Statut du chef de file de l’opposition, budget de fonctionnement, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta a rendu cela une réalité. A l’époque, tout le monde jugeait cette action d’IBK salutaire car elle permettra à l’opposition de jouer pleinement son rôle de contrepouvoir. Elle veillera, alertera à chaque fois que les gouvernants prennent des directives qui peuvent menacer la stabilité du pays. Chose ainsi faite par l’opposition depuis le début de son fonctionnement. Rien ne lui échappe. Elle investit, informe le peuple, conseille les autorités à revoir leurs copies.
Cette posture salutaire en démocratie est vue d’un mauvais œil par le Président de la République et ses proches. Au lieu de voir en cela des critiques constructives, ils clament sur tous les toits que l’opposition n’a autre mission au Mali que d’insulter le président et saboter ses efforts pour des desseins inavoués.
IBK dans ses réponses aux diatribes des opposants perd le contrôle. Il affirme que le rôle de l’opposition dans la construction de la Nation n’a rien servi. IBK va loin en affichant sa ferme volonté de couper le budget de fonctionnement de l’opposition qui s’élève à 500 millions de nos francs. Car pour lui, ça ne sert à rien et le Mali n’a pas de l’argent à jeter par la fenêtre.
C’est devant la société civile que le président de la République a tenu ses propos. IBK se victimise et promet d’aider la société civile compte tenu de ses efforts inlassables pour le bonheur du Mali. Il parle de corruption. « Ce n’est pas une manière de vous corrompre ». Alors quel sera son sort le jour où cette société civile décidera de critiquer la gestion d’IBK après avoir reçu, suite aux instructions du président, l’argent de l’Etat ? Sera-t-elle aussi traitée comme l’opposition ?
On comprend aisément qu’au moment où IBK prenait cette décision, il visait autre objectif. Museler l’opposition ? Certainement.
Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition dans une sortie a mis le pied dans les plats de la convention de la majorité présidentielle. L’avion d’IBK coûte au contribuable malien plus de 700 millions chaque trois mois uniquement dans les entretiens. Le président, son premier ministre et le président de l’Assemblée Nationale touchent aussi une somme globale avoisinant 200 millions par mois.
On appelle cela de la dilapidation des maigres ressources de la République surtout en période de crise.
Au-delà de ce constat, la gouvernance IBK a fait perdre à l’Etat malien des centaines de milliards. Les rapports du Vérificateur général sont édifiants. Qu’a-t-il fait pour mettre le Mali dans ses droits ? Rien. Alors pourquoi s’en prendre gratuitement à l’opposition ?
Si certains opposants étaient des marionnettes entretenus par le régime pour tout simplement les faire taire dans le temps, ceux d’aujourd’hui disent se battre pour le Mali et aucun sacrifice n’est de trop. Donc qu’IBK fasse ce qui lui semble bon. L’opposition dénoncera même demain si ça ne va pas.
C’est son rôle. Si elle ne l’accomplit pas, c’est le peuple qui se dressera contre elle.
Boubacar Yalkoué
Le Pays