Première certitude, l’élection présidentielle aura lieu. Le gouvernement, par la voix du Premier ministre, en a fixé la date : ce sera le 29 juillet 2018. Il est vrai que, durant le quinquennat finissant, bon nombre de scrutins ont été reportés. Mais il n’en sera pas de même pour celui-ci. Les autres dépendaient de nous-mêmes. La présidentielle nous situe vis-à-vis de la Communauté internationale. Or, celle-ci n’entend « collaborer » qu’avec des autorités légalement constituées. Que le pays soit en lambeaux, que les conditions ne soient pas réunies lui importent peu. Pourvu qu’il y ait un président « démocratiquement élu ». L’élection présidentielle ne dépend pas de nous. Il suffit de se rappeler la phrase de François Hollande pour s’en convaincre : « Je serai intransigeant sur les délais ».
Seconde certitude, le président sortant sera candidat à sa propre succession. Il lui aurait été demandé d’y renoncer, d’imiter « l’ami Hollande ». Sa réponse : j’ai mon parti avec moi. Et c’est le parti présidentiel qui s’est occupé d’informer l’opinion publique nationale de la candidature de son fondateur : « Je prends sur moi le soin de déclarer qu’il sera candidat » n’a pas manqué de déclarer Bocary Tréta lors d’une rencontre avec les responsables d’un parti membre de la CMP. L’intéressant, récemment, lors de sa visite à Ségou, n’a pas manqué de donner des assurances sur son état de santé. Que l’on ne s’y méprenne : celui qui, il y a juste quelques jours, a fait le « tawaf » autour de la Kaaba, et, qui sait, peut-être, la course entre Safa et Marwa, est loin d’être un grabataire.
Déjà, l’on a fait sortir la grande artillerie. Que les concurrents se le tiennent pour dit : de Koutiala à Taoudéni, de Kéniéba à Gourma-Rharouss, les manifestations de soutien ne cessent d’affluer. Certains diront que ce sont des villages Potemkine. Mais qu’importe : le président est populaire et savoure la satisfaction d’être en symbiose avec son peuple. L’élection se présente sous de bons augures.
Cependant, tout ne semble pas être au beau fixe pour le camp présidentiel. Il peine à faire de la CMP un bloc sans fissure où, d’une voix unanime, tout le monde déclare un soutien franc au président sortant. Au sein de l’opposition, c’est l’expectative. Ici, la question est : Partirons-nous ou ne partirons-nous pas ? Serons-nous candidat ou ne serons-nous pas candidat ? Là, l’on est à se rechercher pour s’assembler, convaincu que seule une solide coalition peut autoriser l’alternance. La situation au sein de l’opposition constitue la première source d’incertitudes.
La seconde source d’incertitudes est constituée par la situation sécuritaire. Le Premier ministre n’a pas dit que l’élection aura lieu « partout où c’est possible », mais « sur toute l’étendue du territoire national ». Or, d’une part, bien des régions échappent totalement au contrôle de l’Etat ; d’autre part, des conflits intercommunautaires d’une rare acuité jettent le doute sur la possibilité d’offrir à tous les citoyens le moyen de s’exprimer pour désigner celui qu’il juge apte pour orienter les destinées du pays les cinq ans à venir.
Cette source d’incertitude amène à se pencher sur le devenir du Mali. Récemment, un débat, ou, plutôt, une rencontre a eu lieu sur Africable avec, comme thème : Où va le Mali ? La réponse à la question, à la lumière de ce qui s’est dit par les uns et les autres, n’inspire pas l’optimisme. L’accent a été mis sur la faillite de l’Etat avec : la destruction de l’armée, la destruction de l’école, la destruction de la diplomatie.
Pourtant, l’espoir reste permis. « Le Mali trébuche, le Mali ne tombera jamais » a dit récemment un responsable politique. Barkhane et la MINUSMA occupent le pays. Le Conseil de Sécurité l’a pratiquement placé sous tutelle. Comment s’extraire du joug ? Telle est la question qui vaudra, quel que soit celui qui sera élu.
LA REDACTION
Source: Le Sursaut