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EDITORIAL: La vérité pour exorciser les vanités

Le peuple du Mali, par la voix des participants aux Assises Nationales de septembre 2020, a doté la Transition d’une charte et d’une durée de 18 mois dont l’horloge a commencé à tourner à partir de la prestation de serment du Colonel à la retraite Ba Ndaw, le 25 Septembre 2020. La charte précisait les tâches prioritaires à réaliser dont le couronnement est l’organisation d’élections générales, libres, inclusives et transparentes. La première mi-temps, conduite par le Président Ba Ndaw et son Premier ministre, Moctar Ouane, a magistralement ignoré les forces politiques et autres acteurs syndicaux ainsi que la société civile. Les forces populaires, qui ont manifesté pendant plusieurs mois contre la mal gouvernance du régime IBK, se sont senties marginalisées, exclues, ostracisées. Les grèves et l’insécurité ont pris de l’ampleur, presque partout dans le pays.

Le 24 mai 2021, le Colonel Assimi Goïta, jusque-là vice-Président de la Transition, a dit avoir mis fin aux prérogatives du couple Ba Ndaw/Moctar Ouane. Raison impérieuse invoquée par le jeune officier supérieur :  la nécessité, selon lui, de « rectifier la trajectoire » de la Transition. Muni de ses habits de nouveau Président de la Transition, Assimi Goïta a prêté serment le 7 juin 2021. Dans la foulée, le nouveau locataire de Koulouba a porté son choix sur Choguel Kokalla Maïga, président du Comité stratégique du M5-RFP, pour être le chef d’orchestre du gouvernement.

Comme lors de la 1re mi-temps, beaucoup d’espoirs ont été fondés sur le caractère inclusif et la mise en commun de toutes les volontés pour sortir notre pays de l’impasse. Malheureusement, au lieu d’embrasser la logique salvatrice du rassemblement, la gouvernance mise en marche s’est ingéniée à une entreprise de clivage. On a assisté à une catégorisation des Maliens en” bons patriotes” et” mauvais citoyens” selon qu’on encense la Transition sans discontinuer ou qu’on ait des idées contraires. Des” vidéomen” et autres laudateurs sélectionnés pour la cause se sont même dit prêts à vous tanner la peau, si par malheur il vous arrivait de piper autre mot que ceux qui consistent à chanter la gloire du Prince.

Le Premier ministre Choguel, à la rancune tenace, ne rate aucune occasion de vilipender les acteurs de la Démocratie. Le débat d’idées et les forums contradictoires sont téléguidés ou, pire, autocensurés.

La fin de la deuxième mi-temps, prévue pour le 27 février 2022, faute d’avoir réussi à exécuter l’essentiel des tâches indispensables à l’organisation d’élections générales, sera prolongée avec les mêmes tares.

L’inclusivité, le dialogue de vérité et l’engagement sincère sont quelques critères indispensables à la réussite d’une Transition. Il est évident qu’en poursuivant avec les Institutions de la Transition en l’état, et surtout avec cette politique d’exclusion, d’invectives et de menaces ; la réussite ne sera qu’un mirage.

Les effets des sévères sanctions de la CEDEAO commencent à peser sur le Malien lambda. Il est impérieux de réunir l’ensemble des acteurs politiques et sociaux autour du Mali, d’élaborer un chronogramme réaliste et de renouer le dialogue avec tous nos partenaires afin de sortir notre pays de cet imbroglio dans lequel il est enlisé. La témérité n’est pas la bravoure.

La seule étincelle de satisfaction qu’on aperçoit est la relative accalmie sur certains fronts grâce aux multiples efforts des Forces armées et de sécurité maliennes, et qui demande à être consolidée.

La Justice, qui est le pilier central de la démocratie, avait, elle aussi, suscité beaucoup d’espoirs. Avec les ouvertures d’enquêtes depuis la tentative d’assassinat sur le Colonel Assimi Goïta, à la Grande Mosquée de Bamako, jusqu’à la distribution incriminée des logements sociaux, en passant par le verdict “surprise “du procès de Bakary Togola ; les citoyens avaient commencé à voir renaître en eux une nouvelle flamme.

Mais aujourd’hui, beaucoup de nos compatriotes, ressentant comme un goût d’inachevé, restent perplexes quant à la suite des enquêtes.

 Si l’on veut poser les soubassements d’une société prospère, il est indispensable d’éviter de donner aux Maliens le sentiment d’une Justice aux ordres ou à deux vitesses.

Le Mali kura est à ce prix.

Qu’Allah veille sur notre Mali !

Hamidou Konaté

 Source: journal les échos Mali

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