samedi 30 juillet 2016. La ville de Bamako vivait la tension. L’opération de déguerpissement enclenchée par l’actuel Gouverneur du District, Ami Kane, venait de se buter, pour la première fois depuis le commencement, à la résistance de certains commerçants détaillants. Partie de la place Dibidani, la fronde entre force de l’ordre et  commerçants a fini par s’embraser  à travers le grand marché et environs. Cailloux, pneus brûlés, routes barrées contre gaz lacrymogènes, tirs de sommation, matraques etc. Malgré la résistance du peuple, l’opération a suivi son cours comme pour dire ‘’force restera à la loi’’. Cette journée sanglante a enregistré des dégâts matériels, des blessés etc. Selon les premières informations relayées sur les réseaux sociaux, Mme le Gouverneur a aussi échappé au  lynchage. Devant l’Assemblée Nationale où elle était venait constater l’opération, Ami Kane, par surprise, s’est vue entourer par des manifestants. Elle a eu la vie sauve grâce aux tirs de sommation de son garde rapproché.

Ces tristes faits montrent à suffisance l’état sensible d’une telle mesure de la part des autorités surtout en cette période où le Mali est confronté à d’énormes problèmes tels que la crise du nord, la grogne des jeunes qui réclament de l’emploi etc.  Le Moment est-il propice pour une telle opération ? Des mesures idoines sont-elles définies pour recaser les déguerpis ?

Mme le Gouverneur semble ne pas tenir  compte de ces aspects et du coup, elle vient de mettre de centaine de jeunes, femmes, et hommes,  évoluant dans le commerce informel dans la rue, précisément en cette période hivernale.

Samedi soir, lors du journal télévisé de 20 heures, Ami Kane a présenté ses excuses au peuple ; elle s’est dite surprise de voir cette situation car la décision a été prise de concert avec tous les acteurs, et enfin  elle a été ferme ‘’l’opération va se poursuivre’’.

Les représentants des commerçants (CCIM) ont aussi appelé au calme et au civisme avant de rassurer les commerçant qu’ils sont en pourparlers avec l’Etat afin qu’il les vende ou les loue ses biens immobiliers au niveau du marché. Ces bâtiments seront réaménagés pour y servir de lieux de commerce.

Les griots du Mali appellent également  le peuple au calme compte tenu de la situation du pays. Pour eux, l’opération est au bonheur des maliens et l’Etat a pris des dispositions appropriées au bénéfice des déguerpis.

Trois interventions qui sèment la confusion. Le Gouverneur qui a été touché moralement présente des excuses au regard des dégâts et dit qu’elle poursuivra sa mission. Un acte qui pousse à la révolte.

Les représentants des commerçants disent être en pourparlers avec les autorités  au sujet des bâtiments étatiques. Une preuve qu’aucune mesure n’est callée jusqu’à présent pour recaser les déguerpis. Un acte encore qui pousse à la révolte.

Les griots avancent l’argument contraire des représentants de la CCIM. Selon eux, l’Etat a pris  toutes les dispositions idoines. Alors de qui se foutent-ils ?

Comme au centre-ville, les quartiers de la commune V et VI vivront ce cauchemar aujourd’hui. Des notes ont été notifiées aux commerçants, pendant le week-end,  tout le long des voies  de faire descendre leurs hangars, kiosques etc.

Partout, c’est l’indignation totale. La colère contre IBK dans les causeries. D’autres avancent par ironie ‘’ IBK dit avoir créé 121 000 emplois,  mais il vient de gâter plus d’un millions d’emplois’’.

Après le nord, IBK vient d’ouvrir un second front au sud au nom d’un sommet France-Afrique sans retombées positives pour l’Afrique. Il a certainement le dos large pour supporter les évènements. Les jours à venir seront durs.

Boubacar Yalkoué

Source : Le Pays