Evidemment, la feuille de route de l’ex PM Moctar Ouane n’était pas réaliste. Elle était trop ambitieuse pour une Transition de 18 mois. En fonction du peu de temps disponible pour boucler les 18 mois de Transition (il ne reste plus que 8 mois), Choguel Kokalla Maïga doit donc éviter de tomber dans les mêmes travers que son prédécesseur. Il devra alors être réaliste en identifiant très vite les priorités de son Gouvernement afin de pouvoir mettre en œuvre les réformes les plus nécessaires et compatibles, en laissant le soin aux futures autorités élues de mener le reste.
Conformément au souhait de son mouvement, le M5-RFP, le PM Choguel doit donc s’atteler, avec l’ensemble des courants politiques que va compter son Gouvernement (de large ouverture), à la rectification du processus transitionnel. Il doit aussi montrer des signaux forts en faveur de la rupture avec l’ère IBK durant laquelle, ont prospéré la corruption et le népotisme. Mais la question sécuritaire est incontestablement celle qui doit avoir la réponse la plus urgente et la mieux appropriée pour permettre à notre pays de se sortir de la spirale d’attentats terroristes et de conflits intercommunautaires. Il doit s‘évertuer à ce qu’il n’y est plus de no man’s land dans notre pays, à l’instar de Kidal. Le tandem Assimi-Choguel doit, tout en préservant les intérêts supérieurs du Mali, s’atteler à convaincre la Communauté internationale, en l’occurrence la France, de continuer à aider notre pays à recouvrer son intégrité territoire.
D’ores et déjà, à l’occasion de son investiture, le nouveau président de la Transition a tenu de rassurer cette Communauté Internationale en affirmant que son pays va «honorer ses engagements vis-à-vis de la Communauté Internationale ». Choguel, lors du premier anniversaire du M5-RFP, avait déjà dit la même chose (il n’était pas encore officiellement PM), tout en demandant aux partenaires militaires extérieurs du Mali de ne pas abandonner notre pays en ces mauvais moments. De toute façon, Assimi Goïta et Choguel Maiga vont certainement continuer de faire des gestes afin de pouvoir rassurer les partenaires stratégiques du Mali, surtout par rapport à la crise sécuritaire. Toutefois, les partenaires et la tutelle extérieure (Minusma-France) doivent à leur tour cesser de trop s’ingérer des questions nationales. Qui doivent rester du seul ressort des maliens.
Par ailleurs, il est clair que les forces vives du Mali ont soif de voir des signaux forts de rupture par rapport à la gouvernance IBK. Il faut donc qu’Assimi Goïta et Choguel produisent illico presto des actes concrets pour convaincre les Maliens qu’ils ne sont au pouvoir que pour les conduire vers leur mieux-être. Cela est nécessaire tant la demande sociale est assez forte. Quid du dossier de la lutte contre la corruption et la promotion de la bonne gouvernance ? Le chef de l’Etat et son Premier ministre pourront-ils maitriser les dissensions au sein de la classe politique ? La tâche ne leur sera pas du tout aisée, mais l’impossible n’est pas malien !
Qu’Allah soit avec le Mali !
Gaoussou Madani Traoré
Source: Journal Le Pélican