Ces derniers temps, l’Algérie était au cœur de la controverse. Pourtant, certaines autorités ont la mémoire courte vu ce qui s’est passé.
Il y a moins d’un mois, l’ambassade d’Algérie était envahie. Des jeunes maliens donnaient de la voix pour dénoncer une attitude inhumaine du grand voisin algérien. Ils avaient été dépossédés de tout et livrés à eux-mêmes. Pire, c’est dans le désert qu’ils furent abandonnés face à leur destin. Ces expulsés n’ont pas caché leur frustration en réglant leur compte avec l’ambassade en question du côté de Daoudabougou.
Dénonçant ces traitements inattendus d’un supposé allié du Mali, ces expulsés ont violemment manifesté devant la représentation algérienne à Bamako. Une grogne qui a occasionné des dégâts matériels et l’arrestation de quelques manifestants par la police. Depuis la fin de l’année 2017, ces conditions ont très souvent été dénoncées par le Conseil Supérieur de la Diaspora Malienne. Hélas, les autorités n’ont finalement pas été regardantes sur cette frustration populaire afin d’agir comme il fallait.
A la surprise générale, en milieu de semaine écoulée, la ministre de la Culture était sur les écrans où elle a pleinement représenté le Mali. C’était à la 4e édition du Salon international de la créativité, où notre pays était l’invité d’honneur. Que de frustrations et de déceptions quand on voit que les autorités s’adonnent à cet exercice. Au lieu de condamner et désavouer l’Algérie, on se permet d’envoyer une ministre, non moins membre du BPN du RPM, s’afficher avec ces hypocrites de voisins. Un refus de l’invitation aurait été un message on ne peut plus clair notamment une solidarité à l’endroit des compatriotes bannis des lieux. Les expulsés ont rejoint le pays à leurs risques et périls : le soutien qu’il fallait des autorités n’a pas suivi.
Même si l’occasion fut mise à profit pour primer certains de nos artistes, le jeu n’en valait nullement pas la chandelle. D’ailleurs, la situation finit par frôler le ridicule au plan diplomatique. Dans un communiqué bien formel, le ministre malien des Affaires étrangères, Tiéman Hubert Coulibaly, aurait convoqué à Bamako, la veille, l’Ambassadeur du Mali à Alger, Naïni Touré, et le Consul malien à Tamanrasset, Abderrahmane Gala. Mais les choses changeront rapidement avec un démenti dans la foulée par les deux représentations diplomatiques concernées.
Cacophonie dont aurait bien pu se passer le pouvoir à la veille d’une tournée décisive du chef de l’Etat à Ségou. Le retour de l’ascendeur risque d’être délicat car ces expulsés restent bien des potentiels électeurs. A un moment où les candidatures s’annoncent hebdomadairement, il est évident qu’un discours autre que celui du Chef de l’Etat ne saurait séduire dans leurs rangs. Habib Sylla du HCME en sait quelque chose pour avoir demandé à la diaspora de soutenir IBK.
La question de la diaspora, notamment de l’Algérie, sera évidemment au cœur des débats. En une période préélectorale où le marigot politique est en ébullition, les postulants à Koulouba s’adonneront à cœur joie. Plusieurs activités ont déjà récupéré la question qui est loin de s’estomper au fur et à mesure qu’on s’approche du 29 juillet. Ce n’est pas caché que la diaspora désavoue plus qu’elle n’apprécie le régime en place. Exception de ces compatriotes embourbés dans des jeux d’intérêts avec leur tutelle gouvernementale.
IBK joue gros et la dernière ligne droite de son mandat ne sera pas de repos. Le simple fait que l’Algérie ne soit pas encore dans les rangs du G5 Sahel est révélateur. A bon entendeur !
Par BAMOISA
Source: nouvel horizon