Après avoir bourlingué avec tous les régimes successifs de l’ère démocratique, le barbu national, grâce à une tribune taillée sur mesure pour lui sur la chaîne Africable, tente de se faire une nouvelle virginité politique. Au prix de tordre le cou à une histoire pourtant récente.
L’occasion était inespérée pour celui qui, rechignant à débourser le moindre centime pour une cause d’utilité publique, confinait ses auditeurs dans ses locaux exigus de la radio Kayira de Djélibougou, ‘’l’amphithéâtre’’ de prédilection de ses envolées calomnieuses. Cette fois-ci, il avait devant lui, non pas quelques dizaines de paysans désespérés par la spoliation de leurs terres, mais des millions de téléspectateurs. Deo gracia !
Un hâbleur
Face donc à un tel parterre d’auditeurs composite, le barbu national a tenté d’expliquer son divorce pour le moins spectaculaire d’avec la Majorité présidentielle. L’exercice était laborieux, sinon pénible pour cet ancien leader estudiantin habitué pourtant à haranguer les foules. Il argue, en effet qu’il a soumis au RPM, un document de politique de gouvernance avec des partages de responsabilité où SADI peut avoir de la visibilité. Ce que le Parti présidentiel aurait rejeté.
Le patron incontesté de la Maison SADI soutient également que les éléments contenus dans la Convention de la majorité présidentielle (CMP) étaient si évidents qu’il n’a pas vu d’intérêt d’y souscrire. Pour lui, c’était de Lapalissade. Il en veut pour preuve, la reconnaissance du RPM comme Parti majoritaire.
Le barbu national, dans sa démonstration, n’a pas manqué d’exhiber le document de la CMP.
Paradoxalement, il ne l’a pas fait pour le document de politique de gouvernance qu’il prétend avoir soumis au RPM. Pourquoi ? Il ne l’a jamais élaboré. Des sources proches de ceux qu’ils accusent d’être altiers sont sans équivoque : il a reçu de l’argent pour faire ce travail avec un groupe restreint. Non seulement le travail n’aurait pas été fait, mais personne n’a revu la couleur de l’argent. C’est cela le parfait modèle d’honnêteté et d’intégrité. Bien sûr, à la MARIKO.
L’incohérence affligeante
Le barbu national rend IBK (il ne s’encombre pas de parler de Président IBK) de ce qui se passe à Kidal, sans pour autant préciser ce qu’il entend par ce qui se passe à Kidal. Parce que tout le monde sait qu’il s’y passe plein de choses.
Comme élément à charge, celui qui a laborieusement terminé ses études de médecine, rappelle que IBK est allé battre campagne à Kidal, contrairement à lui. Il ne parle d’aucune promesse qu’il y aurait prise.
En ce qui le concerne, il est passé dans deux camps de réfugiés et connaît dans quelles conditions y vivent nos compatriotes.
Réputé pour manquer de suite dans les idées, il revient à son accusation contre le Président IBK. ‘’Ceux qui sont partis en 2012, à 12 ans, ont quel âge aujourd’hui ?’’ Implicitement, ce sont ceux qui sont revenus qui ont pris les armes contre la République qui foutent le bordel.
Anachronisme pur et dur, parce qu’en 2012, quand ils partaient, IBK n’était pas au pouvoir. Et s’ils sont partis, c’est certainement par la faute d’un autre Président de la République, en considérant que c’est une question de Président de la République. Parce qu’il faut compter aussi avec les affrontements entre groupes armés qui ont fait des milliers de déplacés et de réfugiés.
Amnésique peut-être, aussi faut-il faut rappeler à celui se fait passer pour le justicier des temps modernes ses déclarations à ‘’AFRIQUEDUCATION’’ : ‘’contrairement à ce que vous dites, le Mali était connu comme un nid du terrorisme, du narcotrafic, des prises d’otages avec des rançons fabuleuses dans sa partie nord. Le chef de l’État du Mali, Amadou Toumani Touré (ATT), était, de plus en plus, indexé par la communauté internationale comme l’auteur ou le complice de ces activités qui ont transformé le nord du Mali en un no man’s land. Les Maliens ont vécu avec beaucoup d’indignations, l’intervention des armées mauritanienne et française sur le territoire malien contre les terroristes de groupes d’AQMI (Al-Qaïda pour le Maghreb islamique). Il n’était pas rare d’entendre dire que les présidents mauritanien, Abdoul Aziz, et français, Nicolas Sarkozy, cachaient leurs informations au président malien ATT de crainte que ce dernier n’informe les terroristes ; ces informations n’ont, d’ailleurs, été démenties ni par ATT ni par son entourage. Cette situation n’est-elle pas révélatrice du système de gestion catastrophique de son régime ?’’
En suivant le raisonnement de ce barbu hors pair, le Président IBK n’a hérité que d’une situation de pourrissement. Comment peut-il en même temps en être responsable ?
Un dangereux démagogue
Le sulfureux barbu, dans son plaidoyer pro domo explique son départ de la Majorité présidentielle par le mépris de cette dernière à son égard, le manque de visibilité quant à la politique de gouvernance.
Mais il reconnaît également, sur le plateau, qu’il était en contact avec l’ADP Maliba qui avait déjà pris le large.
En réalité, cet homme n’est qu’un dangereux démagogue opportuniste. Il surfe sur la mésentente avec la Majorité présidentielle sur la démarche à suivre par rapport à une nouvelle gouvernance, pour justifier un retournement de veste.
Mais l’on est surpris que ne lui soit jamais posée la question des 50 millions de francs CFA qu’il aurait reçus de l’ADP Maliba pour tourner casaque. Parce que sa réponse à carrefour d’opinions « Faso baro » est loin d’être satisfaisante : « nous n’avons rien reçu de l’Adp-Maliba (…). Par ailleurs, même s’il avait donné 50 millions par député, où est le problème ? »
Bien sûr ! Il n’y a aucun problème pour un bourlingueur politique qui comme une toupie tourne en fonction de qui veut le faire tourner avec comme condition une ficelle en espèces sonnantes et trébuchantes.
De même, l’on est surpris que l’animateur beaucoup plus reconnaissable sur le terrain de la culture que de la politique ne daigne pas poser la question de ses liens supposés ou réels avec les ex-rebelles et ex-alliés de Iyad Ag Ghaly. Parce qu’il est de notoriété publique qu’il est le seul à disposer d’un visa pour se rendre à Kidal par monts et par vaux. Le barbu national était le seul homme politique d’envergure à se rendre au Forum de Kidal.
Sans parler de ses autres missions obscures à la frontière nigéro-malienne, en Mauritanie…
Les réponses à cette question auraient pu édifier davantage les Maliens, d’autant plus qu’il pousse la délicatesse jusqu’à parler de Tamasheq là où tout le monde parle de Touareg pour prendre les armes contre le pays.
Un prisonnier en sursis
Pour ce qui est de son soutien à la junte de Kati, le barbu national s’en mêle véritablement les pinceaux. Il le justifie par la situation d’instabilité criarde qui prévalait au Nord, comme il l’avait confié au confrère ‘’Le Courrier’’ : ‘’le coup d’État nous a sauvés d’un mirage’’.
Il évoque également les conditions difficiles dans lesquelles se trouvaient nos soldats, en manque de tout.
Mais ce que le barbu a oublié d’ajouter, c’est son deal avec les putschistes de Kati. En effet, à carrefour d’opinions « Faso baro », il confessait : “on était convenu, aussitôt après le coup d’Etat, de faire une transition de 18 mois. On allait choisir un Premier ministre avec un gouvernement de 17 membres composé des représentants de certains partis politiques, dissoudre l’Assemblée nationale, laquelle devait être transformée en Conseil national de transition. Je devais présider une commission pour pouvoir négocier avec ceux qui ont pris les armes au nord afin de conclure un cessez-le-feu. Durant ces 18 mois, on devait refaire le fichier électoral, organiser les élections. Et moi, j’allais être candidat pour l’élection présidentielle, mais pas dans le gouvernement. Et il était prévu que je gagne ces élections, parce que, dans notre entendement, le pouvoir devait revenir à ceux qui étaient dans la dynamique du changement. Mais Sanogo n’a pas respecté ses engagements, il s’est laissé influencer “.
Voilà le putschiste ! Voilà le vrai visage d’Oumar MARIKO, celui-là même qui a conduit les enfants à la boucherie en 1991 pour l’avènement de la démocratie ; cette démocratie au nom de laquelle il siège aujourd’hui au sein de notre auguste Assemblée nationale.
Cet homme dangereux reconnaît, de facto, en tant que concepteur du coup d’État, avoir violé l’article 121 de la Constitution de la République qui dispose : ‘’le fondement de tout pouvoir en République du Mali réside dans la Constitution. La forme républicaine de l’État ne peut être remise en cause. Le peuple a le droit à la désobéissance civile pour la préservation de la forme républicaine de l’État. Tout coup d’État ou putsch est un crime imprescriptible contre le peuple malien’’. Au regard de cette disposition de la Loi fondamentale, il n’a sa place nulle part ailleurs qu’en prison. Étant donné qu’il a commis un crime imprescriptible et que par conséquent, il peut être poursuivi à tout moment et mis au gnouf, le Procureur général est face à ses responsabilités. Les ‘’démocraticides’’ et les liberticides de l’engeance du barbu national ne devraient en aucune manière prospérer en la République.
L’arroseur arrosé
Accusé d’inconstance, le barbu s’en défend sur Africable en soutenant qu’il a toujours eu la même ligne de conduite. Ce qui est une foutaise pour n’importe quel observateur de la vie politique, parce que ‘’sa même ligne’’, ne signifie rien moins qu’une constance dans le retournement de veste. Il l’a fait avec tous les trois derniers présidents de la République.
Dans le cas du turbulent Boly (SANOGO), il est encore plus pathétique : « s’il y a une chose que je regrette de ce putsch, c’est le fait de confier la gestion de l’après-coup d’État à Amadou Haya Sanogo ».
Le clash avec Kati est survenu, parce le barbu s’est senti trahi sur la question d’une fonction de Président de la République taillée sur mesure promis par l’enfant terrible de Kati, après tous les tripatouillages que le barbu décrit lui-même avec minutie.
La preuve est là qu’il ne s’agissait pas pour lui, de l’intérêt supérieur du Mali, mais plutôt d’emprunter des raccourcis pour accéder au pouvoir. SANOGO et sa junte étaient les parfaits tremplins pour ce dangereux opportuniste.
Mais il arrive que l’éther se dissipe et qu’on revienne sur terre. À ce moment-là, on révise sa promesse et fait des déçus. C’est simplement ce qu’a fait Boly qui se savait ne pas être à la hauteur de la situation, et il a préféré ne pas livrer ce pays pieds et poings liés à l’un des pires hommes politiques.
PAR BERTIN DAKOUO
Source: info-matin