Se faire éditer est un obstacle important pour les jeunes écrivains maliens. En cause, les coûts élevés qu’ils doivent débourser.
Au Mali, écrire n’est pas difficile en soi, mais se faire éditer si. De nombreux jeunes écrivains gardent soigneusement leurs manuscrits dans les tiroirs en espérant un jour se faire éditer. Ce coup de chance, Adama Sanogo, alias l’Écrivain du temps, en a bénéficié. Depuis 2016, il conserve jalousement le texte de sa pièce de théâtre « Ami la Bamakoise ». Il a fait beaucoup de maisons d’édition et les « prix variaient de 400 000 à 3 millions de francs CFA ». C’est finalement en décembre 2020 qu’il a pu être édité grâce à une jeune maison, Prostyle. « L’édition de ce premier livre ne m’a coûté absolument rien. Prostyle avait lancé un concours pour aider dix jeunes écrivains. J’ai postulé et j’ai été sélectionné. L’édition a été gratuite. La réédition également ».
Pour Ibrahim Mallé, directeur général de Prostyle Édition, les 10 jeunes sélectionnés ont été publiés et chacun devrait bénéficier d’un pourcentage de 30% sur chaque livre vendu. « Toutes les maisons ne donnent pas cette possibilité aux jeunes. Quand on parle d’édition au Mali, c’est beaucoup de difficultés. Le montant à débourser est souvent énorme et vu que la plupart des jeunes écrivains ne travaillent pas c’est difficile pour eux de se faire publier ».
Lawale Chaka a également bénéficié de l’accompagnement de Prostyle à compte d’éditeur, c’est-à-dire en prenant en charge les frais avec un apport de l’auteur. « J’avais démarché plus de 4 maisons. L’argent qu’on me demandait était largement au-dessus de mes moyens. J’ai donc été obligé de surseoir au projet d’édition ».
Aux Éditions Princes du Sahel, c’est également l’édition à compte d’éditeur qui est en vigueur. Elle est prise en charge une fois que le manuscrit a été reconnu conforme à la ligne éditoriale. « Une maison digne de ce nom prend en charge, à ses risques et périls, les frais qui concourent à l’édition du manuscrit. C’est l’éditeur qui s’engage en prenant le risque de publier un livre qui pourra être vendu un certain temps pour qu’il puisse récupérer le montant engagé. Mais, compte tenu du contexte économique et de la rupture de la chaine du livre, plusieurs maisons d’édition adoptent la politique du compte mixte ou du compte d’auteur. Avec cette dernière, ils font juste le travail d’édition, c’est l’auteur qui prend en charge tous les frais. Pour L’édition à compte mixte, auteur et éditeur partagent les différents frais », explique Moussa Gansore, éditeur.
Boubacar Diallo
Source: journaldumali