Les Maliens sont fatigués. Très fatigués. Trop fatigués. Fatigués d’une misère, de plus en plus, rampante. Fatigués d’une pauvreté, de plus en plus, endémique. Près de sept familles sur dix peinent à s’offrir trois repas par jour. Dans certains quartiers de notre belle et sale capitale, la misère est si forte que les chefs de famille sont obligés de quitter leur domicile, dès l’aube. Et, plus grave, sur la pointe des pieds.

Parce qu’ils ne disposent pas des 500 ou 1.000 CFA nécessaires pour faire ‘‘bouillir la marmite’’.

Les Maliens sont fatigués. Très fatigués. Trop fatigués. Ils sont fatigués de voir Kidal, comme une République au sein de notre République. Fatigués de la duplicité de la France au nord ; fatigués de l’opacité, entourant l’action gouvernementale. Notamment, dans l’achat de l’avion présidentiel, de la rénovation du palais de Koulouba ou de la gestion de la crise du nord.

Les Maliens sont fatigués. Très fatigués. Trop fatigués. Fatigués de voir leur président de la République s’expliquer, à l’extérieur, sur les questions d’intérêt national. Et pas au Mali.

Les Maliens sont fatigués du silence, pour le moins, assourdissant de nos autorités sur la situation de Kidal, devenue le terrain de chasse de jihadistes et de narcotrafiquants de tout poil.

Les Maliens sont fatigués d’une justice qui fonctionnait et continue de fonctionner selon la célèbre fable de la Fontaine : selon que vous soyez riche ou pauvre, les jugements des tribunaux vous rendront blanc ou… nègre.

Réveillez –vous !, comme dirait l’autre. Car, cette fois –ci, c’est un sommeil de trop. Dormir, c’est mourir un peu. C’est mourir tout court.

Oumar Babi

source:canard déchainé