Un peu partout à Bamako, sous le régime d’ATT et bien après, des échangeurs avaient été construits pour servir de passerelles piétonnes afin d’éviter les nombreuses pertes en vies humaines causées par les accidents de circulation entre piétons et conducteurs de voitures et/ou motocyclettes. Celui de Sogoniko en est un.
Le bruit des moteurs, les cris et, de temps à autre, un accident, font partie intégrante du calvaire vécu par les Bamakois.
Ainsi, on n’est surpris voire choqués quand on aperçoit les usagers se faufiler entre les voitures pour traverser la route juste en-dessous des passerelles construites à coup de millions pour leur sécurité routière. Ils préfèrent traverser la route ainsi, au lieu d’emprunter l’échangeur construit à cet effet. Est-ce par incivisme ou souci de gagner du temps, quitte à s’exposer à des accidents ?
La question est vite répondue, lorsqu’on arpente les marches de l’échangeur pour traverser la route et faire preuve de bon exemple.
Une fois sur l’échangeur, à Sogoniko, la surprise fait place nette à l’indignation. Cet échangeur est tout simplement obstrué par un barrage de fèces humaines. Défécations, urines coagulées … tout y est. L’odeur immonde et insupportable de matière fécale humaine s’engouffrent dans les narines. On rebrousse chemin comme poursuivi par un beau diable.
Mais alors, de qui relève l’entretien de ces échangeurs ? La voirie ? Les mairies ? Les comités d’entretien citoyens ?
A quoi servent ces échangeurs s’ils ne sont utilisés que comme dépotoir et WC à ciel ouvert ? Pourtant, des millions ont été injectés dans leur construction.
En attendant, les cacas humains ont élu domicile au cœur de l’échangeur de Sogoniko. Personne ne l’emprunte. Or, de temps à autre, retentit un effroyable bruit au pied de la passerelle : « paf ! ». C’est le bruit d’une personne violemment heurtée par un chauffard ou un motocycliste maladroit. En fait, une vie humaine de plus perdue en-dessous de l’échangeur pour piéton.
A.Dicko
Source: Les Echos Mali