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Du tripatouillage au désordre : Quel avenir pour l’école ?

Seydou Badian disait avec conviction profonde: «Etre de son temps, c’est vivre à la pointe de l’histoire, mais en se souvenant qu’il y a derrière prodigieux et infini. Celui qui n’est pas d’où il vient, ne saura jamais où il va.»

Nous ferons ici l’économie d’un point d’histoire sur notre pays, le Mali. Nous rappelons simplement qu’après l’accession de notre pays à la souveraineté nationale et internationale, la première République, avec à sa tête le président Modibo Keïta, avait opté pour le «socialisme» comme orientation politique pouvant conduire à l’indépendance véritable et donc au développement socioéconomique et culturel national.

Les dirigeants de cette première République étaient convaincus que sans les ressources humaines compétentes et absolument intègres, ce projet de société pour le Mali serait voué à l’échec. C’est donc dire que Modibo Keïta était convaincu que la refonte de ses ressources humaines était une impérieuse nécessité pour le devenir radieux du Mali.

Feu Mamadou Konaté avait coutume de dire: «Lorsque la cause est juste, la foi, le courage, la détermination ne peuvent pas échouer.» La première République a entrepris une vaste réforme du système éducatif dans notre pays. Cette entreprise qui a reçu le nom de ‘’Réforme de 1962’’ s’était donné pour gage un enseignement de masse et de qualité.

Les dirigeants actuels (depuis Alpha Oumar Konaré) qui délaissent aujourd’hui l’école malienne à portée de la souillure et de la désagrégation sont pratiquement tous fruits de cette réforme audacieuse de notre système éducatif national. C’est cette réforme qui leur a permis d’aller se tailler des diplômes dans les grandes écoles euro-américaines. C’est bien l’argent du contribuable malien qui les a nourris et éduqués.

Le régime Moussa Traoré (véritable anti-intellectuel) a procédé à la sape du moral des enseignants par le non payement chronique de leurs salaires de marmites. Les plus patriotes de ses enseignants ont subi tortures et humiliations.

En voyant les enfants en va et vient de la maison à l’école et de l’école à la maison avec leur table blanc, le régime militaro-udpmiste avaient fini de programmer la phagocytose de l’école malienne. On assista d’année en année à la baisse tendancielle de niveau de nos élèves et étudiants.

Moussa Traoré est tombé, en 1991, et en lieu et place d’une école performante promise par le Mouvement dit ‘’démocratique’’, nous assistons à la désagrégation progressive de l’école malienne et cela à compter de la gestion du pays par Alpha Oumar Konaré.

La Nouvelle école fondamentale (NEF) fut le signal fort du tripatouillage de notre système éducatif national. Une privatisation inavouable de l’école malienne a commencé sous le président ‘’enseignant’’. On assiste à la libéralisation progressive de notre école. Désormais, par le complot ourdi contre l’instruction de nos enfants, des établissements privés ont germé de terre comme des champignons.

La politique d’Alpha qui se nomme ‘’Un village, Une école’’ a tout simplement été un véritable saupoudrage des mentalités sur la ‘’volonté’’ du président enseignant de servir à notre école la quantité et la qualité. Que de bluff organisé aux dépens de l’avenir des enfants du peuple !

Dans le même temps, l’attribution des bourses est devenue un cadre privilégié de mafia pour ceux qui ont les bras longs. Au lieu de cultiver le caractère de l’excellence chez les enfants maliens, les autorités de la troisième République ont travaillé et travaillent toujours à ratatiner les niveaux de ces enfants. Un moyen détourné d’envoyer leurs propres enfants à l’extérieur par l’argent du contribuable malien.

L’argument gouvernemental qui justifiait la création des écoles privées étaient que l’Etat malien ne peut pas avoir les salles de classe en nombre suffisant pour l’éducation de nos enfants. C’était donc pour pallier à la pléthore des effectifs dans les écoles.

Ce n’est là qu’un secret de polichinelle, les orientations des élèves dans les établissements secondaires notamment les lycées faisaient et font de plus en plus l’objet de marchandage entre les princes chargés de ces orientations et les promoteurs d’établissements privés. On se retrouve dans le public avec des salles de classes vides contre la pléthore des effectifs dans le privé. Là où le bât blesse davantage, ce sont les écoles des princes ou de leurs ‘’amis’’ qui reçoivent l’essentiel des orientés du Diplôme d’études fondamentales (DEF).

Aujourd’hui, le tripatouillage atteint son point culminant contre l’avenir de nos enfants. Partout, dans les rues, les coins de terrains, les points verts, les habitats privés pointent des écoles endettant chaque jour davantage l’Etat malien pour les frais de formation des élèves étatiques. Ces frais que certains appellent ‘’subventions’’ ont fini par engorger et grever les caisses du contribuable malien.

Un malheur ne venant pas seul, le gâchis orchestré par la présidentielle de 2018 et les festivités du 22 septembre, a fini par plonger les établissements privés dans le nom payement de leurs dus. La suite, n’échappe à personne: les promoteurs privés, pour le plus grand nombre, ont décidé d’ignorer l’appel du ministre de l’Education nationale à ouvrir les écoles, dès le 1er octobre 2018.

Ainsi, l’ouverture des classes n’a réellement pas encore eu lieu dans la plupart des établissements secondaires privés. Ce qui trouve encore davantage les esprits, c’est le fait que l’ouverture pour le secondaire dans le public n’a pas du tout été préparée et pour cause: pendant les deux (02) premières semaines d’octobre, il n’y avait ni cahiers, ni stylos pour les élèves.

La débrouillardise a joué aussi pour colmater et faire croire à l’opinion publique que ça va pendant qu’à peine l’Etat ne donnait qu’un cahier par élève. On ne peut pas aimer le Mali et ne pas reconnaître que notre système éducatif est victime du tripatouillage et du travail de sape des plus hautes autorités du Mali.

Au moment où nous mettions sous presse, les heureux candidats au DEF 2017-2018 ne savent pas toujours à quel sort ils auront affaire.

Ce serait une erreur grave de vouloir conduire notre école vers le plan machiavélique de privatisation à partir de la 7ème année fondamentale ayant coulé beaucoup d’encre et de salive, en 1994. Cette volonté manifeste des autorités de la 3ème République de porter atteinte à l’avenir de nos enfants tient aussi à la politisation de l’école malienne.

Aujourd’hui, le tripatouillage des programmes d’enseignement au Mali au Mali, ajouté au désarroi, à la fraude aux examens, il y a lieu de se demander vraiment: ‘’quel avenir pour l’école malienne?’’

Que Dieu sauve cette école qui fit la fierté du Mali et de toute l’Afrique.

Fodé KEITA

Inter De Bamako

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