut de marabout, Harouna n’a pas caché son ambition politique.
Pour preuve, il est élu maire en 2009 sous les couleurs du PDES. Il vire après à l’URD et aujourd’hui, il est indépendant mais proche du Président de la République et son Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maiga. Briguer la magistrature suprême, c’est aussi entrer dans l’histoire politique. D’après lui, il ne sera pas un simple figurant car, son carnet d’adresses important peut lui permettre de bâtir un Mali de vivre-ensemble.
Modibo L. Fofana
Mali24