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Edito : Le grand oral en bamanakan

Choguel Maïga est annoncé sur les plateaux d’Africable les dimanche 15 et mardi 17 avril pour la reprise de l’interview des 8 et 10. Il ne s’agit pas de n’importe quelle reprise. D’après les organisateurs de l’émission, plus d’un téléspectateur aurait souhaité  entendre le président du MPR s’exprimer en Bamanakan. Accord de l’intéressé, vive appréhension de certains militants : le président réussira-t-il ce qu’il a réussi en français, une émission qui n’a laissé personne indifférent, qu’on l’ait appréciée ou non ? Pourtant, Choguel vint et Choguel, de nouveau, a édifié. Sur plus d’un point ; dont les deux suivants : le 26 mars 1991 et l’élection présidentielle de juillet 2018.

Le 26 mars. Enfin, une autre version de l’événement a été développée, dates et chiffres à l’appui ; ce qui rend difficile la contestation. Déjà, sur le 26 mars, des voix s’étaient élevées, pour dire qu’il est différent de ce que ses acteurs en ont dit : voix du « soldat de la démocratie », Amadou Toumani Touré, voix de l’ancien secrétaire général de l’UNJM, Oumar Kanouté. Avec ce que Choguel a ajouté dans le courant de ce mois d’avril avec quatre passages sur le plateau d’Africable et une rencontre organisée à la Maison de la Presse, les historiens sont en train d’avoir suffisamment de matériau pour écrire, objectivement, ce qui s’est passé dans la nuit du 26 au 27 mars 1991.

Moussa Traoré a-t-il refusé l’ouverture politique vers le multipartisme comme on l’en a toujours accusé, urbi et orbi ? Non ! Bien avant mars 1991, il a été interpellé sur la question lors des assises de l’UDPM sur la lutte contre la corruption. Il aurait pu éluder la question, un ordre du jour ayant déjà été adopté. Il ne le fit et, le dernier jour de la rencontre, il a augmenté l’ordre du jour d’un point : « questions diverses » et, à l’ensemble des participants, a posé la question : « Le multipartisme, qu’en pensez-vous ? » Le premier intervenant fut le dernier : le secrétaire Général de l’UNTM prit la parole et s’est exprimé ainsi : « Si c’est pour revenir au temps où le RDA et le PSP se tiraient dessus l’un l’autre, cela se fera sans nous ». Personne d’autre n’ayant demandé la parole, la séance fut levée.

Février 1987 : Moussa Traoré a de réels motifs de satisfaction : il a inauguré la route Sévaré-Gao (580 km de bitume mettant fin à un calvaire aux multiples facettes entre Gossi et Gao), sur cette route, a rallié la capitale de la Cité des Askia pour présider la clôture des travaux du séminaire sur la Gestion décentralisée. Les volets « désenclavement » et « décentralisation » du programme de l’UDPM viennent de s’enrichir d’avancées prometteuses. Le Secrétaire général du Parti profite de l’occasion pour demander l’instauration d’un débat sur le multipartisme ouvert, non aux seuls militants, mais à tous les cadres, tous les citoyens de la République. Pour la première fois, ceux qui, depuis 1958 évoluaient dans la clandestinité ainsi que leurs disciples, sont sortis de l’ombre pour critiquer, avec la dernière vigueur, le régime. Aucun d’eux n’a été inquiété pour avoir exprimé son opinion.

Juin 1990 : Conseil National de l’UDPM. Les membres de l’instance entre deux congrès sont divisés : ceux qui veulent du multipartisme ici et maintenant, et ceux qui demandent d’attendre le congrès. Le secrétaire Général tranche : exécutons l’ordre du jour pour lequel nous nous sommes retrouvés et convoquons un conseil national extraordinaire pour en débattre. Mais, le 29 juin, la deuxième rébellion éclate avec les actes crapuleux commis à Tidermène et à Ménaka. La Patrie est en danger. L’on ne saurait, dans ces conditions, parler de multipartisme. 90 jours sont donnés à la hiérarchie militaire pour restaurer l’ordre et la sécurité dans les 6è et 7è régions. Avant l’expiration du délai, la rébellion est circonscrite.

Décembre 1990 : les marches commencent. Elles sont déconseillées, parce que sources potentielles de troubles. Des revendications sont formulées : l’UNTM et l’AEEM demandent la lune : 100% d’augmentation, 200% d’augmentation. Les négociations, ouvertes, sont vite bloquées. L’AEEM a obtenu satisfaction sur toute la ligne, mais refuse de signer la fin de sa grève. Motif : « Nous n’avons pas confiance au gouvernement ». C’était le jeudi 21 mars à 17 heures. Le vendredi 22 mars, à 4 heures du matin, les casses ont commencé, les tueries, dans le courant de la matinée. Et le tout a finalement débouché sur le 26 mars :

Telle est la substance des propos tenus par Choguel Maïga sur le 26 mars. De l’inédit exprimé.

LA REDACTION

Le Sursaut

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