Dans le cadre de la rubrique « A vous la parole », le quotidien du ‘’Le Pays’’ a tendu, mardi 18 octobre 2023, son micro au Dr. Boureima Afo Traoré, président du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques Mali Kura (M5-RFP Mali Kura). Via cette interview qu’il a voulu nous accorder, le leader politique se prononce sur les sujets d’actualité du Mali, notamment une éventuelle candidature de l’un des colonels au pouvoir pour les échéances électorales, la gouvernance sous la période transitoire, le report des élections, le processus de rétrocession des emprises aux FAMa par la Minusma…
Le Pays : depuis quelques temps vous assurez la présidence tournante du M5-RFP Mali Kura. D’abord, comment les choses se passent présentement, est-ce qu’on peut dire que tout va bien au sein du mouvement ?
Dr. Boureima Afo Traoré : il n’y a pas eu de problème au sein du M5-RFP Mali Kura depuis sa création à nos jours. Le M5-RFP Mali Kura fonctionne normalement. Me poser cette question sous-entend qu’il y a un problème à l’intérieur ou quelque chose. Il n’y a jamais eu de problème et le M5 fonctionne normalement. Dans une organisation de ce genre, il y aura un problème lorsqu’il n’y a pas de règlement intérieur. Nous avons déjà un règlement intérieur qui est là.
Le mercredi 23 août dernier, le président sortant, Modibo Sidibé vous a passé le flambeau de cette présidence tournante en disant ceci : « Le mouvement se prépare à être une force politique pour participer aux élections de fin de transition ». Etes-vous dans cette logique ?
Nous sommes bien sûr dans cette logique. En fait, nous sommes discrets au M5-RFP Mali Kura. Nous ne pouvons pas nous prononcer sur ça tant qu’on n’a pas fini ce projet qui continue. Nous sommes là-dessus. Si tout va bien, nous allons bientôt saisir les journalistes par rapport à une probable candidature unique du M5-RFP Mali Kura.
En tant que président du M5-RFP Mali Kura, comment avez-vous vu l’annonce du report léger de l’élection présidentielle ? Est-ce qu’on peut dire que le gouvernement a eu tort ou raison en annonçant une telle décision ?
Nous avons fait un communiqué par rapport à cette tentative de report des élections. Nous nous disons qu’il s’agit d’une tentative de report. Quand on reporte une élection, on donne une nouvelle date. Nous avons fait un communiqué en disant qu’il serait mieux de concerter l’ensemble des Maliens. Le Mali nous appartient tous. Nous sommes tous des acteurs principaux et sommes obligés de se rassembler pour des questions concernant ce pays. On n’a que le Mali qui nous unit. On n’a pas un autre pays. C’est pour cette raison qu’il faut une large concertation de toutes les forces vives de la nation pour gérer un pays. Parce que ce report n’est pas une question personnelle. Nous croyons fermement et faisons confiance en nos autorités qui respecteront leurs engagements vis-à-vis des Maliens. Nous disons qu’il n’est pas encore trop tard pour les autorités de revenir sur leur pas en rassemblant les Maliens autour de cette question sensible de la vie politique au Mali. Nous avons condamné ce report et estimons qu’il faut penser aux forces vives de la nation. Aujourd’hui, le Mali traverse un moment difficile. Seule l’union pourra sauver ce pays.
Pourriez-vous dire que le pays est sur la bonne voie aujourd’hui, est-ce que les maux (corruption, favoritisme…) pour lesquels IBK a été combattu ont été enrayés sous cette ère transitoire ?
Répondre à cette question nous amène à parler des objectifs de la création du M5. Le M5 a été créé pour combattre un certain nombre de fléaux qui minaient notre société. A notre niveau, nous allons juger la transition à la fin de la transition. Mais déjà, nous avons une position claire depuis la création de la nouvelle direction du M5 Mali Kura. Nous soutenons la transition dans les bonnes actions. Nous avons félicité les autorités pour l’acquisition des matériels de guerre par les FAMA. Mais nous décrions s’il y a des actions qui vont à l’encontre de nos objectifs. Nous proposons de solution aussi. Aujourd’hui, nous nous pensons Mali et agissons Mali. En ce qui concerne le Mali, on est obligé d’y participer. On ne peut pas nous empêcher de ne pas parler de notre vie et nation. Nous sommes une partie prenante. Qu’on le veuille ou pas, nous sommes obligés de nous prononcer sur des sujets nous concernant. Nous sommes maliens et voudrions que les choses se passent normalement.
Quel regard portez-vous sur le processus de rétrocession des emprises aux FAMa par la Minusma ? Doit-on continuer sur cette lancée ou priviligier le dialogue par la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale ?
D’abord, le M5-RFP Mali Kura félicite et soutient l’armée malienne. Je dis bien l’armée malienne. Nous soutenons l’ensemble des porteurs d’uniforme qui se sacrifient pour le Mali. Il faut impérativement que toutes les emprises soient rétrocédées aux Forces armées maliennes. Il le faut. On n’a pas le choix et il faut impérativement rassembler les Maliens autour de cela. L’armée a besoin du soutien de tous. Aucune action ne doit faire en sorte que les Maliens se divisent. Une nation qui parle le même langage est capable de surmonter les défis. Nous remercions les FAMa pour les efforts qu’elles déploient afin d’avoir une main mise sur les emprises. Nous présentons nos condoléances à la famille des victimes civiles et militaires. L’armée malienne a le soutien de l’ensemble des Maliens. Nous avons tous intérêt à ce que l’armée malienne triomphe. On n’a pas le choix. Mais sauf qu’il faut faire la différence entre l’armée et les autorités de la transition. L’armée est différente des 5 colonels. Cela est clair et net. L’armée est une institution. Elle est républicaine et est là pour nous sécuriser. C’est comme la santé et autre domaine. L’armée est en train de jouer son rôle. Il ne faut pas qu’on fasse l’amalgame entre l’armée et les autorités de la transition. L’armée est gérée par les autorités de la transition mais elle n’est pas les autorités de la transition. Ce sont eux qui gèrent l’armée, tout comme d’autres domaines.
Une éventuelle candidature de l’un des 5 colonels au pouvoir pour les échéances électorales peut-elle entrainer la tenue des élections non-transparentes et crédibles ?
Nous respectons et croyons aux autorités de la transition. Nous estimons qu’elles vont respecter leurs engagements. La charte de la transition est encore là. Allez-y faire un tour pour voir ce que dit la charte. La charte parle de ceux qui sont éligibles et non-éligibles. Que chacun respecte ses engagements. Je ne saurais faire trop de calculs par rapport aux questions de droit. Je m’en tiens à la charte.
Des derniers mots ?
L’heure n’est pas à la désunion. Il serait important que l’ensemble des Maliens se rassemblent autour de l’essentiel qui est le Mali. Une seule personne ne peut faire en sorte que ce pays émerge. Aucun enfant ne doit être oublié. C’est l’union qui fait la force et nous avons tous nos mots à dire. Nous avons tous intérêt à ce qu’on se rassemble. Chacun doit jouer son rôle et être considéré.
Réalisée par Mamadou Diarra
Source : LE PAYS