La démission – à la surprise générale- de Dr Amadou Kéïta de son poste de Directeur général de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) a aiguisé les appétits de charognards qui tentent de jeter le discrédit sur ce cadre honnête et intègre. Façon pour eux de masquer leur platitude !
Dr Kéïta Amadou Kéïta a créé la surprise générale en démissionnant, il y a quelques semaines, de son poste de Directeur général de l’ENA. Après un temps de silence volontaire qu’il s’est imposé compte tenu de la situation du pays, l’homme est sorti de sa réserve pour recadrer les « révélations » faites le ministre Amadou Koita et apporter un démenti aux contrevérités. Lisez quelques morceaux choisis de cette importante mise au point publiée par « Bamako new » N° 059 du mercredi 20 février 2019.
L’entretien avec le PM n’a pas duré plus de trois minutes
« Il a parlé de devoir de vérité. Disons la vérité, rien que la vérité. Il a dit que je m’apprêtais à publier un résultat non sincère. Pour son information, les concours de l’ENA sont organisés sous la supervision d’un jury indépendant chargé de la correction des épreuves et de la proclamation des résultats. Le jour où j’ai été reçu par le Premier ministre, les corrections étaient terminées et le jury n’avait pas encore statué sur les notes pour constater les copies ayant obtenu des notes éliminatoires et celles devant faire l’objet de troisième correction (éventualité prévue au cas il y aurait un écart de plus de cinq points entre les deux notes attribuées à une épreuve technique). C’est après tout cela que le jury allait se réunir de nouveau pour délibérer et proclamer le résultat. Le Directeur général de l’ENA ne fait que publier le résultat proclamé par le jury. Qu’on dise alors à quel moment je m’apprêtais à publier un résultat non sincère !…..»
« Le Ministre Koita a également dit que le Premier ministre m’a appelé pour m’exposer les renseignements en sa possession sur les résultats du concours. Ceci est complètement faux. Je prends à témoin la Directrice de cabinet du Premier ministre qui a assisté à l’entretien qui n’a pas duré plus de trois minutes. Quand le Premier ministre m’a reçu, il ne m’a donné aucun renseignement et ne m’a demandé aucune explication sur l’organisation du concours. Ses premiers mots ont consisté à me dire qu’il a décidé d’annuler le concours de l’ENA parce qu’il détient des informations relatives à des versements d’argent à plusieurs niveaux. Quand je lui ai demandé si je peux prendre connaissance de ces informations, il m’a répondu que lui, « il les a et c’est suffisant ». Il a ajouté qu’il va annuler le concours et m’aider à organiser un concours mieux sécurisé. Il a terminé en me disant qu’il me fera parvenir une lettre dans ce sens et m’a signifié la fin de l’entretien. Voilà, Monsieur le Ministre Koita, ce qui s’est passé dans le bureau du Premier ministre…. »
Un franc-parler et une sincérité qui dérangent
Ce recadrage met à nu les manœuvres honteuses de ceux qui retrouvent subitement la voix pour distiller de vaines arguties. Pourtant, dans ce pays, on sait qui est qui, qui peut faire quoi, qui est capable de quoi…Ces parvenus qui profitent de leur position administrative pour tenter de salir un cadre aussi honnête et intègre qu’Amadou Kéïta devraient avoir la décence de se taire.
Professeur invité à l’Université Piémont Oriental d’Alessandra et à l’Université de Trento en Italie, Chercheur associé au CNRS, à l’Institut d’études politiques de Bordeaux, Amadou Kéïta a une expertise qui fait sa très bonne réputation au-delà du Mali. Mais au-delà cette compétence indiscutable, le désormais ancien Directeur général de l’ENA est surtout un universitaire intègre, sérieux, honnête !
Des cadres comme lui sont malheureusement en voie d’extinction au Mali où ils sont combattus à tous les niveaux de la haute administration publique dénaturée par des pratiques honteuses et des promotions fantaisistes. Eh oui ! Le franc-parler et la sincérité d’Amadou Kéïta peuvent irriter dans un pays où le mensonge a tendance à devenir un mode de gestion des affaires publiques.
Que les charognards arrêtent leur festin ! Amadou Kéïta n’est pas ce cadre qui encourage la tricherie, le népotisme ou le favoritisme. Qui ne se souvient pas de son passage à la tête de la Faculté de droit public où sa volonté de nettoyer les écuries d’Augias à travers des mesures salutaires et sanitaires s’est heurtée aux fossoyeurs de l’école malienne ? Comment peut-on incriminer un Professeur qui ne cessait d’inculquer à ses étudiants le goût du mérite et du travail bien fait ?
Que ceux veulent placer leurs soutiens politiques ou les frères de leurs épouses ou de leurs copines sur la liste de l’ENA s’assument ! Sinon l’histoire a déjà retenu la démission de Dr Amadou Kéïta qui part avec la conscience d’avoir servi son pays, le Mali.
Chiaka Doumbia
Le Challenger