En l’espace d’un mois, ce sont deux immeubles qui se sont effondrés au Mali. Pour le dernier en date, il s’agit d’un immeuble d’habitation de 5 étages construit dans le quartier ACI de Lafiabougou à Bamako, qui s’est écroulé dans la journée du 30 juin 2023, à l’heure de la prière du vendredi. Pas de perte en vie humaine mais il y a quelques blessés. Un autre immeuble dans le même secteur, de sept étages celui-là, s’est affaissé dans la nuit, tuant 2 personnes et faisant des blessés en 2015. Auparavant, un autre immeuble de 5 étages en finition s’était effondré, le 8 octobre 2013 avec un bilan macabre.
Décidément c’est la loi des séries dans un pays ou pas moins de 10 immeubles se sont écroulés depuis 2013 à nos jours, faisant des morts des blessés et de nombreux dégâts. À qui la faute ?
En réalité, notre pire ennemi, c’est nous-mêmes, les règles que nous avons édictées étant toujours les moins respectées. Et puis, n’accablons pas seulement les cas isolés au niveau de l’intérieur du Mali. Pour le cas de Bamako, ces dernières années, il ne se passe pas un mois sans que l’on parle d’un grand immeuble ou d’un simple bâtiment qui a rendu l’âme.
Pour ne parler que des infrastructures de l’ACI 2000, le 30 juin dernier, l’effondrement d’une partie de l’immeuble en 5 étages abritant le projet PSI a causé d’énorme dégâts matériels. C’est dire que cet énorme dégât repose sur le problème du peu de sérieux qui règne dans la réalisation des édifices : constructions sans autorisations, sous-dosage des matériaux, passation de marchés des plus opaques… Des édifices érigés sur les sables mouvants d’une corruption rampante et endémique qui va du ministre au dernier manœuvre.
En réalité, ce qui arrive au Mali est la chose la mieux partagée sous nos tropiques, l’essentiel étant que chacun puisse se mettre quelque chose dans la poche. Et ces gaffes ne se recrutent pas seulement dans la construction immobilière. Il en va de même dans beaucoup de domaines, notamment les transports, aussi bien terrestre, fluvial qu’aérien, avec la surcharge des moyens de locomotion. Des zones de non-droit en somme. Et l’on crie à la détresse quand le pire arrive, invoquant la fatalité.
Si l’on n’y prend pas garde, ces drames vont se multiplier tant qu’il n’y aura pas une prise de conscience collective et un châtiment exemplaire face aux différents manquements. L’heure de la sensibilisation est passée.
Jean Pierre James