Pour mettre fin aux disparités sociales dans l’espace scolaire, le gouvernement sénégalais annonce une politique d’harmonisation du port vestimentaire. Des mesures qui concerneront les écoles « publiques du préscolaire et de l’élémentaire ». L’application de la première phase de cette politique est prévue pour la rentrée prochaine.
L’école est l’un des premiers lieux de socialisation de l’enfant. C’est aussi là où les petits de l’homme peuvent être confrontés à la différenciation et aux inégalités sociales.
Pour éviter toutes distinctions religieuses et sociales en milieu scolaire, certaines écoles font le choix de l’uniforme pour tous. C’est le cas du gouvernement sénégalais qui entend mettre en œuvre, une politique d’harmonisation du port vestimentaire en milieu scolaire afin de favoriser l’accès et le maintien scolaire des couches vulnérables par un « allègement des charges parentales ».
Lutter contre les inégalités sociales
La tenue scolaire est un outil pédagogique au service du projet éducatif de l’école. Elle apporte aux élèves ou étudiants, des éléments de compréhension favorisant un processus d’adaptation de leur comportement et de concentration, rapporte l’Agence de presse sénégalaise (APS).
« La question de l’équité se pose encore avec les disparités notées au niveau social que l’espace scolaire doit contribuer à atténuer grâce à la mise en œuvre d’une politique d’harmonisation du port vestimentaire pour lutter contre le creusement des inégalités sociales au niveau des enfants », indique un document du gouvernement sénégalais, portant sur le Programme national de dotation des établissements en tenues solaires. Dans le même document, rapporte notre source, il est précisé que « la première phase de la mise en œuvre [de ce programme], qui concerne les écoles publiques du préscolaire et de l’élémentaire, le port de la tenue scolaire doit être mis en application dès la rentrée scolaire 2021-2022 ».
L’État a prévu un budget de 10 milliards de francs CFA pour financer la confection de ces tenues scolaires. Une mesure assez critiquée par des syndicats et la société civile. Les acteurs de l’éducation estiment que ce projet n’est pas une priorité face aux énormes défis dont l’école sénégalaise est confrontée.
Il est à noter que cette politique du port vestimentaire en milieu scolaire ne se limitera pas aux seules écoles publiques. S’agissant des écoles du secteur privé, le document du gouvernement sénégalais précise que des initiatives, déjà en cours, seront poursuivies pour une « généralisation prévue à la rentrée scolaire 2023-2024 ».
« Créer une atmosphère de travail et de discipline »
Le style vestimentaire est une façon de s’exprimer. C’est aussi une façon de montrer qui nous sommes. L’uniforme scolaire permet à l’élève d’être directement conditionné au travail, aux devoirs, à la discipline, à la hiérarchie et à la réussite. Son port apporte donc aux élèves, les bases du bon comportement, du savoir-vivre et surtout de la concentration lorsqu’ils sont en classe.
Selon les responsables chargés de la mise en œuvre de la politique du port vestimentaire en milieu scolaire au Sénégal, « l’uniforme scolaire constitue un levier important pour créer une atmosphère de travail et de discipline ». Aussi, ajoutent-ils, elle permet aux élèves d’installer de bonnes habitudes comportementales, de développer le savoir-vivre, en évitant « d’accorder de l’importance à l’aspect matériel ou au port vestimentaire des camarades ». Ce n’est pas tout.
Le port de l’uniforme augmente « la sécurité de l’élève » dans l’espace scolaire comme sur le chemin de l’école et aide à repérer facilement un intrus, évoque dans son rapport, le ministère de l’Éducation nationale du Sénégal. De même, ajoute le même rapport, en situation d’urgence, la tenue scolaire peut faciliter « l’identification » de la victime et aider ainsi à disposer des contacts nécessaires.
Cette mesure avait été annoncé par le président de la République, Macky Sall, en avril 2021. « L’Etat en supportera en partie la charge par une subvention, et la confection des tenues sera exclusivement locale pour soutenir notre secteur couturier dont le savoir-faire est apprécié bien au-delà de nos frontières », indiquait le chef de l’Etat.
Bakary Fomba
Source: Sahel Tribune