Dans un document dont nous avons pu nous procurer d’une copie, traitant la presque totalité de tous les paramètres de la grave crise qui menace les fondements existentiels de notre pays, le président de l’Alliance démocratique du peuple malien (Adepm), Dr Aboubacar Sidick Fomba s’attaque aux causes profondes de celle-ci ainsi que ses ramifications.
Selon lui, il convient d’apporter des éclaircissements aux propos du général français Jean Bernard Pinatel qui, dans une déclaration récente, a dégagé la position de la France par rapport à la question de l’avenir du nord de notre pays. Selon le président de l’Adepm, cette prise de position confirme la responsabilité et la complicité de la France dans les génocides au Mali et l’aggravation de la crise sécuritaire actuelle. Car, dit-il, aux termes de l’accord de défense militaire entre la France et le Mali, la France est le seul pays qui détient la responsabilité des opérations militaires au Mali. S’y ajoute le rôle et la place qu’occupe la France au sein du Conseil de sécurité des Nations-Unies dans la résolution de la crise au Mali ainsi que dans la crise du centre qui est la continuité de la celle du Nord. « Considérant la tenue de propos incendiaires tenus par les médias Français et les propos du général Jean Bernard Pinatel tendant à encourager, à soutenir et à entretenir un conflit inter-ethnique entre des populations vivant ensemble depuis des siècles. Considérant l’imposition de la signature de l’accord d’Alger dans un contexte d’impuissance de notre pays et pendant que l’armée française empêchait l’accès de Kidal à notre armée. Considérant que cet accord d’Alger porte les germes de la partition de notre pays. Considérant, le mutisme de la France face à la fête d’indépendance de l’Azawad, le 6 Avril de chaque année depuis 2012. Considérant la complicité de la France dans la tuerie des préfets et Sous-préfet et des soldats maliens lors de la visite du premier ministre Moussa Mara et sachant bien que l’armée Malienne avait totalement le contrôle de Kidal. Considérant enfin la pression de la France sur l’ancien président ATT à recevoir des rebelles venus de la Libye avec armes et bagages. La responsabilité de la France dans la crise malienne ne fait l’ombre d’aucun doute, partant elle assume l’entière responsabilité des crimes au Mali », a-t-il laissé entendre.
Interpeller la France pour génocide au Mali
À la lumière de cette responsabilité de la France, il a invité nos autorités à répondre et interpeller la France pour génocide au Mali. « Partant, nous demandons au peuple Malien d’organiser une marche de protestation contre la France à travers sa complicité et son incapacité à faire face à ses responsabilités devant les Nations-Unies dans la résolution diligente de la crise au Mali. Aussi, en demandant la présence de toutes les puissances composant le Conseil de sécurité pour venir en aide au Mali en tant que pays souverain et membre des nations unies », a-t-il proposé.
S’agissant de la cette nouvelle génération d’homme politique au Mali, il a été formel : « La politique n’est pas une activité de survie pour ses animateurs, mais une activité de construction et de développement de son pays ».
A le croire, la politique est une activité très sérieuse raison pour laquelle elle est définie comme étant la conquête et l’exercice du pouvoir soutenue par une vision et un programme dans le but de bien gérer les affaires du pays.
A ses dires, c’est sur cette base que les populations d’un pays acceptent de confier l’avenir de tout le pays à un homme où des groupes de personnes. « À ce titre, les hommes et les femmes qui animent la vie politique doivent avoir comme principales caractéristiques entre autre le patriotisme, le courage, la volonté, l’intégrité et l’intelligence de servir leur pays. La politique doit créer des emplois, donc on ne doit pas faire la politique pour avoir de l’emploi. Elle doit aussi créer la richesse, mais on ne fait pas la politique pour être riche, mais plutôt pour avoir la promotion. Faire la politique revient alors à servir son pays et faire du service une continuité. C’est également avoir la responsabilité morale et historique de contribuer au développement de son pays tout en assurant l’avenir pour les générations futures », a-t-il fait remarquer.
La nécessité de signer un accord politique pour sauver le Mali
En ce qui concerne le rôle des Forces armées et de défense dans la conduite d’un pays, il a rappelé que celles-ci ont pour rôle de protéger les personnes et leurs biens ainsi que les biens du pays. Aussi, il dira que les forces armées ont le droit de mettre fin à toute politique tendant à détruire l’avenir du pays où à dilapider les ressources du pays de quelque nature que ce soit. « Les forces armées interviennent pour la restauration de l’autorité de L’Etat sur toute l’étendue du territoire national tout en assurant la sécurité des agents des services sociaux de base. Elles constituent aussi un paravent pour toute déstabilisation ou mise en cause de l’intérêt supérieur de la nation. C’est pour cette raison que les forces armées ne doivent appartenir à aucune force politique mais peuvent avoir de la sympathie », a martelé Dr Fomba.
Pour la sortie de crise politique afin circonscrire définitivement la grave crise se secoue notre pays depuis 2012, il proposera la signature d’un accord politique pour sauver le Mali qui remplacera l’accord de gouvernance signé le 2 mai dernier. Selon lui, cet accord politique est une adhésion de toutes les forces vives de la nation.
A ses dires, cet accord visera essentiellement à surseoir à toutes les questions de réformes politiques et institutionnelles et au processus d’application de l’accord d’Alger jusqu’à la restauration de l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire national avec la présence des services sociaux de base, mettre en place une assemblée constituante restreinte composée des représentants des partis politiques et de la société civile à fin de la prorogation du mandat des députés au mois de juin, organiser une conférence nationale inclusive sous la présidence du président de la république touchant à toutes les questions relatives à la crise multidimensionnelle et toutes les relatives à la vie de la nation Malienne. Cette conférence sera sanctionnée par une feuille de route qui sera exécuté par un gouvernement restreint de 21 membres au plus, selon les compétences sans tenir compte des appartenances politiques sous la direction d’un premier ministre consensuel qui sera choisi par la conférence et nommé par le président de la République. Ensuite, il proposera de procéder à l’organisation d’un référendum pour le passage à la 4ème République qui tiendra compte de nos réalités socio-économiques et culturelles.
La conférence nationale ne mettra pas en cause la légitimité du président de la République
Et de préciser que, contrairement aux déclarations véhiculées ces derniers temps, la conférence nationale ne mettra pas en cause la légitimité du président de la République.
S’agissant du quatrième anniversaire de la signature de l’accord d’Alger, il a fait savoir que tous les ingrédients sont réunis pour que le peuple Malien rejette cet accord parce que, selon lui, un montage savamment orchestré pour la partition du Mali sous le leadership de la France. « Tout ce que nous pouvons dire c’est que cet accord d’Alger a eu le mérite de créer ou d’inventer un conflit inter-ethnique au centre du Mali ayant pour stratégie de nous faire oublier le Nord pendant que ces conflits du centre constituent une continuité de la crise du Nord. Pendant quatre ans nos ressources sont utilisées pour prendre en charge des groupes armés qui n’ont jamais été cantonnés, possédant leurs armes de la plus belle manière exigeant le payement de cautions pour la présence des plus hautes autorités sur notre territoire commun. S’y ajoute quatre ans de violation dudit par les groupes armés à travers l’organisation de la fête d’indépendance de l’Azawad sans être inquiété ni par la France, ni par la communauté internationale encore moins par les autorités maliennes », a-t-il déploré.
Quant à l’accord politique de gouvernance, il estime que cet accord sème la confusion dans la gestion politique du pays. De sa lecture, cette situation ramène notre pays à une transition politique qui ne dit pas son nom comme en 2012, car lorsque les différents regroupements se partageaient le pouvoir tout en gardant leur position. « Dans cette logique, le FSD et la COFOP seront politiquement comptables du bilan de cet accord politique de gouvernance et la confirmation de la transition donne lieu à une gestion consensuelle du pouvoir. Les membres de ces regroupements qui ne partagent pas cet accord politique ont deux choix soit quitter les regroupements en question ou exclure du regroupement les partis politiques représentés dans le gouvernement conformément à la charte des partis politiques. Ainsi, cela donnera lieu à une adhésion de ces partis exclus à la majorité présidentielle, les autres garderont leur statut de partis de l’opposition », a conclu Dr Fomba.
Mama PAGA
Le Pays