Suite à la mauvaise gestion de certains secteurs par le régime du Président Ibrahim Boubacar Kéïta, tels que la justice, la crise du Nord, la santé, l’éducation, et l’attitude du RPM envers le parti SADI, le parti du président Dr. Oumar Mariko a décidé de rompre avec la majorité présidentielle. L’information était au centre d’une conférence de presse tenue mardi dernier au siège du parti par l’Honorable président Dr. Oumar Mariko. Le thème retenu pour la circonstance était : ”Relations SADI-Majorité Présidentielle”. Dr. Mariko a prié afin que le mandat du Président Ibrahim Boubacar Kéïta soit le dernier de la dynastie de l’ADEMA-PASJ au pouvoir au Mali depuis 1992.
Depuis quelques semaines, des informations ont circulé dans la presse par rapport au départ du parti SADI de la Mouvance présidentielle. Un communiqué signé des présidents du parti SADI et de l’ADP-Maliba est venu renforcer cette thèse. Aujourd’hui, la rupture est définitivement consommée. Pour cela, le président du parti SADI était face à la presse le mardi 25 octobre à leur siège. Il était accompagné pour la circonstance de certains élus nationaux du parti.
Au cours de cette conférence de presse, le président du parti, Dr. Oumar Mariko a fait sans détour l’historique des liens qui ont uni son parti à la mouvance présidentielle.
Après le premier tour de la présidentielle de 2013, le SADI a été sollicité par les deux candidats pour un appui au 2ème tour. Il s’agissait des candidats IBK (RPM) et Soumaïla Cissé (URD). Après consultation de la base, le Bureau politique a appelé à voter Ibrahim Boubacar Keita.
Après l’élection d’Ibrahim Boubacar Keita, il a organisé une rencontre à son domicile à laquelle le Secrétaire Général du parti (candidat du parti) a participé. Le premier Gouvernement Oumar Tatam Ly a été formé sans consulter le parti SADI. Une fois installé, le Premier Ministre Ly a proposé de rassembler la majorité présidentielle autour d’un programme dit ” contrat de législature”.
Une première monture de ce document avait été soumise à l’appréciation des partis de la mouvance présidentielle. Ainsi, le parti SADI avait apporté des amendements qui pour la plupart ont été pris en considération dans la version finale. Toutefois, dira le président du parti, ”nous avons rejeté ce contrat de législature car il indiquait que le nombre de députés pour former un groupe parlementaire passait de 5 à 10 députés. Le SADI a fait remarquer qu’l s’agissait d’une prérogative dévolue à l’Assemblée Nationale et que c’était un manquement grave de vouloir y interférer. Les contacts du Premier Ministre Ly étaient cordiaux et emprunts de respect mutuel.
Quant au second Premier Ministre Moussa Mara qui a rendu une visite de courtoisie au siège de SADI après sa nomination, son Gouvernement a été, une fois de plus, constitué sans consulter le parti SADI.
Ce dernier aussi avait pris l’initiative de constituer une plate-forme dite ”Convention pour la Majorité Présidentielle” dont il se considérait d’ailleurs comme le chef de file. A la réception du document, le parti SADI avait suggéré des amendements pour prendre en compte la conception du changement. Malheureusement, le RPM avait entre-temps retiré l’initiative à Moussa Mara. Leurs observations n’ayant pas été prises en compte, d’où l’abstinence du parti SADI de signer.
Ainsi, SADI s’est retrouvé dans une position où la CMP ne lui consultait pas parce que n’étant pas membre et le parti ne se reconnaissant pas dans l’opposition VRD. Et le Groupe parlementaire du parti a été expulsé des bureaux qu’il occupait à l’Assemblée Nationale.
Un pôle de gauche pour apporter le changement
Le Premier Ministre Modibo Keita n’a pas aussi daigné répondre à une correspondance des députés du SADI sur la situation du conflit ouvert entre population le long de la forêt de Sama (commune de Fakola). A aucun des réaménagements ou remaniements du Gouvernement Modibo Keita, le SADI n’a été consulté.
Après les élections législatives (2013-14), le parti SADI avait entrepris des échanges avec le BNP du RPM pour la formation d’un pôle de gauche qui portera le changement pour lequel le Président IBK a été élu. Une vision de ce pôle de gauche qui pouvait aboutir à un grand parti de gauche dans lequel se fondraient les autres partis.
Les différentes rencontres, dans ce sens, ont débouché sur la nécessité d’élaboration d’une plate-forme politique qui servira de socle à l’union avec le RPM. Le parti SADI a fait une proposition au RPM le 14 mai 2015. Cette proposition est restée sans réponse malgré les multiples relances.
Dès le début des contacts avec ADP/MALI BA, le SADI avait adressé une correspondance au RPM pour lui signifier qu’il avait engagé des négociations avec d’autres partis pour la formation d’un bloc acquis au changement.
Ensemble le SADI, les religieux dit modérés, la société civile organisée au sein de différents mouvements, le CNDRE, le MP22, le RPM et d’autres partis ont contribué largement à l’élection du Candidat du RPM au 1er tour et ou au 2ème tour de la Présidentielle.
Ce courant politico-civile a ainsi constitué de fait la mouvance présidentielle et a suscité l’espoir de changement au sein du peuple malien. Cette mouvance présidentielle a permis d’obtenir, pour le Président Ibrahim Boubacar Keita, une majorité parlementaire très confortable. Et pour renforcer cette majorité présidentielle, le RPM a procédé au débauchage de plusieurs députés d’autres partis politiques, pour la rendre absolue.
Ayant fait le constat du manque de volonté de changement du régime Ibrahim Boubacar Keita – RPM et surtout de sa trop forte inclinaison à solliciter des solutions à l’extérieure au détriment des consultations des Maliens que le SADI a décidé de rompre avec le régime du Président IBK. Une rupture qui porte sur la gestion de justice, la question du nord, l’éducation, la santé…
Aujourd’hui, reconnait le président du SADI, de 1992 à nos jours, c’est l’ADEMA qui est au pouvoir au Mali. Et toutes les divisions intervenues au sein de ce parti ont été faites sur la base de personnes et de postes. Au moment du choix du candidat lors du second tour de la présidentielle, l’appartenance de Soumaïla Cissé au FDR a beaucoup joué en sa défaveur. Pour terminer, le Dr. Oumar Mariko a prié le bon Dieu afin que le mandat du Président Ibrahim Boubacar Kéïta soit le dernier de la dynastie de l’ADEMA-PASJ au pouvoir au Mali depuis 1992.
Youssouf Sangaré