Le Pays : vous êtes la présidente de la Coordination des Associations et Clubs pour la promotion des TICs au Mali (CACTIC). Dites-nous, quelle est la mission de votre Coordination.
Djénéba Sanogo : la CACTIC a pour mission la vulgarisation et l’appropriation des TICs en faveur de la jeunesse à travers des séances de formation aux outils informatiques et Internet. Nous accompagnons les jeunes qui sont à leur premier contact avec l’ordinateur jusqu’à ce qu’ils soient des formateurs à travers 16 modules. Cette formation s’étend sur 4 semestres.
La CACTIC travaille pour la promotion des technologies de l’information et de la Communication au Mali. Ce travail ne fonctionne pas avec les censures d’internet que connait le plus souvent notre pays. Quelle est votre position sur ces coupures d’internet ?
L’Internet est un droit pour tous, car il permet aux citoyens d’échanger, de s’informer, de faire des transactions financières, d’être en contact avec des collaborateurs, la famille. C’est un moyen de communication accessible à moindre coût. Chaque fois qu’il existe une censure, nous le décrions. Car cela est une entrave aux droits de l’homme. Nous rappelons aux autorités que notre pays, le Mali, a souscrit à la Déclaration universelle des droits de l’homme et à la charte africaine des droits de l’homme et des peuples du 27 juin 1981.
Si l’internet est un outil de développement, le censurer entraine un retard socio – économique.
Avez-vous déjà entrepris des démarches auprès des décideurs politiques en charge du secteur afin de protéger le droit des internautes ?
La CACTIC a protesté par courrier officiel auprès du Ministère de tutelle et de l’ARMTP contre la censure de l’Internet. Malheureusement ils n’ont pas daigné nous recevoir. Même pas une réponse.
Quelles peuvent être les impacts de ces censures sur la CACTIC qui se bat pour la promotion des TICs ?
Avec cette censure, c’est une entrave pour nos onze associations. Savez-vous que cette censure empêche l’amélioration de la qualité des soins grâce à la télémédecine ? Difficile de faire un plaidoyer pour des cours en ligne (certains parmi nous n’ont pas pu valider des unités d’enseignement et rendre leur devoir, car pas possible avec le débit qui existait). Cette censure impacte négativement sur les formations en ligne, surtout en cette période de la covid-19 quand l’État demande le respect des gestes barrières dont la distanciation. Avec la censure, les jeunes seront privés de leur droit d’accès à l’information et ce sont ces politiques qui la traiteront de fainéante.
L’année dernière, vous avez organisé une vacance CACTIC. Où en êtes-vous cette année, avec la covid-19 ?
Oui avec la COVID-19, toutes les activités sont au ralenti, mais nous sommes dans les préparatifs. En raison de cette pandémie, il y a eu également des perturbations en ce qui concerne les vacances. Car les vacances CACTIC se font en présentiel, c’est-à-dire qu’il faut forcément la présence des participants pour que l’événement ait un impact.
À noter aussi que malgré la pandémie, nous faisons des activités à travers des plateformes de visioconférence. Nous avons eu à faire 5 formations à travers ces différentes plateformes. Tout ceci pour contribuer à la réduction de la fracture numérique, un moyen aussi de contribuer à l’utilisation des outils informatiques
Oui à la promotion des TIC. Mais quelle analyse faites-vous de l’utilisation faite des réseaux sociaux aujourd’hui dans notre pays ?
Les réseaux sociaux sont un moyen pour les citoyens de partager des informations partout dans le monde. Ils nous permettent de faire la promotion de nos entreprises, nos services, d’apprendre, de se former. Nous avons le e-commerce, le e-learning. D’autre part, nous assistons à la violation de la vie privée par certaines personnes animées de mauvaise volonté et pour cela nous avons des sanctions qui sont prises par des structures en la matière. Les réseaux rapprochent la famille. Ils sont conviviaux et allient l’audio à la photo.
Quelles mesures de régulation préconiserez-vous ?
Je dirai qu’il faut que les citoyens comprennent que les réseaux sociaux ne sont pas faits pour tenir des pratiques qui vont à l’encontre de notre société, on peut bel et bien les utiliser sans pour autant dépasser les limites.
Je rappelle que la CACTIC en octobre 2019 a fait une enquête sur l’utilisation de ces réseaux sociaux. Il ressort que WhatsApp serait le plus utilisé par les citoyens.
Certes il y a des mauvaises utilisations/manipulations. Et la CACTIC est là pour jouer son rôle de formation, d’encadrement de la jeunesse pour un Mali émergent.
Par F. Togola
Source: Journal le Pays-Mali