Les nations les plus développées sont généralement celles qui ont porté un accent particulier sur l’importance de l’éducation. Les avantages de l’éducation sont indéterminables et sans elle, aucun pays ne peut prétendre à un développement digne de ce nom. Parlant de l’éducation comme le socle de tout développement, Nelson Mandela disait: « l’éducation l’arme la plus puissante pour changer le monde ».
Qu’en est- il de l’éducation au Mali pendant ces cinq dernières années et dans toute sa dimension ?
La vague de l’arrivée des enseignants
Le taux chômage augmentant d’année en année est devenu un fléau à combattre par tous les moyens possibles. Pour ne pas être vu comme une bouche à nourrir, chose qui est naturellement une honte dans notre société, pour qui sait. Beaucoup de jeunes n’ayant pas le choix sont obligés de taper à plusieurs portes. Le nombre de participants au concours d’entrée à l’Institut de Formation des Maitres s’accroit. Même les détenteurs d’une maitrise (Bac+4) y participent quand bien même que le niveau de cette formation (bac+2) est inférieur à leur diplôme. Aujourd’hui, on constate que beaucoup de gens participent avec détermination au concours d’entrée à l’École Normale Supérieure Bamako (ENSup) pour finalement exercer le métier d’enseignant étant donné que c’est la seule voie de réussite. Devenir enseignant n’est, dans l’ensemble, pas une question de vocation mais plutôt un lieu où l’on peut se caser pour survivre si l’on peut le dire.
C’est pour ces raisons que, depuis quelques années, le métier d’enseignant est convoité par tous. Mieux vaut être enseignant que de rester sans emploi et à la Mercie des autres selon la plupart des gens. A noter aussi qu’il existe des enseignants par l’amour du métier, des personnes désirant transmettre leurs connaissances et compétences aux autres.
De façon générale, il s’avère que la vague explosive de l’arrivée de plusieurs types d’enseignants a joué sur la qualité de l’enseignement. Quand on exerce une fonction juste pour échapper au chômage, il est difficile qu’on le fasse dans le respect de l’art.
Les conditions de vie des enseignants
Durant ces cinq dernières années, les enseignants ont connu quelques augmentations de salaires même si cela fut obtenu suite à des grandes luttes. En 2014, l’époque où Moussa Mara était à la tête de la primature, tous les enseignants obtinrent une prime; et une prime de zone pour ceux-là qui exercent dans les zones de risques (le nord du pays).
Ensuite, grâce à la lutte de l’UNTM, tous les travailleurs du pays y compris les enseignants parvinrent à gagner une augmentation de 10% sur les salaires. Ces différentes petites augmentations n’ont pas assez amélioré leurs conditions (enseignants).
Après des jours de grèves, les enseignants du niveau fondamental et secondaire arrivent récemment faire signer leur statut personnel. Un statut qui leur permet non seulement l’amélioration des conditions de travail mais aussi l’augmentation des points de l’indice salarial. Rappelons que cette situation n’est pas définitivement close pour le moment. Le processus est en cours de traitement.
La qualité de l’enseignement/niveau d’études des élèves
D’abord, les enseignants manquent de formations continues. L’État en est responsable.
Après la formation professionnelle entre les quatre murs de la classe, il est rare de voir les enseignants participer normalement à des formations continues. Il est important de permettre aux enseignants d’actualiser, à travers des formations, leurs compétences afin de pouvoir répondre aux besoins des élèves, nous a-t-il laissé entendre un enseignant dans l’anonymat.
« On a beau être efficace, pendant un moment il faut changer de méthode, de rythme pour se faire comprendre. C’est lors des formations que chacun résume les problèmes rencontrés avec les élèves. Ainsi, plusieurs propositions de solutions apparaissent », s’est-il exprimé un autre pour répondre à une question relative à la qualité de l’enseignement.
Ensuite, parlant du niveau d’études des élèves, diverses réponses ont été prononcées. La plupart des gens trouvent qu’il n’a y pas eu d’amélioration de niveau chez les élèves pendant ces cinq dernières années. Que ça soit l’école publique ou privée, le niveau des élèves reste le même. A ce titre, selon certains enseignants bien que le cours soit expliqué dans tous les détails, une grande partie des élèves ratent la moyenne après une évaluation. A noter qu’il s’agit de la majorité sinon il existe quelques élèves qui font le poids.
Nous signalons que des enseignants du second cycle fondamental et de l’enseignement secondaire se plaignent tout le temps car la moitié des élèves passent près que l’année à sécher les cours. Comment peut-on acquérir un niveau requis si l’on ne suit pas régulièrement les cours? Même ceux qui participent aux cours ont du mal à situer normalement.
En plus, les responsabilités des parents font défaut : Pour justification, nous rejetons incessamment la faute sur les enseignants sans pourtant indexer les parents. Nous critiquons le niveau de ceux-ci en oubliant que la plupart parents n’assument pas leurs responsabilités. C’est du laisser-aller! Combien de parents se rendre à l’école pour se renseigner de la situation de leurs enfants? Ça se compte à bout de doigts. Il va de la responsabilité des parents de faire un suivi permanent de l’enfant.
Il arrive souvent que certains parents sont convoqués à l’école pour mieux saisir la situation de l’enfant. Mais ils n’y vont jamais.
Enfin, les multiples grèves sont aussi source du manque de niveau requis chez les apprenants. De 2013 à nos jours, les apprenants ne sont pas évalués normalement à cause des grèves des enseignants. Les examens de fin d’année sont difficilement organisés. Et l’État reste inerte et observe le mal se propage avant d’intervenir. Voilà un facteur qui a également engendré la baisse de niveau chez les élèves.
Par ailleurs, au niveau de certaines écoles privées, on ne tient absolument pas compte du niveau de l’apprenant. Puis que les parents déboursent de l’argent; on s’en fout du reste. Il faut que l’enfant avance. Ces écoles bafouent l’éducation des enfants. C’est à cause d’elles qu’on rencontre aujourd’hui des diplômés analphabètes.
Que chacun (enseignants, promoteurs d’école, parents et gouvernement) se fasse un examen de conscience et sache qu’une meilleure éducation repose sur sa responsabilité.
A.S
SOLONI