Le 9 janvier, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest a sanctionné le Mali suite au refus des autorités de la transition de respecter ses engagements quant à la tenue d’élections dans un délai raisonnable. Parmi ces sanctions, la plus contraignante est l’injonction faite aux États de cesser tout échange économique avec le Mali à l’exception des produits de première nécessité, des produits pharmaceutiques, mais aussi des hydrocarbures. Il était évident que les pays limitrophes seraient tout aussi impactés que le Mali, compte tenu des échanges commerciaux avec cet État. Plus que tout le monde, le Sénégal a ressenti les contrecoups de cet embargo. Quoi de mieux que les chiffres pour le démontrer ?
De 27,0% en décembre à 22,8% en janvier…
Comparativement à ces chiffres, en décembre, les principaux produits exportés, au cours du mois de décembre 2021, ont été les produits pétroliers (77,2 milliards de FCFA), l’or non monétaire (54,2 milliards de FCFA), l’acide phosphorique (45,5 milliards de FCFA), les poissons frais de mer (17,1 milliards de FCFA) et le titane (12,1 milliards de FCFA). Il est à noter que pour les produits pétroliers, les exportations du Sénégal sont passées de 77,2 milliards en décembre à 57,6 milliards FCFA en janvier d’où une différence de 19,6 milliards FCFA. Ce qui semble s’être reflété sur la part représentée par le Mali dans les exportations entre les deux mois car au mois de décembre, ce pays frontalier dont 70% du fret passe par le port de Dakar représentait 27,0% avant de chuter à 22,8%. Pourtant les produits pétroliers sont exemptés par les sanctions de la CEDEAO.
Ces perturbations peuvent etre expliquées par le zèle dont le Sénégal a fait montre au début de l’application des sanctions en refusant tout passage à la frontière avec le Mali. À l’occasion d’une manifestation organisée au siège des Entrepôts maliens au Sénégal, les opérateurs économiques et les chargeurs maliens avaient fustigé ce radicalisme qu’ils ne s’expliquaient pas venant du Sénégal. Mais des correctifs ont été apportés et les produits qui ne sont pas concernés par l’embargo continuent d’être envoyés. Mais une chose est sûre, tout semble indiquer que rien ne sera plus comme avant dans les échanges économiques entre le Sénégal et le Mali. Cette crise aura appris aux opérateurs économiques qu’il est dangereux de mettre ses œufs dans un même panier et qu’il est devenu urgent de diversifier les partenaires. Les ports de Conakry et de Nouakchott sont depuis devenus des alternatives qui sont en train de faire perdre à Dakar un partenaire privilégié.