Décidément rien ne va plus entre les partis politiques de la Convention de la Majorité Présidentielle(CMP). Les antagonismes et autres querelles de clochers ont pris le dessus sur la cohésion et la solidarité qui avaient toujours prévalu au sein de la mouvance présidentielle au moment de sa mise en place. Les principaux partis que sont le RPM, l’ADEMA-PASJ, l’APR et l’ASMA-CFP sont désormais à hue et à dia.
Chacun de ces quatre partis de la CMP, a décidé de présenter un candidat et de tenter sa chance aux élections législatives partielles d’Ansongo qui interviennent après le décès de Halidou Bonzèye, initialement élu sous la bannière du PDES et qui avait fini par retourner sa veste à l’ASMA-CFP. L’Opposition décidée à ouvrir la voie de l’alternance a fait bloc derrière une candidature unique, celle de l’URD. Cette crise latente qui ne dit pas son nom va-t-elle arriver à bout de la CMP ? IBK reverra-t-il sa copie pour sévir contre les adversaires de la cohésion politique au sein de la CMP ? Cette guéguerre profitera-t-elle à l’URD pour rafler la mise le 10 Janvier 2016 ?
Conformément à la Constitution du 25 février 1992, le gouvernement de la République du Mali a convoqué le collège électoral pour l’élection législative partielle afin de pourvoir le siège resté vacant dans la circonscription d’Ansongo suite au décès de Halidou Bonzèye Député élu sur la liste du PDES, mais qui était devenu ASMA-CFP par la suite. Cette élection partielle au lieu d’être une occasion idoine pour la CMP d’enterrer définitivement la hache de guerre consécutive au renouvellement du bureau de l’Assemblée Nationale, a plutôt été une circonstance pour ces partis d’étaler au grand jour leurs dissensions.
Ce qui laisse présager d’un lendemain tumultueux pour ce regroupement, pourtant chanter par certains comme étant la coalition des partis de l’International socialiste (IS) au Mali. Un divorce ne sera-t-il pas préférable à une union vouée aux gémonies ? Le premier responsable désigné de cette situation n’est autre que le RPM, qui disposant de la majorité absolue de 74 députés sur 147 à l’Hémicycle aurait développé et pratiqué un véritable complexe de supériorité vis-à-vis de ses alliés qu’il n’écoute ni ne consulte pour quoique ce soit.
D’où leur grande frustration à vouloir en découdre au cours de cette partielle avec le parti des tisserands. Tous les observateurs et acteurs de la scène politique s’accordent à reconnaitre que les cadres et élus du RPM sont devenus après la victoire d’IBK non seulement arrogants mais aussi et surtout très suffisants au point de mépriser leurs alliés. Sans les autres réussiront-ils vraiment à accompagner seuls le Président IBK? Certains caciques vont jusqu’à traiter les autres partis membres de la CMP d’oiseaux de mauvais augures.
Des partis comme l’ADEMA-PASJ, l’ASMA-CFP, l’UDD, la CODEM sont réduits à leur simple expression. Leurs cadres sont relevés, leurs ministres contraints de supporter les désidératas du Bureau Politique National du RPM. Des grands postes dans des structures pour lesquelles le RPM confesse lui-même n’avoir aucune compétence interne pour les occuper sont toujours vacants. Cette situation qui fait non seulement jaser les autres partis de la majorité, pose en même temps la problématique de la longévité de la CMP. Elle donne surtout une occasion rêvée à l’Opposition regroupée autour de l’URD de sceller une alliance solide.
En définitive tous les grands observateurs de la scène politique s’accordent à dire que cette majorité est tellement hétéroclite et couve des clivages tellement latents qu’il ne faut pas exclure sa mort subite très prochaine. La balle est donc désormais dans le camp de l’Opposition pour séduire les éventuels dissidents ou blasés à rejoindre avec armes et bagages le train de l’alternance qui pourrait probablement prendre son départ avec cette législative partielle d’Ansongo. Wait and see.
Youssouf Sissoko
Source: InfoSept