Depuis le début de l’année 2019, de nombreuses grèves dans l’éducation secouent notre système éducatif. L’école est un enjeu des plus importants. Avec le Mali qui aspire désormais à l’émergence et autre palier supérieur du développement, l’accent devrait être mis sur la formation et l’instruction. Cependant, c’est la situation inverse qui s’observe.
Depuis le début de la rentrée scolaire 2018-2019, les grèves se succèdent. C’est souvent au terme de longues semaines de négociations que des mesures palliatives sont prises. Un processus qui déstabilise profondément l’année scolaire de milliers de petits Maliens. Ils assistent désormais chaque année aux joutes entre syndicats et gouvernements.
Ce phénomène n’est pas nouveau dans notre pays. Les grèves secouent régulièrement le système éducatif. C’est au sortir des négociations ardues et des mouvements rigides que les populations obtiennent souvent gain de cause. Avec la crise économique qui sévit, les conditions de vie se sont dégradées. Le gouvernement qui voit leur budget revu à la baisse est confronté à des populations de plus en plus revendicatrices.
Le problème de trésorerie et d’impayés chez les enseignants
S’agissant des enseignants les raisons de grèves sont souvent liées aux problèmes de trésoreries et aux statuts mêmes de cette profession. Les conditions de travail et les maigres salaires réservés aux enseignants, ont progressivement poussé un grand nombre d’entre eux à abandonner ce métier. D’ailleurs, cette situation crée un déficit en enseignants important dans notre pays. Ceux qui restent se battent continuellement pour la revalorisation de leurs statuts. Ainsi, au Mali, les salaires, la révision du point d’indice ou l’intégration à la fonction publique alimentent les cahiers de charge des différents mouvements de grève.
D’autre part, les retards de paiement divers interviennent également dans les revendications. Il s’agit des retards de salaires, ou de retard des primes variées.
Ce qui démontre que le gouvernement a visiblement du mal à honorer son engagement vis-à-vis des enseignants et du personnel des établissements.
Aussi, les conditions générales d’apprentissage sont souvent décriées par les grévistes. Elles vont du manque d’entretien des écoles et université, au manque d’équipement didactique. Laboratoires sous-équipés ou inexistants, problèmes de ventilation ou de sanitaire. Mais aussi l’état avancé de vétusté des bâtiments, le manque de tables-bancs ou la surpopulation dans les salles de classe. Des éléments récurrents dans le chapelet de revendication du corps enseignant. À celles-là s’ajoute le nombre d’établissements de plus en plus insuffisants. En effet, l’apparition de nouvelles structures est inadéquation avec l’évolution de la croissance des populations de manière générale.
Les étudiants face aux problèmes de bourses
Les causes de grèves chez les étudiants sont également multiples. Cependant, l’amélioration des conditions d’apprentissage est l’une des principales revendications. Une position qui s’explique dans la mesure où, ils sont les premiers à en subir les conséquences. Bénéficier des meilleures conditions d’apprentissage est un élément important dans la qualité de la formation. De ce fait, tout comme leurs aînés, les étudiants n’hésitent pas à exiger l’amélioration des conditions de manière générale.
De plus, on note aussi les problèmes liés aux bourses universitaires. Ces dernières qui constituent pour de nombreux étudiants, la principale source de revenus et le moyen de subsistance, accusent de nombreux retards. Du coup, les apprenants sont souvent amenés à les réclamer au travers des mouvements de grèves.
Enfin, les étudiants et élèves descendent dans les rues pour réclamer la reprise des cours. Ces manifestations sont souvent un écho aux grèves menées par leurs enseignants. Par ces marches, ils entendent interpeller les autorités, afin que les doléances de leurs instituteurs et professeurs soient rapidement satisfaites. Par ailleurs, le gouvernement n’est pas la seule cible de ces marches et sit-in, ils sont parfois destinés aux enseignants grévistes, pour qu’ils reconsidèrent leur position et que leurs mouvements diminuent en rigidité. Ici, les apprenants, conscients d’être les principaux perdants en cas de grève appellent chaque parti à penser à leur avenir, mis en péril par la grève.
Les autorités maliennes se défendent en mettant en avant la charge importante des priorités et la conjoncture économique assez difficile. Il faut reconnaitre le fait que les différentes crises dans l’éducation résultent parfois de la mal-gouvernance passée. Les nouveaux gouvernements se voient donc en charge de la rectification d’erreurs commises parfois des décennies avant eux, et dont les répercutions se font sentir actuellement. Ce caractère rend extrêmement difficile la résolution de certains problèmes, et pas seulement dans le milieu éducatif.
Enfin, les gouvernements font également mention de certaines priorités. Il s’agit de situation qui requiert urgemment leur intervention, au point qu’ils ne sauraient les délaisser au détriment de l’éducation. Cet argument est souvent contesté par les syndicats, qui estiment que l’école devrait justement être une priorité. Ils pointent également du doigt les dépenses parfois jugées non nécessaires (organisation d’événements, financements de projets non urgents, etc.)
En attendant, les élèves sont encore à la maison pour 5 jours, avec le silence coupable des parents d’élèves.
Paul N’GUESSAN
Source: Mali-Horizon