Incarcérée depuis deux ans à près de 8.500 kilomètres de son mari et de ses enfants, une Française de 41 ans, Liana Guillon, a été condamnée en appel à huit ans de prison en République dominicaine pour un trafic de drogue qu’elle nie farouchement.
Cette peine, prononcée lundi soir par la cour d’appel de Santiago, dans le nord du pays, est identique à celle émise en première instance par la justice dominicaine, qui avait déclaré coupable cette mère de cinq enfants originaire de Pontoise (Val-d’Oise).
“Liana Guillon avait sacrifié près d’une année de sa liberté pour pouvoir prouver son innocence, qui lui est une fois de plus refusée aujourd’hui”, a regretté l’un de ses avocats, Me Philippe Valent.
Liana Guillon avait été interpellée avec son mari et leur bébé à l’aéroport de Puerto Plata (nord), le 29 avril 2012, alors qu’ils s’apprêtaient à monter dans l’avion qui devait les ramener à Paris, après avoir passé leur lune de miel en République dominicaine.
Dans leur bagage de cabine se trouvaient 11 kilos de cocaïne, selon les autorités dominicaines. Le couple, qui dit avoir laissé ses bagages à l’hôtel dans une consigne non fermée et sans surveillance, nie les faits, affirmant avoir été “piégé” par des trafiquants.
Lors de l’ultime audience le 27 janvier, le représentant du parquet avait toutefois écarté l’hypothèse d’une substitution de contenu, et demandé au tribunal de confirmer la condamnation de la quadragénaire.
“On ne s’attendait pas à cette décision, c’est une énorme déception”, assure son frère, Eric Martin-Vallas, qui a pu discuter avec elle par téléphone dans la nuit. “Elle est atterrée. Elle a le sentiment d’avoir été trahie par la justice dominicaine”, insiste-t-il.
Espoirs déçus
Le 29 janvier 2013, la justice avait condamné Liana Guillon à huit ans de prison. La cour d’appel avait confirmé ce jugement le 18 avril, mais cette décision avait ensuite été cassée par la cour suprême, en raison d’irrégularités dans la procédure.
“La décision de la cour suprême avait fait naître beaucoup d’espoir. On était confiant”, souligne Me Olivier Desandre Navarre, autre avocat de la Française. “Pour Liana, qui n’a pas revu ses enfants depuis près de deux ans, c’est dramatique”.
Avant son arrestation, Liana Guillon, employée à la sécurité sociale, jusque-là son histoires, vivait à Pontoise avec son mari, Christophe Guillon, ingénieur en informatique de 42 ans, leur bébé et quatre enfants nés d’une première union.
Ce dernier, incarcéré au début de l’affaire, a été remis en liberté le 8 octobre 2012, après cinq mois de prison. Depuis, “il essaie de se reconstruire, et de la soutenir à distance. Mais c’est très difficile, il est déboussolé”, raconte Eric Martin-Vallas.
“Les conditions de détention ont été très dures. Et on ne comprend pas pourquoi lui a été remis liberté, et pas elle”, ajoute le frère de Liana, qui se rend régulièrement en république dominicaine, comme d’autres proches, pour soutenir sa soeur. “Aujourd’hui, elle est très mal. Elle a beaucoup maigri”, s’inquiète la mère adoptive de Liana Guillon, Sabine, qui regrette la faible implication des autorités françaises dans le dossier. “Il faudrait que le ministère des Affaires étrangères se mobilise pour dénouer la situation”, insiste-t-elle.
Selon les avocats de Liana Guillon, un dernier recours est encore possible pour la Française, devant la cour suprême. “Nous attendons de recevoir les motivations du tribunal avant de prendre notre décision”, indique Me Desandre-Navarre. Un accord existe par ailleurs entre la France et la République dominicaine pour demander un transfèrement de la détenue. “Il faut d’abord que la condamnation soit définitive”, souligne toutefois l’avocat.
La République dominicaine est considérée comme une plaque-tournante du trafic de cocaïne. Selon Me Philippe Valent, les trafiquants utilisent régulièrement des “bagages de touristes” pour transporter “à leur insu” des produits stupéfiants.
source : afp