Sur les 48 080 cartes à distribuer, seulement 3 671 ont été retirées à la date du 20 mai
« Sans RAVEC pas de carte NINA, sans carte NINA pas de citoyenneté » proclame une banderole accrochée devant le centre municipal de Kalaban Coura en Commune V de Bamako. Ici le retrait du sésame bat son plein. Ils sont en majorité des jeunes et des femmes à se côtoyer devant les listes affichées. Si d’aucuns peinent à retrouver leur nom sur les listes, d’autres sautent de joie pour avoir pu s’identifier. L’enjeu est l’élection législative partielle prévue dimanche prochain en Commune V.
Ne sachant lire, le jeune commerçant Bourama Bagayoko n’a pas d’autres choix que de se fier aux photos pour se situer. Las de chercher, il se désole : « j’ai examiné presque toutes les photos collées sur le mur de la mairie. Je n’arrive pas à m’identifier. Alors que l’élection législative approche et que j’ai déjà mon candidat pour qui je dois voter ». Ceux qui ont pu s’identifier ne manquent également pas de problèmes liés souvent à la non-conformité entre les années de naissance sur les actes d’état-civil ou le récépissé et les fiches d’émargement pour le retrait des cartes NINA.
Ce cas spécifique est confirmé par Henri Dembélé, le chef de l’équipe du centre secondaire de Kalaban Coura qui enregistre, malgré tout, le plus grand nombre de cartes retirées par rapport aux autres centres (Badalabougou, Quartier Mali et Torokorobougou). Il a enregistré ce mardi 26 mai, le retrait de 163 cartes. Le centre disposait le 6 mai, date du début de la distribution, de 6400 nouvelles cartes. Le nombre de cartes récupérées par leurs propriétaires est insuffisant de l’avis de Henri Dembélé. « Nous aurions pu enregistrer plus de retraits sans les erreurs sur les années de naissance, l’indisponibilité des cartes de certaines personnes. Je demande tout de même à ceux qui n’ont pas encore retiré leurs cartes de venir, avant l’expiration du délai de distribution pour pouvoir voter », indique-t-il.
Ces erreurs ne sont pas rédhibitoires, estime Almamy Haïdara, le chef d’équipe de distribution de Torokorobougou. Il suffit, lors du scrutin, d’apporter une pièce d’identité pour permettre aux agents électoraux de vérifier la photo. Ainsi après le scrutin, des équipes seront engagées pour assurer la correction de ces erreurs et autres réclamations.
Le chef de l’équipe de Badalabougou semble confronté à moins d’erreurs. Yaya Magassouba déplore plutôt le timide retrait des cartes, la très faible affluence par rapport aux autres centres. 3 à 32 cartes sont retirées dans son centre. Ce 26 mai, seulement 25 cartes ont été remises. Yaya Magassouba indexe le désintérêt des habitants du quartier qui sont en bonne partie des « nantis qui n’accordent aucune importance à la possession de la carte NINA ». Il est persuadé que le message est bien passé sur la disponibilité des cartes au centre secondaire. « Nous avons procédé au porte à porte, utilisé des crieurs publics pour atteindre le plus grand nombre. Malheureusement, l’affluence reste toujours timide. Mais je garde espoir car certains attendent la dernière minute pour venir », ajoute Yaya Magassouba avec un brin de fatalisme.
Au centre principal de la mairie de la Commune V où se sont installées les deux équipes de Torokorobougou et de Quartier Mali, ceux qui viennent chercher leurs cartes se comptent sur le bout des doigts. Pour le responsable de l’équipe de Torokorobougou, la situation est d’autant plus incompréhensible que plusieurs actions de communication et de sensibilisation ont été menées par les autorités. Avec notamment la mise à contribution des chefs de quartier, des imams jusqu’à la diffusion de communiqués par les radios de proximité. Notre interlocuteur invite les partis politiques à s’impliquer davantage pour mobiliser leurs militants respectifs à sortir massivement pour retirer leurs cartes.
Ce 26 mai, le comité de Torokorobougou a enregistré 20 cartes retirées tandis que celui de Quartier Mali en comptabilisait 18. Le plus grand nombre de cartes retirées au Quartier Mali a eu lieu, selon Almamy Haïdara, immédiatement après la diffusion de messages dans les mosquées et avec les chefs de quartier, soit 32 cartes retirées au Quartier Mali et 35 à Torokorobougou.
Dans le cadre de l’élection législative partielle en Commune V, les 245 025 électeurs inscrits sont repartis entre 38 centres et 512 bureaux de vote. Le gouvernorat, structure chargée de l’organisation du scrutin, assure être prêt. « Nous sommes en train de renforcer les capacités des agents électoraux. Nous avons à notre disposition tous les équipements – feuilles de dépouillement, bulletins de vote, fiches de procès-verbal – nous permettant de relever le défi de la bonne organisation de l’élection. Les forces de sécurité seront fortement déployées », détaille le directeur de cabinet du gouvernorat. Fatoma Coulibaly avertit que cette année, même la présence, dans la cour, de personnes censées orienter les électeurs ne sera pas tolérée.
Sur les 48 080 cartes à distribuer, seulement 3 671 ont été retirées à la date du 20 mai, selon le gouvernorat qui appelle (encore une fois) les partis politiques à s’impliquer davantage pour un large retrait de cartes NINA.
A. A. MAIGA
source : L Essor