Le temps de l’état d’urgence, on avait pensé que les cortèges sauvages sur fond de conduites irresponsables n’émailleraient plus les mariages bamakois. Erreur ! Les scènes de mariage « folles » reprennent et se multiplient à Bamako, avec leurs lots hebdomadaires de rodéos, de courses endiablées, d’accidents et… de morts surtout.
A Bamako, les jours de mariage, jeudi et dimanche spécialement, sont redevenus synonymes de grands dangers pour tous les usagers de la circulation. La raison ? Les cortèges endiablés de jeunes motocyclistes et automobilistes ont repris droit de cité au cœur des routes de la capitale.
Sans retenue, en violation totale du code de la route, au mépris des risques énormes qu’ils encourent et font encourir à autrui, les accompagnateurs insensés des mariés se lancent dans des rodéos stupéfiants au milieu de la circulation. Une fois le mariage scellé à la mairie, les véhicules, bondés à craquer de jeunes, envahissent les routes dans un bruit assourdissant. Et place alors à la course effrénée, comme dans une compétition de Formule 1 ! Pire, des motos, sur lesquelles sont installées trois personnes, font du 100 à l’heure en se faufilant, pneus avant en l’air, entre des voitures qui peuvent les écraser au moindre coup de volant.
Ainsi, gestes acrobatiques sur les engins deux-roues au rythme du ronflement tambouriné des moteurs et des concerts de klaxon, encanaillement assumé au volant, conduite en état d’ébriété etc. ; voilà ce qui décrit de nouveau les scènes de ces cortèges sauvages à Bamako.
Ces actions irresponsables et hyper dangereuses sont opérées autant par les jeunes filles et les jeunes garçons. Le soulèvement intempestif des pieds et des mains, les positions debout sur les motos et l’exhibition du buste à travers les portières des véhicules etc. ; on se saura compter et conter toutes les inconduites répugnantes qui, de l’aveu même de beaucoup de ces jeunes motards et chauffards, rendent un mariage « plus fun ». De quoi faire littéralement rimer « mariage » avec « incivisme » dans la circulation.
Les cérémonies de mariage sont censées être des occasions de réjouissances positives. Elles sont malheureusement devenues des lits de cauchemars en tous genres, surtout pour les usagers innocents qui, très souvent, deviennent des victimes fauchées par un conducteur irresponsable enivré par l’excès de joie d’un mariage auquel il n’a été invité que par canal indirect. En effet, plusieurs mariages tournent au drame et se transforment en ambiance funéraire parce que, peut-être entre la mairie et le lieu du banquet, un jeune conducteur indélicat aura jugé bon de s’écraser le crâne sur la chaussée. Car, parfois, les auteurs de ces dérapages festifs sont eux-mêmes victimes de leur acte.
Une montée en flèche inquiétante d’une forme d’incivisme qui reprend d’autant plus d’ampleur qu’elle ne semble émouvoir les autorités que faiblement. Sinon, comment expliquer que les rodéos se multiplient au vu et au su des agents de police qui préfèrent s’occuper d’autres infractions au lieu de sévir contre les cortèges maritaux fauteurs de trouble qui mettent la vie des autres en danger ?!!!
Les rodéos fous ne sont hélas ! pas les seules manifestations visibles de nos mariages « fun » à la bamakoise. Prêts à tout pour tordre le cou à la loi, les organisateurs et accompagnateurs de mariages s’en donnent aussi à cœur joie à l’occupation anarchique des artères. Avec les désagréments que l’on connaît : notamment la mobilité très difficile pour les usagers de la route. Du coup, les embouteillages surgissent au niveau de plusieurs voies de la ville.
Pourtant, face à ce double problème, aucune sanction de la part des autorités n’est mise en place. Or, plusieurs agents de la sécurité routière assistent couramment à ces dérapages. Il est souhaitable, même indispensable, que les pouvoirs publics agissent, sévissent et interdisent les cortèges loufoques qui ambiancent nos mariages bamakois. Ce faisant, chacun de nous pourra sortir de chez lui et emprunter la chaussée (les dimanches et les jeudis) sans avoir la peur au ventre.
Fatoumata Boba Doumbia et Mohamed Meba TEMBELY
Source: journal les échos Mali