Il y a plus d’un an, dans la parution Nº 11 de votre journal en date du lundi 21 juillet 2014, InfoSept consacrait un dossier sur les caméras de vidéosurveillance installées en plusieurs points stratégiques de la ville de Bamako. Des éclairages inédits sur cet important projet nous avaient été donnés par le conseiller technique en charge du dossier. Mais jusqu’à la prise d’otage du Radisson Blu ce projet n’était pas encore opérationnel.
Pourquoi ? Aujourd’hui, avec ce que nous venons de vivre il est plus qu’urgent d’accélérer la cadence de ce projet. Flash-back sur l’un des grands projets de sécurité publique qui, une fois opérationnel, permettra de confronter les malfrats avec les images de leurs forfaits. Il est même souhaitable qu’il soit étendu à tous les grands hôtels du pays où la nécessité de réserver une chambre pour la sécurité s’impose pour assurer la quiétude des clients.
C’est dans le cadre du projet de modernisation du «Réseau Optique d’information du Mali», financé à coût de 20 milliards de F CFA à travers la société chinoise HUAWEI et son partenaire financier, la CHINA EXIMBANK, la Banque Import-Export de Chine, qu’il est prévu de doter la ville de Bamako d’équipements et de matériels de pointe de vidéosurveillance. C’est pourquoi l’on constate le long des artères principales et certains lieux stratégiques de la ville de Bamako l’installation de caméras de vidéosurveillance de très haute précision. Avec la votation de la loi Nº2013-015 du 21 mai 2015 portant protection des données à caractère personnel en République du Mali, nous nous étions depuis interrogés sur les fins réservées à l’installation de telles caméras et surtout sur les risques liés à l’usage de nos données personnelles.
Le projet de Vidéosurveillance de Bamako fait partie intégrante du grand projet de Réalisation « Large bande » du Mali
Pour M. Baba Konaté le projet de vidéosurveillance, de façon globale, s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du programme de réalisation d’infrastructures nationales large bande destiné à relier toutes les grandes villes du Mali à celles de ses pays voisins. C’est donc en application des différentes Politiques Nationales de Développement de TIC que le ministère en charge des Télécommunications/TIC a initié ce projet de modernisation du «Réseau Optique d’information du Mali».
Le projet porte sur 900 km de fibre optique reliant Bamako-Bougouni-Sikasso-Koutiala-Ségou et Sikasso-Zégoua avec les applications identiques à celles de Bamako. Mais concernant spécifiquement Bamako, le projet permettra l’interconnexion de tous les Ministères, les Directions Nationales, les Institutions de l’Etat et celles des collectivités décentralisées dans un réseau local permettant de créer un backbone national, sorte de point d’échange du trafic de données et de voix, afin de faciliter le partage de contenus locaux sans utiliser la bande passante internationale.
Ainsi les start-up en TIC pourront offrir divers services tels que la Vidéo à la demande, les services de travail collaboratif tels que les systèmes de vidéoconférence, la Voix sur IP, etc. Et dans le cadre spécifique de la gestion de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme, la possibilité d’une vidéosurveillance de la ville de Bamako pour contrôler et gérer le trafic de la circulation routière et doter par la même occasion nos forces de sécurité et de défense d’un système autonome d’interphone pour leur communication interne sécurisée à l’échelle de la ville basé sur le système Trustar.
En général, explique M. Baba Konaté, la vidéosurveillance est un système de collecte, de transmission et de traitement de données, sous forme d’images obtenues à partir de caméras installées en système, disposées dans un espace public ou privé et destinées à le surveiller à distance. Il s’agit donc d’un type de télésurveillance. Les images obtenues avec ce système, peuvent être traitées automatiquement, visionnées puis archivées ou détruites.
La surveillance a pour but de contrôler les conditions de respect de la sécurité, de la sûreté ou de l’exécution d’une procédure particulière. «Le principe de filmer et de contrôler un phénomène à distance a été utilisé depuis la Seconde Guerre mondiale, mais c’est à partir des années 1980, que le système a commencé à être généralisé. Des politiques de vidéosurveillance ont été mises en place dans plusieurs villes du monde à partir des années 1990» nous rappelle M. Konaté du ministère de l’Economie Numérique, de la Communication et de l’Information. L’idée de « Big Brother is wachting you » est passée par là. Alors si vous passez devant ces caméras, souriez, parce que vous êtes filmés !
Le projet de Vidéosurveillance permettra de mieux lutter contre le terrorisme en offrant aux populations une meilleure sécurité
Selon M. Konaté, il est prévu d’installer un grand nombre de caméras à Bamako, pour permettre la télésurveillance 24 heures sur 24 des carrefours importants, des zones dangereuses et des points stratégiques et névralgiques du District. Le projet intègre également le système Trustar (Talk o Push:PTT) opérationnel sur toute l’étendue de la couverture c’est-à-dire Bamako et environs.
A en croire le conseiller technique Konaté, les travaux de construction, dudit Centre de télésurveillance à Bamako sont presque finis. Ce joyau sera le point névralgique du système de surveillance et de stockage des données. De ce centre sont gérées toutes les images des endroits où sont postées les caméras de télésurveillance. Et c’est ici qu’il faut insister sur l’indispensable nécessité d’organiser des séminaires de sensibilisation et de formation à l’intention de nos hommes de droit et de nos forces armées et de sécurité appelées à gérer les données collectées sur les maliens dans ce centre.
La loi Nº2013-015 du 21 mai 2015 portant protection des données à caractère personnel en République du Mali est à peine connue des maliens. Et il n’est pas aussi évident que les non- initiés comprennent et sachent lire et interpréter le contenu textuel de cette loi qui requiert des connaissances en criminalistique, en Droit des Technologies de l’Information et de la Communication et un regard croisé sur sa mise en œuvre ailleurs dans la sous-région et dans le monde.
Le projet permettra de moderniser les équipements de travail de nos forces de l’ordre et de sécurité à travers le système Trustars.
Ainsi quand le projet entrera dans sa phase opérationnelle, nos agents de sécurité qui sont sur le terrain ou dans certaines zones pourront s’informer et se tenir au courant des situations de sécurité et de trafic en relation avec les techniciens du Centre de surveillance 24 h/24. Une précision de taille est à noter. Le fonctionnement du Centre de surveillance sera assuré par les fonctionnaires civils, les militaires, la Police et autres agents techniques selon les activités relevant de leur domaine de compétence respectif, conformément aux textes en vigueur.
Les réserves faites au système de Vidéosurveillance pour lutter contre le terrorisme et la criminalité
Pour ses partisans, la vidéosurveillance permet de prévenir le terrorisme et plus généralement la criminalité (holdups, cambriolages, agressions sur voirie, etc.), de mieux gérer le trafic et d’opérer un contrôle social des mouvements de foule, etc.
A l’opposé, ses détracteurs lui reprochent fondamentalement son atteinte à la vie privée» d’où tout l’intérêt de la Loi Nº2013-015 du 21 mai 2015 portant protection des données à caractère personnel en République du Mali signée par le président de la Transition, Dioncounda Traoré.
Par Dieudonné Tembely et O’BAMBA
Source: InfoSept