Il y a 9 ans, le processus de paix et de réconciliation avait été engagé à la mi-juillet 2014 et a abouti, le samedi 20 juin, à la signature de l’Accord du 15 mai de la Coordination des Mouvements armés de Kidal au cours d’une cérémonie très émouvante à Bamako. Puis, s’en est suivi pour le reste. Des moments symboliques certes, mais de portée très significative pour tourner une page de notre nation déchirée par des années de crise. Voilà, encore que notre pays risque de se replonger dans une autre guerre avec certains de ses fils rebelles alors que ce vaillant peuple n’aspire qu’à la paix, à son unité et à sa cohésion légendaire.
En dépit de tous les scepticismes et de tous les doutes, de tous les pessimismes déchantant et des prophéties apocalyptiques, un Accord inclusif et global a été scellé entre les fils du pays pour tracer ensemble les sillons de la paix et semer les graines de la réconciliation. Oui, le Mali sous d’IBK y est parvenu ; envers et contre tous les nageurs en eaux troubles par la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger après de nombreux rounds.
Ce que l’histoire retiendra du 20 juin, date à laquelle la CMA a signé le document, au-delà de la vive émotion de l’Élu du peuple, c’est la volonté commune et partagée d’une Nation déchirée de taire les armes qui ont trop longtemps endeuillé et divisé ses fils pour retrouver leur revivre ensemble dans l’unité, la paix et la réconciliation.
A l’époque, si on avait chanté le ‘’Janjo’’ de la paix retrouvée par la fin de la belligérance entre l’armée régulière et les rebelles, maintenant tous les signaux de la récidive des événements de 2012 sont là par la remise en cause de l’Accord avec la reprise des hostilités depuis l’occupation du camp de Ber par les Forces armées maliennes contre les rebelles de la CMA.
Ces événements ont été suivis encore ce week-end par des attaques entre les forces armées maliennes et les combattants de la CMA dans le nord de notre pays. La CMA a annoncé avoir abattu un avion des FAMa, en revanche la hiérarchie militaire parle d’un crash de l’un des hélicoptères de l’armée nationale alors que plusieurs sources annoncent des frappes aériennes contre des positions des rebelles confondus aux terroristes.
Dans tous les cas, notre pays traverse encore un autre contexte très particulier dont les responsables ainsi que ceux des groupes armés doivent se remémorer des engagements pris il y a 8 ans pour éviter au Mali et à son peuple une autre déchirure. Parce que la paix dans une famille se construit par la patience, la pédagogie, la compréhension, l’ouverture et l’acceptation mutuelles. C’est ce challenge que nous sommes appelés à réussir pour consolider la confiance et maintenir la collaboration entre les fils, tout en clarifiant cependant des points de l’Accord et se dire certaines vérités et de poser des bonnes questions.
C’est cela aussi la famille qui souhaite surmonter des moments de difficultés. L’Accord issu du processus d’Alger paraphé à Bamako réconcilie-t-il encore les Maliens ?
Il n’y a pas à fignoler : cet Accord attise de plus en plus les clivages, même s’il a mis en veilleuse l’état de belligérance entre les FAMa et les combattants de la Coordination des mouvements armés (CMA) jusqu’aux derniers événements à Ber. Il y a eu de monumentales défaillances dans la mise en œuvre de l’Accord, d’autant plus que des engagements ont été pris qui n’engagent personne. Que ce soit le Gouvernement, les mouvements signataires ou la communauté internationale, chacun s’en délivre de la pire des manières. Des faits qui étaient annonciateurs de la reprise des hostilités depuis quelques jours.
En matière d’instauration de la paix, il n’y a que deux écoles, soit c’est par le dialogue, soit par l’épreuve de la force. Or, pour notre pays ouvrir deux fronts contre les terroristes et les rebelles est un pari très risqué.
PAR SIKOU BAH
Info Matin