« Votre foi en Dieu et votre amour pour le Mali, vous ont amené à un moment historique de la vie de la Nation à tendre vos mains à tous les Maliens notamment les partis politiques et toute la société civile. Et, surtout votre humilité à accepter un document consensuel qui a répondu à nos aspirations. Péripéties d’une démarche, cet accord ne serait possible, si votre engagement personnel à bâtir un Mali de paix, de sécurité et de développement n’avait pas été », tels ont été les propos de Djibril Tall, porte-parole du FSD-SAP, à l’endroit du président de la République Ibrahim Boubacar Keita. C’était lors d’une rencontre, le 17 octobre 2019, de ce dernier avec les partis non membres de l’EPM, mais signataires de l’Accord politique de gouvernance. Ça peut paraitre bizarre, mais ces flatteries d’IBK sont venues de Djibril Tall, ancien opposant et allié à Soumaila Cissé. La politique à la malienne, c’est aussi ça. Flatter le président quand on est dans le bateau, même si la situation se détériore du jour le jour.
Ladite rencontre et son thème étaient, à nos jeux, importants. Parler du Dialogue national inclusif, le soutenir et proposer au président de la République des solutions d’inclusivité sont plus d’une importance capitale. Cela est incontestable. Les hôtes d’IBK l’auraient invité d’aller à la rencontre de ceux qui boycottent le dialogue. C’est aussi une bonne idée, personne ne doit être écartée de ce dialogue qui est considéré comme une chance historique pour le Mali.
Mais cette rencontre devrait être l’occasion pour eux d’analyser les reproches qui ont été faites au dialogue et inviter le président à faire corriger ces manquements. Mais ils ont préféré, à travers Djibril Tall, chanter ce qui plait au « boss », le président IBK. Les erreurs commises par le président, par le gouvernement et qui sont décriées par les boycotteurs ont été sciemment oubliées par les hôtes d’IBK. Djibril Tall a préféré reconnaitre, après 6 ans, « la foi d’IBK en Dieu et son amour pour le Mali » plutôt que de dire au président qu’il a trébuché en clashant Soumaila Cissé sur Jeune Afrique, cela après avoir commencé la décrispation du climat politique. IBK sera certainement content de ces flatteries des siens (même s’ils refusent de l’admettre, ils ne sont plus opposants). Il va certainement penser que tout est rose dans le dialogue. Il ne va, peut-être, pas se rendre compte qu’il y a été un obstacle à la réussite du Dialogue national inclusif depuis qu’il a déclaré que « ça ne sera pas un 3e tour ». Ces flatteries vont, certainement, le rassurer, même si la réalité est tout autre.
Maintenant, après avoir écouté les louanges de ses soutiens, le président IBK doit, à notre avis, aller très rapidement à la rencontre de l’opposition de Soumaila Cissé et de tous ceux qui boycottent le Dialogue national inclusif. Avec le FSD de Soumaila Cissé, il n’entendra pas les mots qui le mettront à l’aise : du genre « votre foi en Dieu, votre amour pour le Mali… », mais ses erreurs depuis la signature de l’accord politique de gouvernance. Le Chef de file de l’opposition et alliés pourront lui (IBK) demander « de faire en sorte que les résolutions du dialogue soient exécutoires ». Ils pourront lui dire, sans ambages, que la majorité présidentielle qui a le plus grand nombre de participants au dialogue, risque d’imposer sa volonté à la minorité : l’opposition et la société civile. Ils pourraient lui demander de ne pas faire de ce dialogue ce qu’il a fait de la conférence d’entente nationale dont les résolutions sont encore dans les bureaux luxueux de Koulouba.
En dehors du FSD, les autres groupements et partis politiques non partants au dialogue dont la plateforme An Ko Mali Dron doivent être écoutés. Ils ne diront certainement pas les mots qui plairont au président, mais qui pourront contribuer à la réussite du dialogue. Pour que ce dialogue soit franc et que tout le monde se reconnaisse dedans, toutes les vérités doivent être dites au président IBK. Les flatteries non méritées ne résolvent rien à la crise ; elles ne contribueront d’ailleurs pas à la réussite du Dialogue. Comme dit un proverbe populaire : « quand ton ami ne te dit pas la vérité, paie ton ennemi pour qu’il te la dise ». Aujourd’hui, le président IBK doit aller vers tous les boycotteurs du dialogue pour savoir ce qui n’a pas marché et apporter les corrections nécessaires, au nom du Mali.
Boureima Guindo
Source : Le Pays