L’Imam Mahmoud Dicko reste égal à lui-même, s’érigeant en partisan du dialogue jusqu’aux ongles. La négociation plutôt que la guerre ; cette vérité, il l’avait craché à la face du Président IBK, avant la visite de Moussa Mara, en mai 2014 à Kidal.
Le président du Haut conseil islamique du Mali invitait le chef suprême des Armées, à privilégier le dialogue plutôt qu’une hypothétique victoire sur ses propres compatriotes, ou au pire plutôt qu’essuyer un échec cuisant. Notre pays n’a pas échappé à cette dernière thèse. Il est incontestable que la situation actuelle s’explique par la gestion des conséquences de cette aventure hasardeuse. Jadis considéré comme le centre du pays, Mopti est devenu une zone des rencontres pour ne pas dire une frontière. « Oui, Mopti le point des rencontres », indique l’Imam Dicko, en prenant bien des précautions. C’était samedi 4 novembre, lors de la visite du Premier ministre dans la région, sur des braises. Pour lui, rien que le dialogue et la compréhension avec l’ensemble des enfants du pays pour parvenir à une paix durable. C’est de ces concertations que sortira une orientation pour la jeunesse, car l’Etat malien n’en a pas, indique Mahmoud Dicko.
L’ancien Ambassadeur du Mali en Guinée équatoriale, le Général Ismael Cissé ne dit pas le contraire, prônant un élargissement de l’accord et une prise en compte dans les négociations, des combattants du centre, ces enfants du pays restés jusque là en marge du processus de paix. Imam Dicko et Général Cissé ne disent pas autre chose que l’ouverture des négociations avec Amadoun Kouffa et ses hommes pour que le Mali retrouve la paix. Ce n’est pas l’avis du Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga, qui semble être venu à Mopti en chef de guerre. Il requiert, pour mater les fauteurs de troubles, la dénonciation par les populations, des hommes qui se disent djihadistes et qui ne sont pas des musulmans.
Le Premier ministre opte pour l’équipement à outrance de notre armée pour arriver à bout de l’insécurité. Pour lui, nos troupes doivent adopter la même habitude, être à pied, en motos, ou en pinasse comme ils font, pour les traquer. Après ce discours, c’est la confusion, car on se demande bien ce que le Premier ministre est allé faire à Mopti : négocier la paix ou déclarer la guerre ? La lecture qu’on peut en faire c’est que la mission du Premier ministre à Mopti manque de cohérence, le message n’est pas le même d’un participant à l’autre, ce qui indique le manque de préparation et l’absence de concertation en amont de cette mission. On se demande bien ce qu’une mission mal emmanchée peut produire comme résultat.
B. Daou
Source: Le Républicain