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Edito : le président et l’étudiant

Lecteurs et lectrices du journal le Sursaut, 2018 a entamé son cors depuis huit jours. Nous saisissons l’occasion pour souhaiter une bonne et heureuse année, que le Souverain Maître-des-Mondes sauve et bénisse notre Patrie : le Mali.

Nous ne vous l’apprenons pas, cela est connu de tous : la jeunesse est l’avenir de la Nation. Pour cette raison, toutes les sociétés humaines ont fait de sa formation et de son information une priorité. Après notre accession à l’indépendance, les pères fondateurs de la République l’ont organisée au sein de la Jeunesse de l’Union Soudanaise RDA (J. RDA). A partir de 1969, l’US-RDA dissoute, les nouvelles autorités ne se sont pas désintéressées d’elle : elle fut invitée à s’organiser, d’abord, au sein des Comités Culturels et de Plein Air (CCPA), ensuite, au sein de l’Union Nationale des Elèves et Etudiants du Mali (UNEEM) et, enfin, au sein de l’Union Nationale des Jeunes du Mali (UNJM). C’est dire que, de 1960, et même bien avant, la jeunesse n’a jamais été laissée à elle-même abandonnée.

Dans le courant du dernier trimestre de l’année 1990, l’UNJM est violemment contestée à cause de son affiliation à l’Union Démocratique du Peuple Malien (UDPM). Chacun a ses versions des raisons de cette contestation. Nous vous proposons ici celle du « premier président démocratiquement élu du Mali ». Dans son autobiographie qui, en maints passages, fait plutôt songer à une auto-hagiographie, il déclare : Avant l’avènement de la démocratie au Mali, l’absence de débats, de liberté d’expression au niveau national se reflétait aussi profondément au niveau de l’école. Les jeunes se sont mis en mouvement, se sont organisés. Ils ont fait ce que les jeunes de leur âge font, ce que les étudiants de leur âge font : les écoles sont devenues des lieux de débats, des lieux de fermentation […] Il apparaissait politiquement important d’apporter des réponses aux préoccupations des jeunes, des élèves, des étudiants après la chute de Moussa Traoré, le 26 mars 1991. C’était la condition de la stabilité du pays. (Un Africain du Mali, page 78).

La suite des événements est connue : les jeunes auxquels la parole a été donnée une fois « le Dictateur » renversé, après avoir saccagé l’IPR de Katibougou, le gouvernorat de Koulikoro, ont fini par s’en prendre à l’Assemblée Nationale, aux domiciles du Président de la République, du ministre de l’Education Nationale, du Directeur National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique… pour les vandaliser. Le lycée de Ségou et celui de Kayes subiront le même sort.  Est-ce « ce que font les jeunes de leur âge, les étudiants de leur âge ? Assurément, non ! En mai 1968, la fronde des étudiants fut telle que, affolé, Charles de Gaulle a fui Paris. Mais, en aucun moment, les jeunes ne s’en sont pris ni aux infrastructures, ni aux institutions pour les détruire.

L’année dernière, un étudiant a été éventré. Cette année, un autre a reçu une balle dans le corps et ne s’en est pas remis. La police fait une descente sur le campus et découvre, horreur, un arsenal. De l’inédit. Tout cela s’est produit parce que sous le couvert de faire des écoles « des lieux de débats, des lieux de fermentation », les élèves et les étudiants furent mobilisés pour mettre en pratique deux slogans : « marches violentes avec casses techniques », « marches violentes avec casses ciblées. »

Dès les années 1980, un étudiant avait compris où peut mener l’instrumentalisation de la jeunesse. Il s’est récemment exprimé en tant qu’internaute, comme pour donner la réplique au « premier président démocratiquement élu du Mali ». Nous vous proposons son témoignage, expurgé de ce que nous considérons comme susceptible de vexer certains :

« Kinguiranke 25 Déc 2017 at 10:53

Madame, merci pour cet article qui en dit beaucoup sur les pseudo-politiciens qui ont utilisé l’Ecole Malienne à leurs fins, j’ai lutté contre l’UNEEM de Tiéblen Dramé et de Barou le fou Mariko car pour moi leurs ambitions n’étaient pas une école meilleure mais leurs objectifs égoïstes et personnels. Les deux ont mis Cabral sur place pour le sacrifier et utilisé sa mort pour leurs fins politiques. Je n’ai jamais accepté que les étudiants de l’Ecole Nationale de Médecine et de Pharmacie du Mali fassent partie de la horde des casseurs et des délinquants, j’ai rencontré beaucoup de blâme et de haine sur mon chemin mais j’ai résisté aux menaces et aux injures même du Prof  Ngolo Traoré alors Ministre de GMT et de son ami fidèle Pr Ali Diallo qui me regardaient comme un antidémocratique. Nous savons que l’Université est le lieu du débat d’idées et qu’elle est un instrument de l’avant- garde mais elle ne doit pas être un instrument politique aux mains des vagabonds et incompétents qui ne cherchent qu’à asseoir leur pouvoir personnel. […] Nous disons aux politiciens de laisser l’Ecole Malienne en paix afin que nous enfants, ceux des pauvres, puissent étudier et devenir des travailleurs du futur pour de développer le Mali. »

Nous ne sommes pas de ceux qui prônent la suppression d’une association de jeunes. Il est normal que ceux-ci aient un cadre pour s’exprimer. Mais nous sommes pour une association qui, comme dans le courant des années 1960, choisit ses dirigeants à la lumière des qualités que sont : la responsabilité, le travail, le respect de l’autre.

 

LA REDACTION

Le Sursaut-Mali

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