Très enthousiastes, les Maliens l’étaient au début de la transition. Et pour cause ! La lutte contre la corruption et la délinquance financière prenait forme, après tant d’années de déclarations d’intention.
Avec les nombreux dossiers évoqués, disons soulevés, les Maliens croyaient pouvoir, enfin, voire la tête de ce serpent appelé corruption puisqu’on l’entendait toujours sans jamais le cerner. En d’autres termes, c’est une phase active de la lutte contre la corruption et la délinquance financière qui venait d’être enclenchée, devant donc permettre aux Maliens de savoir réellement : qui a fait quoi ? Avec quel complice ? Comment a-t-il pu le faire ? Et aussi avoir une idée nette du préjudice subi par l’Etat. Les réponses attendues ont beaucoup motivé le soutien populaire aux actions engagées au niveau de la justice par les Autorités de transition.
Mais au fil des jours, l’enthousiasme de départ est en train de céder la place au doute, voire au scepticisme. On a l’impression que la poussière ne se dissipe jamais autour des différents dossiers afin que tout le monde y voie très clair.
Des personnes, notamment des personnalités – et pas des moindres- ont été interpellées et placées sous mandat de dépôt. En termes prosaïques, ces personnes sont privées de liberté dans le cadre d’enquêtes qui semblent s’éterniser.
On avait annoncé un moment la tenue programmée d’une cour d’assises spéciale consacrée aux crimes économiques. Des informations insistantes la situaient à la fin du mois de janvier 2024 pour empiéter sur le mois de février 2024. Ce qui, évidemment, ne s’est pas réalisé.
Depuis lors, aucune date ! Les Maliens, avides d’en savoir davantage sur ce qui est réellement reproché aux uns et aux autres, notamment ceux incarcérés ou mis sous contrôle judiciaire, rongent leurs freins, las d’attendre la tenue des jugements, seuls en mesure de déterminer la culpabilité réelle de chacune des personnes incriminées. Rappelons que, malgré leur inculpation par la justice, les mis en cause bénéficient, à ce jour, de la présomption d’innocence. Qui ne pourrait être aucunement une présomption de culpabilité contraire à notre droit.
Il est donc temps, plus que temps, de passer à la phase de jugement. Non seulement pour que les mis en cause soient fixés sur leur sort, mais aussi, et surtout, que lumière soit faite en face du monde, relativement aux accusations.
En parvenant à faire juger des accusés dans le cadre des procédures de lutte contre la corruption et la délinquance financière, la Transition inscrira donc cette action en bonne place du bilan de ses réalisations et donnera ainsi espoir que la refondation du Mali ne saurait s’accommoder d’impunité et de procédures opaques.
Amadou DIARRA