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Édito : frères du Faso, évitez une crise politico-institutionnelle !

Le départ du président de la République. C’est ce que réclament des Burkinabés qui manifestent contre la détérioration de la situation sécuritaire. Ils reprochent à Roch Marc Christian Kaboré d’être incapable d’apporter la sécurité aux Burkinabés. Les conditions des militaires sur le front sont également dénoncées par le mouvement en colère. Comme solution, les manifestants, acteurs de la société civile et des politiques dont l’opposition, appellent à la démission du chef de l’État. La même prescription faite par le M5-RFP contre le régime IBK en 2020 au Mali.

Les difficultés sont certes là. La situation sécuritaire se dégrade chaque jour. Comme au Niger, au Mali, des militaires burkinabés sont tués par dizaines. La sécurité promise n’y est pas. Les conditions des militaires sur le front sont déplorables. Des jeunes à la fleur de l’âge sont tués alors que des officiers se trouvent dans des bureaux climatisés comme c’est le cas au Mali. Mais le départ du président est-il la solution ? Doute fort. La situation du Mali devrait servir de leçon pour nos frères du Faso.

En effet, en 2020, le départ de Ibrahim Boubacar Keita était considéré comme la fin de l’insécurité. Beaucoup ont applaudi et ont espéré à une victoire rapide de l’armée malienne sur les terroristes, surtout avec l’arrivée des militaires au pouvoir. Plus d’un an après, la situation sécuritaire n’a guère amélioré. Elle s’est plutôt détériorée. Des villages sont mis sous embargo terroristes. Pendant qu’à Bamako, on est divisé sur les questions des réformes politiques et institutionnelles, les terroristes, eux avancent, et dictent leurs lois aux populations au centre et au nord du pays. Pourtant, ce sont des officiers supérieurs de l’armée qui sont au pouvoir.

Nos frères burkinabés ne doivent pas commettre les mêmes erreurs que le M5-RFP. Le départ du président de la République n’est pas forcement la solution à l’insécurité. Il risque plutôt d’aggraver la situation.

Face à la gravité de la situation, dans le domaine sécuritaire, il faut dénoncer les failles de l’État. Il faut également maintenir la pression pour que les autorités changent leur façon de travailler, surtout en matière de lutte contre le terrorisme. La pression doit être maintenue pour éviter le dysfonctionnement au niveau de la chaine de commandement militaire.

Le président Roch Marc Christian Kaboré, bien qu’acculé, semble avoir compris le message, la colère de ses populations. Il a promis de changer la façon de faire. On doit l’accorder une chance tout en maintenant la pression.

En faisant partir le Président en cette période, on risque de faire un cadeau aux terroristes. Si les insurrections populaires conduisent à une prise de pouvoir par les militaires, le pays tombera dans une crise institutionnelle qui risque de rendre service aux terroristes.

La lutte contre l’insécurité se gagnera en se donnant la main, en faisant de l’union sacrée autour de nos armées, mais pas en changeant de président. Évitez les erreurs du Mali, chers Burkinabés.

Boureima Guindo

Source: LE PAYS

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