Le Bureau Régional de la Division des droits de l’homme et de la Protection de la MINUSMA à Tombouctou a lancé officiellement, le 17 septembre 2016 à Goundam, le projet d’appui à l’autonomisation de 50 femmes victimes de violations des droits de l’homme.
Le projet d’appui d’un montant de 7,218,000 Francs CFA, financé par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de Genève, représenté par la Division des droits de l’homme et de la Protection, vise à doter ces associations féminines en équipements adéquats pour leur réinsertion socio-économique.
C’est dans les locaux de la Maison des femmes de Goundam que s’est déroulée la cérémonie de lancement de ce projet d’autonomisation des femmes victimes de violations des droits de l’homme, en présence de la Cheffe du service de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille (PFEF), Mme Mariam Bouri Touré et du Chef du service sous-régional de l’artisanat, M. Ibrahim Sall, du Représentant de la Maire de Goundam, Mme Oumou Sall Seck, ainsi que la présidente de l’Association goundamienne des femmes victimes, Mme Mariam Allassane Touré.
Dans le contexte de la crise de 2012, les populations, particulièrement les femmes et les filles, ont été victimes de plusieurs violations des droits de l’homme, notamment des mariages forcés, violations sexuelles, déplacements forcés, enlèvements, pillages, etc. Certaines ont même été témoins d’exécutions sommaires.“Quatre ans plutôt, ces mêmes lieux étaient utilisés par les occupants de 2012 pour séquestrer leurs captifs et perpétrer des actes ignobles”, a déclaré le 3èmeadjoint au Maire de la commune de Goundam, M. Hamadoune Diaouré. Avant l’occupation, ces femmes auto-finançaient leurs petits commerces à l’aide d’une mutuelle d’épargne organisée par leurs associations. “Aujourd’hui, à travers ce projet d’appui de nos activités génératrices de revenus, la MINUSMA donne le courage aux femmes victimes de Goundam de se reprendre en main”, s’est réjouie Mariam Alassane Touré, présidente de l’Association goundamienne des femmes victimes.
Ainsi, la première phase du projet a démarré par une série de formation aux techniques de teinture qui s’étendra sur 10 jours, du 17 au 26 septembre 2016. La formation des bénéficiaires et encadreurs vise la rentabilité aux fins d’espérer à un changement positif et rapide du niveau de vie des bénéficiaires.
La formatrice principale, Mme Oumou Haidara Dicko, a exposé les principaux thèmes qui seront abordés, à savoir, les précautions à prendre et les méthodes de protection de l’environnement; les généralités sur la teinture; la présentation des outils et équipements utilisés en teinture; les techniques de préparation et de suivi des mélanges et de finition. De leur côté, les Officiers des droits de l’homme et de la protection interviendront sur la justice transitionnelle et la prise en charge des femmes victimes de violences sexuelles.
A l’entame de la première journée, l’Officer du Bureau de l’Information publique, Myrline Mathieu, a expliqué le mandat de la Mission onusienne, les activités des différentes sections et des Casques bleus en matière de protection des civils. Après un débat succint, les participantes ont visionné un film-documentaire sur le rôle des composantes de la Force et de la Police des Nations Unies dans la stabilisation au Mali.
La deuxième phase du projet consistera à remettre, le 26 septembre, aux femmes formées, un lot de matériels pouvant leur permettre de réaliser la teinture de tissus à écouler sur un marché où règne le bazin. Au niveau du cercle de Goundam, “, il faut se rendre soit au centre urbain de Tombouctou, soit à Bamako pour faire teindre son bazin. Désormais, ces femmes pourront desservir une importante clientèle qui n’aura plus besoin de se déplacer pour recourir à ce service”, a estimé le Chef du service sous-régional de l’artisanat à Goundam.
Protéger la dignité des femmes victimes et promouvoir leurs droits dans la société
Sans les nombreuses visites de terrain de la Division des droits de l’homme et de la Protection (DDHP) dans les contrées éloignées de la région de Tombouctou, ce projet d’autonomisation n’aurait pas vu le jour. C’est effectivement lors d’une mission de monitoring de la situation des droits de l’homme dans le cercle de Goundam, en juin 2015, qu’une équipe de la DDHP a été touchée par les besoins de ces deux associations de victimes de la crise de 2012. “Ce projet fait partie des efforts de la Division des droits de l’homme et de la protection, à aider les femmes victimes à trouver la voie vers la réparation des souffrances endurées lors de la crise”, a expliqué l’Officier des droits de l’homme, Djibrill Sanogo.
L’une d’entre elles, quadragénaire, n’a pourtant pas fini de pleurer la perte de sa fille. Cette dernière est décédée en 2015, à la suite des violences sexuelles subies durant l’occupation. “J’avais perdu espoir. Le peu qu’il me restait a servi pour prendre soin de ma fille tombée malade puis devenue aveugle, après les atrocités dont elle a souffert de la part de certains des occupants. Mais, je me remets petit-à-petit et, depuis l’installation des Casques bleus à Goundam, je peux sortir de la maison sans crainte d’agression”, a-t-elle confié tout en prononçant des bénédictions à l’endroit de la MINUSMA.
Créer des activités génératrices de revenus comme réponse de protection
“La Division des droits de l’homme et de la Protection est l’une des premières entités à avoir répondu aux appels des associations des femmes victimes à Goundam. Pour nous, c’est une grande preuve que la MINUSMA est sensible aux problèmes des femmes”, a fait remarquer Mme Touré, Cheffe du service de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille (PFEF). En outre, elle a souligné que cet appui de la Mission onusienne vient combler le manque de moyens disponibles au sein du bureau local de la PFEF. Aussi, a-t-elle encouragé les participantes à s’approprier la formation pour la transmettre aux jeunes filles. Hormis la relance des activités économiques des femmes, ce projet a la particularité de créer des petits emplois pour les artisans locaux. Car tous les matériels nécessaires au projet ont été confectionnés par des artisans de la commune de Goundam.
Pour sa part, M. Hamadoune Diaouré, 3ème adjoint au Maire, a salué l’étroite collaboration de la MINUSMA avec la Mairie de Goundam. Il a également remercié la Mission onusienne pour avoir financé la réhabilitation de nombre de bâtiments publics pour faciliter le retour des autorités dans la zone.
Après la formation, la Maison de la femme à Goundam continuera de servir de cadre aux bénéficiaires pour la pratique de la teinture.
Source: Minusma