Convoqués le jeudi 25 février, devant la Cour assises, dans laffaire de lassassinat des 21 bérets rouges en 2012, le putschiste Sanogo et sa bande nont pas encore été jugés pour la énième fois. En effet, le procès a été renvoyé au 11 mars, au motif que des magistrats, qui avaient en charge le dossier, sont affectés récemment dans dautres juridictions.
Pourquoi sachant bien que la date daudience est bien connue, des juges sont mutés à quelques jours de celle-ci ? Est-ce une pratique dilatoire ?
En tout cas, ce procès a trop duré et tout indique que lon sachemine vers une absolution du crime. Celui-ci a été commis et les victimes ont été retrouvées dans une fosse commune à Diago, dans le cercle de Kati, non loin de Bamako.
Des expertises ont été engagées par la justice et les présumés accusés ont été mis sous les verrous.
Un juge honnête,Yaya Karambé, a commencé un travail extraordinaire pour instruire le dossier. Il en sera vite dessaisi pour être envoyé loin du pays, dans un consulat à Khartoum.
Mécontente de lévolution du dossier très sensible, la CPI, à travers le procureur Fatou Bensouda, se rend à Bamako : « Nous réunissons des preuves et nous faisons notre travail. Les enquêtes continuent… ». Cétait en octobre 2017, aux côtés du ministre de la Justice dalors, Me Mamadou Konaté.
Depuis la justice malienne a pris laffaire au sérieux pour éviter quelle ne tombe entre les mains de la CPI. Ce qui a abouti à la liberté provisoire des accusés le 28 janvier 2020, après sept ans de détention.
Auparavant, le régime défunt, celui dIBK, avait entamé une démarche auprès des familles des victimes, afin quelles pardonnent, en compensation dune somme importante, estimée entre 30 à 40 millions de nos francs par famille.
Ce nest pas tout. Des logements sociaux sont également proposés aux intéressés et dautres avantages immatériels tels que lemploi pour des ayant-droits.
Le dossier sest petit à petit dégonflé, les familles qui criaient régulièrement dans la presse et sur les réseaux sociaux sont devenues muettes. Létau autour du pouvoir sest desserré. Les parents des victimes et les proches de Sanogo et consorts ont cessé dattaquer le régime en place. Les deux parties au procès trouvaient leurs comptes dans la solution préconisée par les pouvoirs publics.
Quant à la justice, la grande perdante, elle multiplie les reports dun procès, au départ, annoncé retentissant à Sikasso, lors de son ouverture en novembre 2016. Malheureusement, les arrangements politiques ont pris le dessus sur la justice.
Tout porte à croire que Sanogo et co-accusés pourraient être absouts du crime, parce que la partie civile désiste. Elle ne veut même plus témoigner. Le dossier a été complètement vidé. Les ayant-droits ont préféré le matériel à la justice. Hélas !
Laction publique, conduite par le premier des poursuivants, le ministre de la Justice, doit pouvoir aboutir pour éviter que cette affaire ne soit pas laissée au chapitre des pertes et profits de la transition de 2012. Sinon, elle pourrait faire des émules, (que Dieu nous en garde !) surtout que nous sommes encore dans une transition.
Wa Salam !
El Hadj Chahana Takiou
Source: Journal le 22 Septembre- Mali