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Echéances électorales de février 2024 : Les contours d’une léthargie politique

L’atmosphère sociopolitique plutôt morose qui caractérise le Mali, aujourd’hui traduit bien d’appréhensions quant à la tenue des élections générales de février 2024

Va-t-on vers des élections de fin de cette transition, à bonne date, c’est-à-dire en février-mars 2024, au Mali ? Peu de signaux pour une réponse positive à cette interrogation. Car, à seulement sept petits mois des élections générales devant couronner la Transition en cours, c’est le calme plateau niveau de la classe politique. Ce qui traduit un certain scepticisme et une méfiance quant à ces scrutins.

Pour de nombreux observateurs, au Mali, l’habituelle effervescence qui caractérise l’approche des élections décisives n’est pas encore au rendez-vous. Alors qu’au Sénégal voisin, où la prochaine élection présidentielle se tient aussi dans sept mois, la fièvre électorale bat son plein dans le pays, avec les déclarations de candidatures et l’investiture de plusieurs candidats. Ici, sur les bords du fleuve Djoliba, L’on ne sent même pas que le pays est en Transition vers une normalité constitutionnelle, avec un jeu électoral censé très ouvert. Ce qui devait susciter la convoitise et aiguiser les appétits de potentiels candidats ou aspirants.

En effet, étant entendu que le pays est actuellement dirigé par un pouvoir militaire, censé se retirer à l’issue des prochaines élections générales, courant février-mars 2024, l’on devait assister à un tour de chauffe généralisé au sein du microcosme sociopolitique national. Ce n’est point le cas. Au contraire, c’est une léthargie chronique ou même une agonie chez les leaders politiques.

Nombre d’entre eux semblent se méfier des actions et ou éventuelles ambitions du pouvoir militaire dirigé par le Col Assimi Goïta. Ce dernier pourra-t-il se porter candidat à la prochaine élection présidentielle ? La question taraude les esprits et tout le monde y va avec ses analyses. Les uns lui déconseillant une telle aventure, du reste, non conforme ni à la lettre ni à l’esprit de à la Charte de la Transition, qui  déclare inéligible les dirigeants de la Transition. Les autres soutiennent mordicus que le chef de l’Etat peut démissionner dans les prochaines semaines, avant de se présenter comme candidat à la présidentielle. Ce qui est une aventure aussi risquée, tant des paramètres non maîtrisés sont sur sa voie… Il s’agit par exemple des risques d’une disqualification par la Cour constitutionnelle ou des entourloupes des alliés du chef de la Transition, certains pouvant le trahir pour leurs propres calculs.

C’est donc sur la base de ces considérations que les acteurs politiques de premiers plans apparaissent comme tétanisés par rapport à la compétition électorale qui s’annonce. Car, nombreux sont les partis politiques d’envergure qui sont en réflexions par rapport aux stratégies et positions à adopter pour ces échéances électorales décisives.

Ainsi, les formations politiques comme l’ADEMA-PASJ, la CODEM, YELEMA, l’ADP-Maliba, les FARE Anka Wuli sont, apprend-on, en passe d’organiser des rencontres statutaires, pour s’inscrire dans le processus électoral, qui peine à être nettement visible. Car, après le référendum constitutionnel du 18 juin, des récriminations et appréhensions demeurent quant à l’inclusivité et la sincérité du processus. Pendant ce temps, certains partis, comme l’URD, le RPM, secoués par des querelles intestines, pourraient privilégier finalement une dynamique de ralliement avec les tenants du pouvoir de transition….

En outre, le pouvoir semble se prévaloir d’une certaine autonomie dans sa marche vers les échéances électorale, et cela intrigue et plombe les ambitions des acteurs politiques. Il s’agit par exemple du réaménagement gouvernementale que le col Assimi Goïta vient d’opérer, sans y associer la classe politique. Alors que le contexte d’une transition est celui d’une gouvernance de consensus ou d’ouverture associant différents pôles politiques, le chef de l’Etat a préféré une équipe de technocrates, comme s’il voulait dire aux politiques d’aller préparer les élections.

L’autre aspect de cette démarche « solitaire » est la poursuite ou l’intensification des descentes sur le terrain du chef de la Transition avec à la clé des programmes socio-économiques et des actions humanitaires. Ce fut le cas à Ségou, comme cela est projeté pour Kayes et Sikasso, puis Mopti, etc. Ce qui pousse à se demander si ces bains de foules durant ces sorties du Col Assimi Goïta sont des signaux d’une précampagne, attestant de sa volonté de briguer le suffrage de ses compatriotes lors de la prochaine élection présidentielle.

Par ailleurs, le second souffle que vient d’enregistrer le chantier de la lutte contre l’impunité et la mauvaise gouvernance, avec les interpellations d’anciens  ministres et anciens cadres de l’Assemblée Nationale sous IBK secoue la classe politique. Il s’agit des récentes informations relatives au dossiers ou cas présumés de mauvaise gestion de deniers publics contre les anciens ministre Me Kassoum Tapo et Me Mohamed Aly Bathily et les cadres de législatures passées comme Issiaka Sidibé, Mamadou Diarrassouba, Mamoutou Touré dit Bavieux qui en a rajouté à la torpeur du microsome politique. Surtout que certains observateurs y verront une volonté de chasse aux sorcières, cela peut aggraver les appréhensions des acteurs politiques, plus préoccupés par l’inclusivité du processus électoral qu’autre chose. Ce qui les pousse alors à croiser les doigts et à observer davantage avant d’agir.

Baba Djilla SOW

Mali Horizon

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