On ne choisit pas ses alliés. Hier contre le communisme, aujourd’hui contre le « terrorisme ». Le président Macron en a fait, mardi, une nouvelle fois la démonstration lors du sommet de N’Djaména (Tchad) sur le Sahel. Sur les pays qui composent le G5 Sahel, il s’est réjoui des « réussites démocratiques » de deux d’entre eux, le Niger et le Burkina Faso, où des élections se sont tenues dans de bonnes conditions. Difficile d’en faire autant pour le Mali, après le coup d’Etat militaire qui a renversé, en août dernier, le président IBK démocratiquement réélu en 2018. Emmanuel Macron n’en a pas moins remercié son successeur autoproclamé Bah N’Daw et les nouveaux dirigeants qui ont « donné plus de gages que les précédents » dans la lutte antiterroriste…
Selon l’indice de démocratie de The Economist, tous ces régimes peuvent être qualifiés d’« autoritaires », avec une note inférieure à 4 sur 10, le pompon revenant au Tchad et son maigre 1,55/10. Mais on ne va pas se fâcher pour si peu alors que ce pays accueillait le sommet et qu’il venait d’annoncer l’envoi d’un bataillon de 1 200 soldats au Mali, alors même que la France a dû renoncer à retirer une partie de ses troupes, comme envisagé un temps.
Au pouvoir depuis 1990, le président tchadien Idriss Déby va entamer son sixième mandat, alors que la constitution, récemment modifiée, lui permet de rester au pouvoir jusqu’en 2033. Déby sait qu’il peut compter sur la France en cas de menace : en 2019, notre armée de l’air a encore détruit, à sa demande, une colonne de rebelles dans le nord du pays.
On prête à Franklin D. Roosevelt cette phrase au sujet d’un dictateur nicaraguayen : «Somoza may be a son of a bitch, but he’s our son of bitch. » On ne choisit pas ses alliés, c’est exact. Peut-être devrait-on parfois y regarder d’un peu plus près, car l’ennemi que nous combattons au Sahel se nourrit aussi des abus commis par nos amis.
L’Opinion