De nos jours, les marchés maliens sont de plus en plus infestés d’articles de provenance européenne ou américaine. Très prisés, ils ont une grande part dans l’économie dans le pays et nourrissent de nombreuses familles.
Chaque jour, le marché malien reçoit des dizaines de camions en provenance des ports de Dakar, Lomé ou Abidjan. Il y en a aussi qui entrent par d’autres voies. Ces camions apportent des ordinateurs, des fours, des machines à laver, des cuisinières, des matelas, des habits, des chaussures, pour ne citer que ceux-là.
Il est 8 heures et quart du matin, nous sommes devant la boulangerie Hamadaoura, à Sébénikoro. Un gros porteur vient d’arriver avec des articles en tous genres. L’information est passée depuis la veille et les clients sont sur place. Il y a des ordinateurs, des téléviseurs, des onduleurs et surtout beaucoup de pochettes pour téléphone et tablette. À la descente, chacun fait son choix et les prix se discutent. Les téléviseurs vont de 100 à 150 000 FCFA, les micro-ondes se discutent à partir de 75 000 et les ordinateurs de 100 à 175 000 francs, selon leur qualité. Il y a aussi le « tous risques », à 50 000 FCFA. Ces produits semblent neufs pour la plupart. « C’est une bonne affaire pour nous, étudiants. On pourra au moins se payer un petit ordinateur pour nos recherches », nous confie Moulaye Diarra, étudiant en comptabilité dans une faculté de la place.
Des étals partout
Au cœur de l’ACI 2000, Diombera Services fait dans du « lourd ». Les marchandises proviennent directement des États Unis et on le crie à qui veut l’entendre. Entre autres, des réfrigérateurs, des cuisinières, des photocopieuses, des matelas, du matériel de sport, des chaussures, des sacs et autres tondeuses. « Chaque fois que nos marchandises arrivent, on informe nos grands clients, qui viennent acheter pour ensuite aller revendre ». Pour Diombera, les commerçants de produits de casse rencontrent d’énormes problèmes, mais seulement au Mali. « Toutes nos difficultés commencent au Mali. Sur le reste du trajet, il n’y a point de problèmes. Ici, on nous fait payer des taxes qui n’existent souvent même pas. Nos marchandises passent plus de temps à la douane que sur la route entre l’Amérique et le Mali ».
À Korofina, nous rencontrons les frères Sissoko, qui se rendent chaque trimestre en France pour ramener des appareils. « Nous avons un réseau de transport de la France au Mali, en passant par l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie. Nous amenons quatre à cinq camions chaque mois. Nos marchandises sont de tous genres : habits, téléphones, chaussures, réfrigérateurs, cuisinières, ordinateurs, matelas, radios, sacs, vélos pour enfants ou adultes, matériel de sport… Nous vendons d’abord à Kita, à des grossistes. Dès que leurs besoins sont satisfaits, nous mettons le cap sur Bamako. Nous vendons même le camion, puis nous repartons ». Partout, les gens esquivent la question de l’argent, on nous confie juste que le gain est grand, cause pour laquelle beaucoup de gens s’y mettent.
À en croire les coulisses, il y a des milliers de personnes qui évoluent dans le secteur et qui tirent leur épingle du jeu. Coté sanitaire, nous avons essayé de savoir s’il y avait des risques dans l’achat de ces matériels, chaussures, voire même ordinateurs et autres. Le Dr Mohamed Tahar pense que tout dépend de l’origine des matériaux et du traitement reçu. « Si les matériaux n’ont pas été stérilisés avant, cela peut engendrer des conséquences. Par exemple, pour les matelas ou les habits, on peut avoir des maladies dermatologiques. Il y a donc risque de contamination. Tout dépend du cycle d’acheminement de ces objets et du traitement qu’ils subissent ». Il faut reconnaitre que l’on ne sait pas beaucoup d’où proviennent exactement ces matériaux, donc la prudence reste de mise pour préserver une bonne santé.